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Le suicide de Nicolette

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Le suicide de Nicolette

Donner du sens à sa mort, mettre des mots qui permettent de comprendre, d’en garder une leçon au fond du cœur, m’a paru indispensable pour aider ces enfants à digérer le drame, à grandir au-delà de cette douleur et de cette question lancinante : « Pourquoi ? »

Je me suis adressée à eux en leur racontant que Nicolette avait passé une enfance apparemment heureuse, entourée de frère et sœur et de parents aimants, qui ont divorcés quand elle avait 14 ans. Rien de bien particulier, somme toute. Elle était bonne à l’école, du moins en primaires. En secondaires, les choses se sont un peu gâtées, mais elle a fini par décrocher son diplôme d’humanités. Un parcours banal, comme tant d’autres… A quoi devraient-ils faire attention pour éviter de la suivre sur la pente dangereuse ?

Premièrement, Nicolette n’avait pas de vrais amis. Elle avait des tas de copains, qui changeaient souvent et ne la tiraient certainement pas vers le haut, mais elle n’avait aucun ami solide sur qui compter quand tout va mal, personne ne la connaissait vraiment, personne ne se rendait compte de ses doutes, de ses difficultés, personne qui ne lui était vraiment fidèle. Aux enfants je voulais expliquer qu’on peut avoir une famille qui nous déçoit, on n’en est pas vraiment responsable, mais on est responsable de sa vie sociale. Avoir des bons amis est un soutien, une véritable sécurité dans les moments difficiles. Puisse cette mort dramatique être une invitation à s’interroger sur la richesse ou la pauvreté de notre vie amicale : Est-ce que j’ai des amis fiables ? Que puis-je faire pour renforcer mes amitiés ? Est-ce que je m’occupe de mes amis autant que je voudrais qu’ils s’occupent de moi ?

Ensuite Nicolette n’avait pas d’idéal, pas de passion, comme certains ont la danse, la musique, le sport… Souvent les adolescents en souffrance arrivent à traverser des moments difficiles en se réfugiant dans leur passion, ils s’y raccrochent, s’en nourrissent et y trouvent un lieu où ils se sentent valorisés. Ici aussi, j’invite tous les jeunes à chercher et développer ce lieu refuge, où ils trouveront la force de se ressourcer et de surmonter les crises.

Nicolette n’avait pas non plus de projet. Elle ne se projetait pas dans l’avenir d’une façon un tant soit peu enthousiasmante, rien ne la tirait vers l’avant. Elle se laissait vivre au jour le jour, et donc si le quotidien devenait morose, elle ne visait pas plus loin, rien d’un peu lumineux ne lui permettait de traverser le brouillard. Tous nous pouvons imaginer un futur, le choisir, le désirer et tâcher de s’en rapprocher, poser des jalons vers ce but, cela ne dépend que de nous.

Et dans ce paysage sans balise solide, le danger s’est introduit de façon apparemment anodine : Nicolette prenant le pilule contraceptive tous les jours, des aspirines quand elle avait mal à la tête, des anti-douleurs pour ses maux de ventre, des amphétamines pour traverser la période des examens, des somnifères si le sommeil se faisait attendre, bref elle prenait des cachets pour un oui, pour un non, et tout ça lui paraissait bien normal. Comme lui a paru normal d’essayer un excitant dans une boîte de nuit, l’ecstasy, qui lui donnait « une pêche d’enfer », qu’elle a donc continué à prendre de plus en plus régulièrement et ça a été la porte ouverte à tous les autres essais de substances illicites mais tellement attirantes pour une jeune fille en manque de repères. Le mot drogue n’était jamais prononcé, elle n’y est pas entrée par la porte « habituelle », le pétard, qui alarme bien plus les adultes, mais elle y est entrée par la fenêtre ! Et personne ne s’en est vraiment rendu compte avant qu’il ne soit trop tard. La dégringolade…

Evitable ? Je ne jugerai pas l’histoire de Nicolette, elle est certainement multifactorielle, mais j’invite instamment tout ceux qui me lisent à repenser aux balises de leur vie : les vrais amis, une passion, un projet. C’est vrai que lorsqu’on est au seuil de sa vie d’adulte, on est encore très fort le produit de l’éducation qu’on a reçue (ou non…), on n’en est pas vraiment responsable, mais on est tous à même d’enrichir sa vie, de chercher des relais et des assurances.

Pour notre sécurité, pour nous aider à traverser les difficultés à venir, mais aussi tout simplement pour notre plus grand bonheur, ne restons pas isolés, cherchons à pratiquer une activité qui nous plaît et visualisons un avenir qui nous donne envie de grandir.

Marie Andersen

info psy.be -  Psychologue, Psychologue clinicien(ne), Psychothérapeute, Coach, Sexologue, Praticien(ne) bien-être

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