Je souhaite...

Conseils de psy

Le masque: utilisation, symbolique et thérapie

/ Par Sally Das / Moi et les autres

Le masque: utilisation, symbolique et thérapie

Le port du masque: on ne peut pas dire que cette information nous échappe, tant on en parle autour de nous!

Certains ont choisi de ne pas le porter, prêt à prendre tous les risques ou ne le supportant pas; d'autres le porte en tout temps, même dans leur voiture seul(e) afin d'éviter tout risque inutile et il y a les autres...qui se demandent que faire: le porter? Ne pas le porter? 

Les informations qui nous parviennent sont dans le flou le plus total...Le port du masque est recommandé! Recommandé...c'est vague pour certains! Conseillé donc? Okay, mais tout conseil n'est pas bon à prendre ne dit-on pas? Recommander quelque chose ne rend pas cette chose obligatoire et c'est peut-être bien normal que la population s'y perde au bout d'un moment. 

Ce masque, objet du nouveau quotidien, que nous sommes tous étonnés de porter ou d'avoir dû porter un jour... Nous regardions peut-être avec étonnement l'utilisation du masque dans les pays asiatiques où cela semble presque la norme tant bon nombre de personnes le porte régulièrement pour diverses raisons. Cela semble intégré dans leur façon de vivre. Mais dans notre vie à nous...!? 

Je ne discute pas ici du bien-fondé ou non de le porter, mais plutôt de la symbolique que le masque peut avoir pour les individus.

Plus que le port du masque, il y a une symbolique derrière celui-ci. Le masque couvre la bouche et le nez, ne laissant paraître que les yeux (quand il est bien porté, ce qui est aussi, loin d'être le cas...). Les yeux sont le reflet de l'âme dit-on, certes, les yeux peuvent sourire, ce qui va nous occasionner quelques rides dans le futur probablement! Mais mis à part nos yeux souriants, nos émotions sont masquées. 

Si nous reprenons les définitions du masque, on y trouve les éléments suivants: objet qui cache pour transformer son aspect naturel, que l'on porte pour se dissimuler, qui symbolise un rôle. N'oublions pas le rôle protecteur de celui-ci!

Le masque couvre le visage mais également les émotions. Nous ne sommes pas en période de carnaval où le masque peut être porté de manière brève et dans le but de jouer un personnage ou de s'amuser, il est perçu ici, comme un outil de protection pour soi et pour l'autre. Une protection contre l'autre qui est perçu tel un ennemi ou un danger pour soi-même et où le rapport actuel à l'autre en est modifié. 

Je pense aux séances psychologiques que nous réalisons avec le masque porté par le patient et nous-même...D'habitude, nous percevons les émotions sur le visage des patients grâce au fait que le visage est découvert et soumis à analyse. Le patient, lui aussi, peut détecter un sourire d'encouragement ou des éléments sur notre propre visage. Ici, il n'en est rien.

Parfois, il est compliqué pour le patient de nous raconter son mal-être pendant 45 minutes avec ce masque qui l'étouffe, sans parler des plus jeunes! La barrière physique de 1m50 est également accentuée par la non poignée de mains habituelle et le comportement plus distant que nous sommes obligés d'avoir afin d'éviter les contacts, qui font pourtant partie de notre travail.

Ce masque peut être symbolisé par un bâillon, un muselage qui réduit au silence, en tout cas au silence émotionnel, qui masque notre visage, nos émotions, notre personne. Le masque nous pousse parfois à parler plus fort afin que la voix ne soit pas masquée ou déformée, ce qui peut être gênant en public. Le masque force également à une politesse exacerbée, le sourire accompagnant le merci n'étant pas disponible, il faut plisser les yeux deux fois plus fort et dire un "Merci beaucoup Madame" très retentissant afin que la bienveillance soit de rigueur.

Est-ce que tout cela ne risque pas de développer un masquage des émotions post-covid ? Ne risquons-nous pas de perdre l'habitude de sourire, d'exprimer nos émotions quand celles-ci nous serons "rendues" ? Ou à l'inverse, allons-nous exprimer nos émotions d'autant plus fort en post-covid? L'avenir nous le dira...