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Conseils de psy

Ressentis/émotions désagréables en période de confinement : comment réagir pour en ressortir plus épanoui?

/ Par Valérie Henrotte / Covid-19

Ressentis/émotions désagréables en période de confinement : comment réagir pour en ressortir plus épanoui?

Au quotidien, l'être humain désire et recherche instinctivement le bien-être. Nous nous connaissons bien et avons mis en place des routines qui nous aident à l'atteindre, à en ressentir autant que possible de manière régulière, à le conserver. Certains trouvent de la satisfaction dans le lien social avec des amis, collègues ou nouvelles connaissances, d'autres en trouveront davantage en atteignant un objectif professionnel, ou en s'occupant de leurs enfants, en allant faire leur sport habituel. Cette période de confinement peut faire naitre en nous une impression de grand vide, car la plupart de nos "routines bien-être" se trouvent à présent hors d'atteinte : nous ne pouvons plus emmener nos enfants à leurs entrainements sportifs qui leur font tant de bien, les dîners/apéros entre collègues/amis semblent bien loin derrière nous, nous ne produisons plus nos endorphines habituelles à la salle de sport et le sentiment d'utilité lié à notre activité professionnelle  peut être devenu inexistant. Notre vie est changée, sans que nous puissions avoir beaucoup de contrôle sur ce processus, et le changement engendre la peur. Objectivement, autant regarder la réalité en face : vous, moi, nous ne pourrons pas éviter ces émotions désagréables en cette période. Peur, tristesse, mal-être, nous allons devoir les traverser. La question intéressante reste : comment? Peut-on rendre cette traversée enrichissante, et au final constructive? Je vous propose ici un mode d'emploi concret, structuré et simple, à la portée de chacun :-). Il est lié à la gestion de 3 émotions de base. Il en existe davantage, mais commençons avec les bases.

1) Lorsque l'on se sent "mal", identifier à quelle émotion de base ce ressenti se rapproche le plus. Pour ce faire, observer son propre corps. En cas de PEUR, notre comportement tend vers la fuite, physique ou mentale. Je peux fuir certaines préoccupations, certaines personnes, certaines nécessités de sortie. En cas de TRISTESSE, notre comportement tend vers le repli. Je peux par exemple me taire longtemps, rester replié sur moi, allongé en alternance entre mon lit et le canapé. En cas de COLERE, notre comportement tend vers l'attaque, qu'elle soit dirigée vers les autres ou vers nous-même : juger, parler durement, serrer les dents et les machoires, se contracter avec une envie d'agressivité que l'on sent monter à la mesure de notre rythme cardiaque, qui lui, échappe davantage à notre conscience. Une fois l'émotion identifiée, vous pouvez affiner cette identification. La peur peut être précisée : Soucieux? Accablé? Tétanisé? Voici l'occasion d'affiner votre vocabulaire émotionnel :-). Exemples pour la tristesse : désespéré, affligé, blasé. En lien avec la colère : frustré, suspicieux, irrité, furieux. 

2) Une fois l'état émotionnel identifié, il est indispensable de l'accepter. Frapper quelqu'un n'est pas acceptable, être en colère l'est. Ne plus prendre soin de soi n'est pas acceptable, se sentir désespéré est non seulement ok, mais aussi normal, humain. Fuir une conversation nécessaire n'est pas constructif, par contre ressentir la peur de cette conversation est un élément précieux, c'est une info dont vous avez besoin. Donc, avant tout, ne pas se sentir coupable de ressentir une émotion désagréable. Et faire la distinction entre désagréable et négatif. Une émotion peut être désagréable, et en même temps elle véhicule TOUJOURS une information précieuse qui doit être traitée. Donc avant tout, accepter la présence de cette émotion. Elle est là, le ressenti est désagréable, mais il n'est pas là inutilement. Vous allez traiter l'info amenée, et ensuite il pourra se dissiper.

3) Comprendre la logique de l'émotion : quelle est l'info que nous devons traiter et qui est amenée par cette émotion? Pour trouver l'info, identifiez le DECLENCHEUR INTERNE de votre émotion. Celui de la PEUR est un sentiment de danger immédiat (il soit physique ou symbolique, par exemple le danger d'un coup dans un conflit violent, ou le danger de perdre l'estime de quelqu'un d'important à nos yeux). Celui de la TRISTESSE est le sentiment de perte, à nouveau physique ou symbolique (je perds un proche, ou mon sentiment d'utilité personnelle). Celui de la COLERE est la perception d'un obstacle. Je peux ressentir le confinement comme l'obstacle qui m'empêche de conserver des revenus suffisants, par exemple. Une fois ce déclencheur interne identifié, vous êtes à même de comprendre la logique de votre émotion. Ex : "Je me sens accablé. Ce ressenti est lié à la tristesse. La tristesse est liée au déclencheur interne "perte". Qu'ais-je perdu d'important? Et bien, pour l'instant, je ne vois aucun moyen de me sentir bien puisque je suis coupé de mes proches, et que c'est en général à leur contact que je me ressource, que je m'énergise, que je me sens bien. J'ai perdu mes ressources pour être bien. Ok, je comprends tout à fait la logique de mon émotion. "

