Je souhaite...

Avec Alec Mansion - Léopold Nord, c'est le printemps sur Psy.be !

Avec Alec Mansion - Léopold Nord, c'est le printemps sur Psy.be !

Bonjour Alec Mansion, commençons par un question bien psy : « qui êtes-vous ? »

Je me définis comme un Artisan, Auteur, Compositeur qui tente d’exprimer en musique ce qu’il n’arrive pas à dire simplement avec des mots.

Vous avez donc développé ce qu’Howard Garner, spécialiste du concept des intelligences multiples appelle « l’intelligence musicale ». La musique est donc votre canal privilégié pour exprimer vos émotions et vos sentiments.

Oui, c’est exact. Je pense que de nombreux artistes sont en fait des sous doués de la communication car ils sont obligés d’utiliser un outil pour s’exprimer. Bref, un peu comme si nous avions besoin de nous compliquer la vie car on ne peut pas dire les choses simplement…

Ou alors, plus positivement, les artistes sont peut-être bien des surdoués de la communication car ils arrivent à attiser les projections et la créativité de ceux qui les reçoivent ! C’est l’interactivité dans l’art.

Que ce soit en musique ou en peinture, on peut donner une interprétation très subjective de ce qui est chanté ou peint. Par exemple, « Révolution » des Beatles composée par John Lennon, est une chanson particulièrement positive sur la vie et non-violente et pourtant quelqu’un m’a raconté un jour qu’elle correspondait parfaitement à son caractère rebelle et révolutionnaire. Chacun interprète donc les œuvres d’art à travers ses propres philtres aïe, ça c'est la filtre amoureux, comme tristan et iseult!

L’intérêt principal de mon métier de musicien consiste donc à allumer un feu qui sera nourri par la personne qui l’écoute.

Ma vraie récompense d’artiste et donc ma motivation principale consistent à voir les regards multiples et singuliers du public qui reçoit et participe à mes spectacles. 

Alec, pour qui écrivez-vous vos chansons ?

Je vous avoue qu’il y a une bonne partie de ce que je veux faire passer dans ma musique que je ne comprends pas moi-même ! Quand j’écris une chanson, je n’ai aucune stratégie de cible quelconque. J’observe la vie quotidienne et mon inconscient me propulse dans les mots et les mélodies. Je veux absolument que cela reste comme ça pour que chacun trouve sa propre raison d’aimer mes chansons.

Pourquoi la musique occupe-t-elle une place tellement importante dans notre vie quotidienne ?

Parce qu’elle agit comme déclencheur de ce qui est fermé en nous, de nos émotions, de notre vécu singulier. La musique agite notre inconscient et nos projections ! J’en suis à la fois touché et parfois cela me met mal à l’aise. Quand je vois que bon nombre d’enfants connaissent ma chanson « Bruxelles-Toulouse », je me demande si je ne fais pas intrusion dans leur vie ! Mais bon, c’est ma personnalité de voir les choses dans leur dualité ou dans leurs contradictions.

Alec, quel style musical privilégiez-vous ?

J’aime par dessus tout les Beatles et tous les compositeurs mélodiques. J'ai un respect infini pour Chopin, Rachmaninoff, Bach, Beethoven, Mozart, mais j'aime aussi les chansons très légères comme « Banana split » car elles ne comportent pas de messages « donneurs de leçons ».

Elles visent simplement à égayer le quotidien. Quand Charles Trenet chantait « Y a de la joie », au même moment les bombes tombaient sur Paris.

Et votre chanson : « Cette femme est un héros », comment est-elle née ? Vouliez-vous secouer les mecs par rapport aux inégalités Homme - Femme ?

C’est la chanson dont tout le monde me parle. Des femmes de tous âges m’ont remercié d’avoir "écrit leur vie" en 3 min 30 ou l’histoire de leur maman. Je n'ai jamais eu cette prétention !

Eh bien – au risque de vous décevoir - cette chanson est mon cri d’impuissance et de culpabilité face à la capacité qu’on les femmes à faire face au multiples contrariétés du quotidien.

« Cette femme est un héros » a été mon moyen de sortir cette culpabilité par rapport à cette réalité.Mais ça n’a rien changé. Egoïsme de l’homme ? Je ne sais pas ? Une question d’instinct ? Probablement car je suis intimement convaincu qu’un homme ne deviendra jamais une femme et inversement.Mais dire cela et ne pas faire un pas vers l’autre relèverait de l’égocentrisme le plus brutal.Je vis toujours dans l’impression que j’ai une dette morale envers la femme et qu’elle attend des mots que je n’arrive pas à lui dire.A propos des phrases que les femmes voudraient entendre de la bouche d’un homme,il existe une chanson modèle :elle s’appelle « femme libérée ».Et vous savez quoi ?elle a été écrite… par une femme ! C’est la voisine de palier du chanteur Cookie Dingler, un autre grand ami de la tournée avec qui je rechante « cette femme est un héros » qui me l’a révélé…c’est touchant et désespérant à la fois.

Oui mais alors, comment les rapports « Homme-Femme » peuvent-ils évoluer ? Votre discours est très traditionaliste !

