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Conseils de psy

La psychothérapie par le jeu auprès de l’enfant

/ Par Jef Bucher / Enfants

La psychothérapie par le jeu auprès de l’enfant

Pourquoi un enfant ferait il une psychothérapie ?
On intervient auprès d’un enfant en psychothérapie lorsque celui-ci est en souffrance. Cet état de mal être est repérable chez lui par un changement comportemental significatif de type hyperactivité, agressivité, comportements violents ou au contraire renfermement sur soi. Ce changement est la traduction d’un malaise plus profond. Lorsqu’un enfant et plus précisément, un enfant de 3-12 ans en arrive là, c’est qu’il est bloqué dans son développement affectif. Les raisons de ce blocage sont toujours environnementales. L’élément déclencheur peut être un divorce, un déracinement dû à un changement d’école ou un déménagement mais cela peut aussi s'expliquer par l’arrivée d’un petit frère ou une petite sœur, un décès ou un cadre scolaire inadéquate…

Qu’est ce que le développement affectif ?
Le développement affectif c’est la maturité intellectuelle et émotionnelle d’un individu. C’est cette maturité qui nous permettra de gérer telle ou telle situation difficile tout au long de notre vie. Elle nous parle des « outils » que l’on a en notre procession pour faire face aux problèmes que nous rencontrerons immanquablement et des moyens dont on dispose pour les résoudre.

Sans une maturité affective adéquate, un enfant devenu adulte éprouvera plus de difficulté à se dégager de ces situations douloureuses.

Chaque stade du développement affectif correspond à un âge. Ainsi, la résolution de l’un permet d’accéder au stade suivant. Une fois tous ces stades passés avec succès, l’enfant peut atteindre l’adolescence et se préparer au mieux à devenir un adulte qui saura répondre présent aux difficultés relationnelles qu’il rencontrera.

Développement affectif vs comportement.
Si l’on considère le dysfonctionnement comme le problème, on ne se fie alors qu’à la surface des choses. Par exemple, en cas de rhume, le problème à résoudre n’est pas l’éternuement ni l’écoulement nasal. Il en va de même ici. Le comportement n’est que la traduction extérieur de ce que vit l’enfant à l’intérieur. Il en est le symptôme. Il est donc utile car c’est un indicateur du mal être vécu par celui-ci. C'est donc grâce à cet indicateur que nous pourrons définir où en est l'enfant dans son développement affectif et où se situe le blocage. Ainsi le travail thérapeutique à entreprendre prendra tout son sens.

Comment savoir où en est notre enfant dans son développement affectif et comment lui permettre de résoudre une difficulté grâce à la thérapie par le jeu ?
Avez-vous déjà demandé à un enfant de vous exprimer ce qu’il vit et de vous l’expliquer ?

Avez-vous déjà demandé à un enfant de vous raconter sa journée ?

Si oui, alors vous avez déjà entendu ces « j’sais pas » ou « j’sais pus » avec un regard fuyant, perdu ou qui demande qu’on le laisse tranquille.

La raison en est simple. Ces notions sont trop abstraites pour un enfant, donc inaccessibles. Pour savoir ce qu’un enfant a fait à l’école, les professionnels suggèrent des questions du type « avec qui est-ce que tu as joué ? », « qu’est-ce qui t’a le plus amusé aujourd’hui ? » Cela sollicite chez eux des sensations tangibles, des sensations corporelles qu’ils seront plus à même de contacter.

Alors, si ces questions abstraites leurs posent autant de difficultés, comment serait-il possible qu’ils puissent nous parler de leur souffrance ? (Un exercice qui, même pour un adulte, peut s’avérer compliqué).

Il m’a été dit, une fois, que « chaque tête est un monde. ». Nulle ne peut pénétrer cet univers, sans autorisation ni clefs. Un enfant ne possède pas la maturité d'un adulte dans son fonctionnement et son appréhension du monde. Voila pourquoi il est plus pertinent d'aller à la rencontre de l'enfant et de son vécu intérieur au travers d'un média qui est le sien et qu'il maitrise. Le jeu est ce média. Lorsqu’un auteur, un dramaturge, un écrivain ou un poète produit son œuvre, il s’appuie sur ce qu’il vit ou a vécu si bien que, cette production est rendue vivante et accessible à la compréhension. Il en va de même pour un enfant.

La difficulté alors, sera de décrypter le sens profond du message symbolique qui transparait au travers de cette allégorie. Une fois que celle-ci a délivré le message secret de l’enfant il devient facile de comprendre là où il se situe dans son développement affectif et d’accéder ainsi à ses souffrances les plus profondes.

Ce mal être est dépassable dans une alliance thérapeutique solide, par un travail d’équipe, une collaboration – enfant, parents, thérapeute – c’est ce que j’appelle le triangle magique. Dans cette triangulation, l’enfant se sent pris en charge et dans cette sécurité il peut de nouveau se « remettre en marche » pour arriver à la fin de sa maturation d’enfant, et rejoindre l’adolescence bien équipé.

Pour conclure, je dirais que grâce au jeu et à la faculté que les enfants ont de jouer, ils nous offrent la possibilité de découvrir ce qu’ils vivent en leur fort intérieur. Un regard averti saura comprendre le sens caché de leurs productions ludiques et à partir de là, et grâce à la symbiose du triangle magique, l’enfant pourra arriver, via l’adolescence, jusqu’à l’âge adulte avec toute la maturité nécessaire pour se sentir bien dans cette vie qui lui tend les bras.

Jef Bucher.

Bruxelles le 13 Mars 2017