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L'enfant dans une famille recomposée

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L'enfant dans une famille recomposée

En réponse à Mme AC. S. : « Je m'adresse à vous car mon fils Simon, 5 ans, m'inquiète au niveau de son comportement. Je vous plante le décor familial : Simon est mon deuxième enfant. Le premier à 8 ans et la dernière 2 ans. Mon mari et moi sommes séparés depuis un an. Le système de garde choisi est la garde alternée : une semaine chez papa et une semaine chez maman.
J'ai déménagé et j'ai un nouveau compagnon (qui a un fils du même âge que Simon). Les relations sont bonnes entre lui et les enfants. Mon inquiétude se situe au niveau "comportemental" : Simon ne tient pas en place. Exemples : s'il regarde la télé, il se tortille dans tous les sens; dans un magasin, il arrive qu'il saute au lieu de marcher; dans la voiture, il ne reste pas assis mais à genoux; il adore se coucher par terre pour jouer ou regarder la télé; à table, ses mains vont partout; ses activités préférées sont les puzzles et la télé !! mais pas les playmobil, légos,.. Il ne fait pas encore de sport; il a toujours sa tutute pour dormir (et même encore parfois la journée); son sommeil est calme... J'ai l'impression qu'il ne se rend même pas compte de sa "nervosité" ; mais moi parfois ça m'énerve et je crie et il en est affecté. Je ne sais pas si c'est normal…

Recomposer une famille, une affaire qui roule ?

Même si les choses se passent forcément différemment d'une famille à l'autre, lorsqu'un homme ou une femme refait sa vie avec quelqu'un d'autre après une séparation, l'enfant aura besoin de temps pour s'adapter à son nouvel environnement. Il doit d'une part avaler la pilule de la séparation pour entamer un travail de deuil par rapport au couple que formaient initialement ses parents et d'autre part découvrir un autre homme qui lui-même, dans votre situation, a un garçon du même âge ! Loin d'être tâche aisée tout cela pour un enfant de 5 ans.
Même quand les choses s'organisent plutôt bien et que les parents sont à l'écoute de leur enfant, bien souvent dans ce type de situation, il est pris dans des conflits psychiques inconscients ou conscients dont il n'ose pas parler à ses parents. Peur de mal faire, peur de faire souffrir ses parents, peurs inavouables…

Quels types de conflits psychiques peuvent être générés par une recomposition familiale ?

De manière non exhaustive, et sur base de mon expérience clinique, voici classiquement le type de conflits psychiques ou de questions obsédantes auxquels un enfant de 5 ans peut être confronté ;
- Conflits de loyauté : en acceptant de rentrer en relation avec un autre homme que mon père et pire encore en m'y attachant, ne vais-je pas générer de la souffrance chez celui-ci ?
Autrement dit, mon père ne risque-t-il pas de m'en vouloir ou de me rejeter si je donne une place affective à cet autre homme ? Ne serais-je pas déloyal vis à vis de mon père en devenant proche de cet homme, même si ma mère l'aime ?
- Conflits d'identification : Généralement, un garçon s'identifie à son père pour grandir et tout d'un coup voilà qu'un autre modèle identificatoire se présente à lui, le nouveau compagnon de sa mère. L'enfant capte très vite les différences fondamentales entre les deux hommes et cela peut réellement remettre en questions ses certitudes et créer un profond sentiment d'insécurité. Il ne sait plus très bien qui il est, à qui il a envie de ressembler, à quel modèle il doit s'identifier.
- Conflits liés à l'ambivalence des émotions et des sentiments : l'enfant est souvent prisonnier de ses sentiments contradictoires vis à vis de la nouvelle situation et des personnes qui recomposent sa famille. Amour et haine, joie et tristesse, envie de connaître l'autre et peur, désir et culpabilité,…
Il n'y a rien de plus humain que ces contradictions et je crois qu'il faut pouvoir les entendre et les accepter !
- Conflits liés à la nouvelle fratrie : se retrouver face à un garçon du même âge que soi, même s'il deviendra probablement un partenaire de jeu rêvé, n'a rien d'évident dans un premier temps. L'enfant se retrouve face à un miroir dont l'image renvoyée est différente de la sienne ! Il va être confronté aux différences de personnalité avec l'autre garçon et souvent se sentir inférieur sur différents aspects même s'il n'en est rien dans la réalité. Il va craindre également que cet enfant lui prenne une partie de l'amour de sa mère, qu'elle l'estime davantage et donc il peut y voir par moments un véritable rival. Evitons donc de les comparer l'un à l'autre car comparaison n'est pas raison et est même anxiogène dans ce type de situation.
Il faudra du temps et surtout des mots pour apaiser l'enfant dans ces questionnements bien légitimes pour qu'il puisse s'adapter enfin à son nouvel environnement.

Comment comprendre les attitudes de votre fils ?

Simon présente des signes de grande nervosité. Cela traduit probablement des conflits psychiques du genre de ceux que je viens d'évoquer dans le paragraphe précédent.
Il exprime beaucoup de choses par son corps et en tout cas pas mal d'angoisse.
A certains moments, cela semble vraiment partir dans tous les sens comme s'il ne pouvait pas se poser sereinement, pour le moment, autre part que dans son sommeil avec sa tétine. Autrement dit, là, il recherche l'état antérieur qu'il a connu petit et où il se sentait pleinement en sécurité. Il s'agit d'un mécanisme de défense contre l'angoisse, la régression. Cela n'a rien de dramatique mais je crois vraiment qu'il faut qu'il puisse exprimer son angoisse à quelqu'un qui l'écoute. Fait-il des cauchemars ? A-t-il les mêmes comportements quand il est chez son père ou avec ses grands-parents ? A-t-on constaté des changements à l'école ?

Est-il nécessaire de consulter un psychothérapeute?

Si ces comportements persistent ou s'accentuent, ce sera certainement une proposition à lui faire.

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