La vraie révolution c’est l’écoute. Quand un homme peut vraiment écouter sa femme, la moitié du chemin est faite. C’est un travail surhumain pour les hommes d’apprendre à écouter et reconnaître ce que font et ce que ressentent les femmes.

Allez Alec, descendons un peu plus bas, en-dessous de la ceinture. Et l’amour mour mour ? Le cul des Belges et des Françaises n’équivaut-il pas à celui des Andalouses ?

Je ne sais pourquoi j’ai écrit cette phrase. J’ai besoin de Psy.be pour m’aider à comprendre un jour cela ! Et cela ne reflète pas le côté fleur bleue de ma personnalité qui chanterait plus volontiers du Trenet.

Je suis un rêveur romantique doublé d’un instinctif.

Alec Mansion, je vous perçois comme un homme d’amitié et de fidélité. Est-ce exact ?

Oui ! J’ai les mêmes amis depuis que je suis ado. J’ai cinq amis avec qui nous sommes à la vie et à la mort, même si on ne se voit pas régulièrement. Ils sont en moi. Ce sont les premières personnes avec qui je communique quand j’ai quelque chose de fort à partager. Ce que j’apprécie chez eux est qu’ils sont intransigeants, sans concessions avec moi, pas des « yes-men » car vous savez, dans le métier virgule des gens qui vous trouvent merveilleux et qui vous cirent les pompes, ce n’est vraiment pas cela qui manque ! Ceux-là, je les évite.

Etes-vous suffisamment dans la réciprocité avec vos amis, malgré votre emploi du temps hyperchargé ?

Non. Je ne nourris pas assez mes relations. Je me rends compte en discutant avec vous que trop souvent nos conversations tournent autour de moi. J’aimerais développer une vraie réciprocité, arriver à être plus tourné vers le vécu des autres en général et de mes amis.

Pour ma femme non plus ce n’est pas facile et cela me gêne quand quelqu’un la rencontre et lui dit systématiquement « Tiens, comment va Alec ? ».

Peut-être est parce que vous êtes célèbre Alec, une star ?

Je déteste ce mot là. Une étoile est quelque chose d’immensément loin, d’intouchable, or moi mon désir est de partager des moments vrais avec les gens dans la vie de tous les jours.

C’est pour cela que je préfère allez au Delhaize flamand du coin car là personne ne me reconnaît et que nous pouvons alors parler ensemble des bottes de poireaux.

C’est gai d’être normal avec des gens normaux. C'est la vie quotidienne qui fait naître les idées, l'autre rend triste.

Alec, votre dernier CD est composé de duos ? Pourquoi ce choix ?

J’ai toujours aimé faire de la musique en groupe. C’est comme un bon vin, cela se partage.

Quelle joie cette tournée, RFM Party 80 ! Là, je me suis rendu compte que je pouvais encore me faire des vrais potes à 50 ans. Pendant 2 ans, nous avons fait un Tour de France dans tous les zéniths avec un plateau de 15 artistes des années 80 dont Lio, Schulteiss, Mader, Cookie Dingler, Emile et Image, Desireless, Richard Sanderson, Début de soirée etc.

Toute la journée, nous vivions dans le bus et chaque soir environ 7000 personnes étaient là pour hurler nos chansons.

J’ai tellement adoré cette tournée que j’ai eu envie de la fixer physiquement sur un disque avec de nouvelles chansons (écrites avec le grain de sel de chaque artiste). Des dialogues en chanson comme dans : « tes voyages me voyagent » avec Desireless ou " Bruxelles Toulouse avec Mader". Un disque nourri de notre complicité et de notre amitié.

C’est un véritable album de route, enregistré dans nos chambres d’hôtel grâce à notre studio mobile. Un peu comme un film de vacances en famille que tu as envie de garder pour qu’il ne s’efface jamais. Oui, j’avais besoin de leur déclarer à quel point ces 2 années sur la route étaient tissées de vrais sentiments.

C’est comme si vous aviez un besoin essentiel de vivre en groupe, dans une forte proximité, Alec ?

Oui, bien vu. Je voudrais naïvement qu’il y ait un consensus affectif, que tout le monde soit d’accord.

Est-ce en lien avec votre propre histoire ?

Sans doute, je suis issu d’une fratrie de 6 enfants ayant des caractères très différents. J‘ai eu des parents très soudés mais en même temps éloignés l’un de l’autre ; une mère violoniste (sensible comme une corde de violon) et un père ingénieur (solide comme un socle en béton). Mes parents, même si ils vivaient ensemble avaient d’énormes difficultés à comprendre le monde de l’autre. Venus et Mars en plein !

C’est probablement de là qu’émane mon fantasme de « rassembler les gens », de voir dans leurs yeux une entente commune.

Voir et entendre 7000 personnes qui chantent en chœur, devant vous cela devait être franchement thérapeutique alors !

Oh que oui. Des gens qui viennent là, toutes générations confondues avec leurs problèmes, leurs tensions personnelles et qui pendant 2h30 oublient tout et ne font qu’Un avec nous, c’est franchement thérapeutique par rapport à mon histoire.

Pendant 2 ans, j’ai vu la Terre d’en haut même si j’ai aussi appris le sens du mot « blues », le sentiment profond d’être loin des siens, de chez soi, de ceux qu’on aime.