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S’exprimer par l’écriture, avec l’aide de Magali De Rijck, écrivain privé

S’exprimer par l’écriture, avec l’aide de Magali De Rijck, écrivain privé

Magali De Rijck met sa plume au service de toute personne portant en elle le besoin de s’exprimer par l’écriture, que ce soit à travers un récit de vie, un discours, un courrier ou l’écriture en atelier. 

Magali, en tant qu’écrivain privé, quel est l’objectif que vous poursuivez dans le travail que vous entreprenez avec les personnes qui viennent vers vous ?
Mon objectif principal est d’aider les personnes à s’exprimer au travers d’un écrit. Je ne suis pas un auteur, ni une thérapeute.  Un auteur ressent la nécessité de s’exprimer en son nom, or ce qui m’intéresse, c’est ce que veulent exprimer mes clients.  Quant au thérapeute, il  s’engage à aider une personne à aller mieux.  Et si le travail d’écriture « fait du bien » à celui qui l’entreprend, le contrat ne se situe pas à ce niveau-là.  Je m’engage, par une écoute bienveillante et par mes capacités à manier la langue française, à aider une personne à s’exprimer et à lui restituer un écrit qui lui ressemble.  

Pouvez-vous nous donner un exemple concret ?
Prenons le cas d’une maman qui souhaite prononcer un discours à l’occasion du mariage de son fils.  Devant sa page blanche, elle ne voit pas par où commencer.  Il y aura un public, du stress…  Elle aimerait exprimer ses émotions de manière « juste » pour elle, tout en étant bien comprise par tous.  Je reçois cette maman et elle me confie tout ce qu’elle aimerait dire, sans se soucier de la forme ni de la structure.  De mon côté, je branche mes antennes sur son l’univers.  Je perçois rapidement dans quel type d’émotion elle se trouve, je lis entre ses phrases.  Je prends des notes, je questionne un peu.  Et très vite, je peux lui livrer un texte qui lui ressemble. C’est elle qui en est l’auteur, moi j’ai juste prêté ma plume.  Au final, cette maman tiendra entre ses mains un discours solide qui lui donnera de l’assurance et diminuera son stress.   L’utilité de ce genre de service est encore plus évidente lorsqu’il s’agit d’écrire un discours pour des funérailles ou de rédiger un courrier délicat.

En fait, vous êtes un écrivain fantôme ?
Oui ! Mais je vous assure que la rencontre avec mes clients est très réelle !  J’aime aussi me définir comme « accoucheuse de mots ». Les gens savent très bien ce qu’ils veulent dire, tout est en eux.  Mais le manque de temps, d’inspiration, ou le stress, les empêchent parfois de passer à la phase d’écriture.  

Quel est votre parcours professionnel ?
J’ai enseigné le français et l’étude du milieu dans l’enseignement secondaire jusqu’en juin 2018.  Voilà déjà plusieurs années que je partage mon temps entre l’enseignement et l’écriture. Mais mener deux métiers de front, c’est sportif !  Et puis, j’avais très envie de consacrer toute mon énergie à cette aventure.  Dernièrement, j’ai dégagé du temps pour préparer cette reconversion tout en me formant à la technique de recueil de récits de vie.

Un récit de vie, c’est une biographie ?
Non, une biographie, c’est un récit vérifiable, qui tend à l’objectivité.  Un récit de vie adopte une autre approche.  Il s’agit d’une co-construction entre la personne qui raconte (le narrateur) et la personne qui recueille le récit (le narrataire).  Le narrateur peut choisir de raconter toute sa vie, ou seulement une partie.  Il peut aussi décider d’adopter un angle particulier : sa vie familiale, professionnelle, sociale,…  Le narrateur passe un contrat très clair avec le narrataire : à qui appartiennent les enregistrements, quelle est la finalité du récit, quelles sont les modalités de rencontre...

Pour quelles raisons une personne décide-t-elle d’entreprendre son récit de vie ?
Le plus souvent, elle éprouve le souhait de laisser une trace, un témoignage.  Cela peut également être le besoin de faire le point sur sa vie, ses choix, de mettre au jour les récurrences, le sens… Mon rôle est de questionner quand c’est nécessaire, de structurer les séances en fonction des objectifs poursuivis par le narrateur, de l’aider à ne pas s’égarer mais aussi de le laisser explorer ce qui remonte et qu’il n’avait peut-être pas prévu de dire.   Après les séances, je retranscris les enregistrements et ensuite, je les mets en forme.

C’est très particulier, pour le narrateur, de lire ce qu’il a raconté sur le ton d’une conversation…  De voir qu’une vie, quelle qu’elle soit, forme un tout cohérent.  C’est un merveilleux cadeau qu’on se fait à soi, et éventuellement à ses proches.

Votre travail a donc principalement pour cadre une rencontre assez intime, qui a lieu à des moments importants de la vie : une retraite, un anniversaire, un mariage, des funérailles pour les discours, un retour sur sa propre vie pour le récit de vie…  
Oui, c’est vrai, mais je prends également beaucoup de plaisir à animer des groupes en ateliers d’écriture.  Le métier de prof fait partie de mon ADN et on ne se refait pas…  Je suis toujours fascinée par la manière dont des personnes découvrent leurs propres capacités d’écriture, et émerveillée par la prise de conscience qu’ils en font.  

Comment se déroule un atelier ?
Ils se déroulent de manière très cadrée.  Le temps est limité (2h15), ce qui empêche de trop réfléchir.  Nous commençons par deux exercices d’écriture ludique en guise d’échauffement, histoire de laisser le mental au placard.  Ensuite vient le cœur de l’atelier.  Pendant 40-50 minutes, les participants rédigent un texte selon le thème de la session et des consignes très précises.  Ces dernières effraient parfois mais elles sont là pour libérer la créativité.  Ensuite, mais sans obligation, les participants lisent leur texte à haute voix et reçoivent un retour, des pistes.  Et nous terminons par un dernier petit jeu sur les mots du jour.  Au terme des sessions, les participants ont en mains un canevas qui tient la route et qu’ils pourront développer par la suite chez eux s’ils le souhaitent.  Nous sommes maximum 8 et cela se passe chez moi, autour de la table familiale, dans le calme et la bienveillance, avec du thé et des biscuits…

Beaucoup de personnes pensent ne pas être capables d’écrire… Pourquoi cette croyance ?
Nous sommes sans cesse jugés sur notre orthographe et nous passons notre vie à nous comparer aux auteurs que nous avons étudiés à l’école…  Qu’est-ce qui est important, au fond ?  On a le droit d’écrire de façon simple.  L’écriture n’est qu’une voie (ou voix) pouvant mener à l’expression de soi.   Le but, c’est que notre idée soit compréhensible pour celui qui va la lire et que l’écriture rende compte de façon juste de ce nous voulons exprimer. 

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui veut s’exprimer à travers l’écriture ?
D’abord, s’en donner le temps…  Ensuite, s’autoriser à « brainstormer » avec soi-même.  Quelle importance si le brouillon ne ressemble à rien ? Ecrire, c’est un travail d’artisan : chercher le mot adéquat, éviter les répétitions, structurer les idées… Enfin, ne pas se laisser gagner par le syndrome de l’imposteur.  Le terme « écrivain » peut tétaniser.  Mais si vous avez une idée, vous êtes déjà un auteur.  Si vous exprimez votre idée, votre émotion, ou votre histoire par écrit…  vous voilà un devenu un écrivain.  Ni plus, ni moins.

Interview réalisée par Dimitri Haikin, Psychologue, Psychothérapeute et Directeur de www.psy.be

http://laplumequigratte.be