4) Une fois la logique de votre émotion comprise, vous allez identifier le MESSAGE qu'elle véhicule, et qui est adressé à vous seul. Pourquoi VOUS, réagissez-vous ainsi à la situation actuelle? Car vous aurez remarqué que face aux mêmes déclencheurs, certains ressentent des émotions désagréables et d'autres beaucoup moins. Certains sont agacés, désespérés, et d'autres pas du tout. Dans les lignes qui suivent, vous allez voir une liste de besoins que l'on appelle "besoins fondamentaux". Tous les humains les ressentent un jour ou l'autre, dans une intensité différente, selon les personnes et les phases de la vie que l'on traverse. Nous arrivons ici à la CLE de la gestion des émotions. Une émotion monte, émerge, se crée, lorsqu'un de vos besoins fondamentaux est TROP mis à mal. Vos limites par rapport à la quantité dans laquelle ce besoin doit être satisfait, sont atteintes. Ce besoin n'est plus suffisamment satisfait pour vous actuellement. Parmi tous ces besoins, quels sont ceux auxquels VOUS, dans votre période de vie actuelle, êtes particulièrement sensible? Si vous pouvez en choisir 3, lesquels seraient les besoins fondamentaux qui sont actuellement un peu + mis à mal, sensibles, "mal arrosés", "mal soignés" par votre vie actuelle? Au choix : Amour, Estime de soi, Estime des autres, Bien-être (santé), Plaisir (visuel, auditif, tactile, intellectuel, autre), Respect (de soi et des autres), Liberté, Reconnaissance (dans le sens de l'inclusion, faire partie d'une entité, un groupe, une famille, etc.), Lien, Autonomie, Sens (trouver un sens à une tâche, à sa vie, etc.), Sécurité, besoin physiologique de base (manger suffisamment, dormir suffisamment, respirer qualitativement, se reproduire, boire), Harmonie, Développement. Si je reprends l'exemple de l'étape 3, je pourrais par exemple faire plusieurs hypothèses très différentes. J'ai perdu le contact avec mes proches. A quels besoins ce contact est-il lié? En quoi ce contact est-il si précieux pour moi? Qu'est-ce qu'il m'apporte? Est-ce que ce que j'apprécie le plus, ce sont de fréquents éclats de rire que j'ai avec mes collègues pendant la journée? Ou les échanges quand mes amis me racontent leur vie et que je découvre avec curiosité leur façon de penser? Est-ce le fait que je contribue à faire avancer le travail de mon organisation par ma contribution et qu'on me le fait sentir de différentes manières? Est-ce le fait qu'au travail, je ressens une ambiance bien + détendue que chez moi? Selon les personnes, l'émotion pourrait pointer un besoin de plaisir, chez d'autres, un besoin de sécurité, d'harmonie, ou encore d'estime de soi. Cette réflexion que vous allez entammer est en général le début d'un chemin, et cette route de la connaissance de soi, elle peut durer toute la vie :-). Bref, les réponses ne se trouvent parfois rapidement et de manière évidente, mais pas toujours! Lorsque vous aurez fait cette analyse autour de quelques émotions désagréables, vous allez constater que souvent, ce sont les mêmes 2 ou 3 besoins qui ressortent le + fréquemment.

5) Arrosez les besoins que vous avez sélectionnés dans l'étape 4. Prenez-en soin. Dans cette étape, à vous de déployer votre créativité. Privilégiez un moyen simple, facile à mettre en oeuvre, qui n'engage que vous, et ne coûte rien. Par exemple : pour soigner son estime de soi, bien écouter la façon dont on se parle à soi-même intérieurement, et cesser de s'insulter ou de se faire des reproches. Privilégier la compréhension de pourquoi nous agissons comme nous agissons, cultiver la bienveillance vis à vis de soi. Prendre soin de soi : se raser si vous vous sentez mieux après, s'habiller d'une façon qui vous plait même si vous restez chez vous. Vous offrir un bain parfumé plutôt que préparer un diner compliqué. A nouveau, certains trouverons facilement des exercices à commencer à pratiquer au quotidien, pour d'autres, il faudra un peu plus réfléchir et faire bouillonner la créativité. En général, discuter ces analyses, les faire avec un proche qui vous connait, facilite les choses. Il vous donnera des idées, fera des hypothèses que vous n'aviez peut-être pas envisagées. L'objectif est un plan d'action qui vous permette d'agir quotidiennement sur 1 à 3 actions simples. A vous d'en trouver de nouvelles lorsque vous aurez intégré les premières à votre vie quotidienne, de varier, d'en trouver d'autres au fur et à mesure, de diversifier les angles de soin :-)

6) Profitez des résultats. Si, suite à des émotions désagréables, vous prenez mieux soin de vous-même dans votre unicité, votre individualité, ces exercices seront agréables, et vous ne voudrez bientôt plus vous en priver. Et si vous avez besoin d'un accompagnement pour avancer plus efficacement, je reste disponible pour les consultations en ligne pendant cette période de confinement. Je vous souhaite de passionnantes analyses, découvertes, et un agréable chemin vers une meilleure connaissance de vous!