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A qui père gagne !

/ Par info psy.be / Enfants

A qui père gagne !

Si statistiquement les mères se voient toujours très majoritairement confier la garde unique de leur enfant, il est néanmoins de plus en plus fréquent dans notre pays qu'un juge confie aujourd'hui la garde exclusive des enfants au père. Cette position nouvelle est pourtant loin de rallier le consensus social, ce qui rend le défi que le père doit relever encore plus difficile…

Dépassons les préjugés et sachons que de nombreux enfants ayant été élevés uniquement par leur père sont à l'heure actuelle des adultes parfaitement épanouis, même s'ils ont vécus le drame de perdre tragiquement leur mère quand ils étaient enfants.

A cet égard, le concept de la résilience, de Boris Cyrulnik est un remarquable message d'espoir et de lucidité. Il nous indique à quel point un enfant, même quand il vit un drame terrible est capable de se développer harmonieusement, de repousser là où on ne l'attendait peut-être pas, un peu comme une fleur éclose à travers un mur de pierres.

Des enjeux différents selon les âges et selon les sexes des enfants
Le jeune enfant durant les six premières années de la vie demandera à son père d'occuper une importante fonction maternante. Elle consiste notamment à répondre aux besoins primaires de l'enfant en prenant soin de lui : le changer, le nourrir, l'habiller, lui donner son bain tout en répondant à ses besoins affectifs ! Bigre, quel défi pour un père seul à la maison ! Et ce n'est pas fini puisqu'il aura parallèlement à assumer également sa fonction paternante qui l'amènera à mettre des limites à son enfant afin que celui-ci apprenne les lois qui régissent la vie en société.

C'est bien la conjonction des fonctions maternante et paternante qui est difficile à tenir dans la durée, dans le cadre des familles monoparentales par rapport aux familles biparentales traditionnelles.
Plus tard, quand l'enfant grandira, il ira progressivement vers ce que Françoise Dolto appelait « l'autopaternage » et « l'automaternage » ; cette capacité à gérer ses besoins de manière plus autonome, sans avoir recours sans cesse, à la présence de l'adulte.

La question du sexe de l'enfant est également importante. Le garçon a besoin de la présence de son père afin de pouvoir s'identifier à lui et la fille, inversement, de celle de sa mère. Dans le contexte d'une vie avec le père comme parent unique, il conviendra d'offrir à la fille un ou plusieurs référents féminins pour asseoir son identité féminine.

Eviter certains pièges relationnels pour garder sa place de Père
Il est fondamental qu'autour du père et de l'enfant, certaines personnes de la famille ou proches puissent à certains moments venir trianguler leur relation. Les grands-parents, les oncles et tantes, les parrains et marraines de l'enfant peuvent à tour de rôle occuper cette fonction tierce, tutélaire, tellement essentielle de l'éducation afin d'éviter une relation trop fusionnelle où l'un n'existe plus sans l'autre. 

Un père, certes, mais plusieurs tuteurs d'éducation autour de l'enfant.
Néanmoins, si le rôle des grands-parents est très important pour le développement affectif de l'enfant, il convient de rester attentif au fait que chacun reste à sa place. Que ceux-ci ne deviennent pas « les parents de substitution » de l'enfant, qu'ils ne phagocytent pas la fonction de parent du père, surtout lorsque celui-ci désire l'assumer pleinement.
Ce risque est d'autant plus grand quand le père est retourné vivre avec son enfant chez ses propres parents. Pour les grands-parents c'est souvent l'occasion inespérée de pouvoir à nouveau s'occuper d'un jeune enfant. Le désir d'enfant n'a pas d'âge…

Un autre piège à éviter est celui qui ferait de l'enfant le confident privilégié de son père ou encore un substitut du conjoint manquant. Ce n'est ni la place de l'enfant, ni celle du père. Cela risquerait de créer une relation pathologique. Pour que l'enfant puisse continuer à grandir en sécurité, il est primordial que le père reste un père cadrant, structurant et clair dans sa fonction. On ne peut occuper toutes les places à la fois, même si le père a aussi un droit à l'erreur et à ne pas être parfait !

Un père mais aussi un homme à ses heures
Dans le même ordre d'idées, il importe que le père puisse conserver suffisamment d'espace pour s'épanouir dans d'autres domaines que la fonction paternelle. Il est vraiment souhaitable qu'il s'octroie des moments à lui, avec d'autres adultes, en dehors de la présence de son enfant, qu'il puisse sortir du surmenage matériel et psychologique de son statut de parent !

L'équilibre de l'enfant sera renforcé si son père est épanoui sur les plans professionnel et relationnel.
Le père a le droit d'avoir des activités et des loisirs en dehors de son enfant, d'avoir des liens affectifs et / ou sexuels avec d'autres adultes.

Le fait de pouvoir faire appel à des baby-sitters, à des aides ponctuelles afin d'assurer une partie de ses tâches dépendra bien évidemment de ses moyens financiers. Au plus ses revenus seront bas, au moins ce sera facile.
Pour l'enfant aussi, il est souhaitable qu'il puisse passer régulièrement du temps en présence d'autres enfants, d'avoir son jardin secret, une vie riche en dehors de celle de son père.

Parler de la mère absente
Quelles que soient les circonstances de la séparation d'avec sa mère, l'enfant a besoin d'entendre la vérité quant aux raisons de la situation qu'il vit. « La vérité, cela ne peut pas traumatiser un enfant, cela peut faire de la peine, du chagrin, mais cela ne peut l'empêcher de se construire » disait Françoise Dolto. Ce qui est déstructurant, c'est au contraire l'absence de mots vrais quant à la réalité de la situation. Il n'y a rien de pire, pour un enfant qui perd un parent, que de rester englué dans le doute. Lui expliquer les choses, c'est l'outiller afin d'amorcer un travail de deuil par rapport au parent manquant et de construire son identité dans la clarté de sa filiation.

Il est utile que le père puisse parler de la mère absente de l'enfant, de la présentifier par le langage, de lui montrer des photos afin qu'il ait les moyens de l'intégrer dans son histoire de sujet, surtout si sa mère n'est plus en vie. Pour forger son identité, l'enfant a besoin de pouvoir symboliser sa mère absente, en gardant d'elle une image suffisamment valorisée.

Si cette mission est trop difficile pour le père, d'autres personnes de son entourage ayant connu la mère pourraient éventuellement s'en charger.

Le rôle des intervenants sociaux
Le personnel des crèches, les gardiennes, les instituteurs ont également une mission d'accueil et de soutien par rapport à la monoparentalité ; faire confiance à la relation père-enfant plutôt que de la plaindre ou la dramatiser de manière compassionnelle. Non pas qu'il faille que les professionnels sortent de leurs rôles ou modifient leurs attitudes mais qu'ils aient le souci de l'écoute et de la bienveillance.
Si chacun tient sa place, ce sera certainement « à qui Père gagne !

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