Je souhaite...

Jean-Luc Fonck (Sttellla): On est toute une bande de moi-même !

Jean-Luc Fonck (Sttellla): On est toute une bande de moi-même !
Jean-Luc, nous sommes à Etterbeek dans cette taverne. C'est ton QG ? C'est important pour toi ce genre d'endroit ?
Comme je travaille beaucoup tout seul pour tout ce qui est écriture, composition, je suis des heures et des heures seul à la maison. J'aime venir ici… C'est une espèce de fidélité à un endroit, parce que, quand tu es quelqu'un de connu, qu'on voit ta tronche à la télé et que tout le monde la connaît, quand tu vas dans un endroit que tu connais, tu deviens un « peï » comme les autres ….
C'est important le contact avec des gens comme ici, sinon on risque d'être en dehors de toute la réalité…J'ai été fonctionnaire pendant des années et donc j'ai gardé l'horaire : je me lève tôt tous les jours, je travaille la journée…comme la plupart des gens.

Tout petit, j'étais à Arlon, un petit gars gentil, pas de soucis à l'école, mes parents étaient boulangers. Je rentrais de l'école, je prenais un morceau de moka, c'était mon 4-heures, j'étais un p'tit gros mais être un p'tit gros quand on est fils de boulanger, c'est bon pour la promo du magasin. C'est là que j'ai appris à être seul parce que mes parents travaillaient. Je jouais avec mes « lego » dans ma chambre…le p'tit gars gentil…quand on m'appelait pour manger, je descendais gentiment, sympa, quoi !
Et puis je regardais la télé. J'ai connu la télé très jeune « Jos Randal », « Au nom de la loi », « Des agents très spéciaux », » L'homme invisible »…

Déjà attiré par les mots ?
Moi, je voulais être curé, c'était mon truc, je trouvais que c'était une bonne place. J'étais élevé dans un collège strict donc curé, ça avait l'air cool. Tout était en place, le curé n'invente pas des masses, tout est écrit, c'est la même pièce depuis des années, donc il lui suffisait de mettre sa petite robe, son petit costume…et puis à cette époque le curé faisait partie des notables. Ca avait l'air pas mal !

Et puis finalement tu as abandonné ?
Ben oui ! Jai vu passer une fille et j'ai été comme le loup de Tex Avery, y'a des trucs qui se sont passés dans mon corps, il y a eu comme une incompatibilité. Je suis tombé amoureux d'une fille. Moi, j'savais pas que les filles existaient…j'avais mes soeurs mais c'est pas des filles puisque ce sont mes sœurs, et ma mère c'est pas une femme, c'est ma mère et quand le collège est devenu mixte, je te dis pas…ça m'a fait tripler une année.

Tu vis un bel amour pour l'instant ?
Je ne veux vivre que de grands et beaux amours. J'ai été pendant 19 ans avec Mimi et là ça fait 12 ans avec Joséphine…Je ne suis pas du genre à papillonner, ça ne m'intéresse pas. Je ne me pose pas de questions avec ça contrairement à d'autres qui pensent qu'il y a mieux ailleurs. On ne peut passer son temps à toujours tout chercher, c'est fatiguant… En plus, je n'ai pas une mémoire à retenir les prénoms ... (rires)

Et tes 1ères chansons ?
Elles sont arrivées tout de suite quand le collège m'a donné une opportunité de jouer pour un festival. J'ai fait un groupe mais je ne savais jouer de rien, pas d'instruments, on les a empruntés et puis c'était parti au 2ème concert ! J'étais fan de Slade, Alice Cooper, Deep Purple, Bowie

Tiens et l'amitié ?
Je suis un peu ours mais fidèle en amour et en amitié. On a démarré avec des copains, c'était amateur à 100%, c'était comme un hobby, aller jouer au basket…De 1975 à 1979 jamais je n'aurai pu imaginer tout ça, c'était pour le fun et donc tout le monde n'a pas pu suivre…

Un ours ?
Oui, mais nous sommes plusieurs. Ca a l'air un peu schizophrène mais pour moi le gars qui est sur scène n'est pas le même que le gars qui est à la maison, qui est en face de toi !

Ce n'est pas gênant dans la vie ?
Justement, je fais une différence réelle. Ca ne me viendrait pas à l'idée d'être excentrique dans la vie de tous les jours, ce serait spécial : t'imagines je suis en tutu sur scène ! Il y a le gars plus ou moins passe-partout et puis, il y a les autres qui font différentes activités. On est toute une bande de moi-même et ça m'arrange bien. Il y a celui qui écrit, celui qui chante, celui qui fait le manager …Y'a pleins de petits Fonck. Il y a le gros qui chante, il s'en fout. Il monte sur scène, il boit ses bières, il raconte des conneries, y veut pas entendre parler de combien ça coûte pour faire un disque, il ne sait même pas s'il va être payé. Ce qui est intéressant, c'est quand il y a un problème, il peut faire appel aux autres. C'est un peu les7 nains ! Quand j'ai un problème dans ma vie privée ou de timidité, j'appelle le gros qui chante …C'est celui que je préfère : il n'en a rien à foutre ! En fait, chacun à plusieurs facettes autant les mettre à profit quand c'est nécessaire !

A partir de quand as-tu senti que ça démarrait ?
L'originalité du style ! Mais c'était un handicap aussi. C'était tellement improbable. Comme ça n'avait jamais existé, ça ne pouvait pas exister ! C'était une nouvelle façon de voir la musique. Mais je n'ai jamais vraiment galéré. Quand ça marchait moins, je travaillais et donc pas de problèmes d'argent, de bien-être ! On s'amusait donc il n'y avait pas de rentabilité financière impérative et je ne pensais pas que ça irait plus loin. Je suis même parti en tournée au Québec sur mes congés annuels et puis il a fallu décider ! Cela a pris 14 ans.

Amuseur public, ça t'ennuie ?
Je me dis toujours que si les gens ne me prennent pas au sérieux pour toute une série de choses, c'est que c'est de ma faute, c'est moi qui ai donné la mauvaise info, j'ai tout fait pour. Quand je fais l'imbécile à la télé ou sur scène j'assume complètement mais il n'y a pas que cela…Tiens, j'ai fait un 0 zéro faute à la dictée de Balfroid. La plus grande chance en créant Sttellla, c'est de pouvoir faire ce que tu veux, il n'y a pas de règles, c'est la liberté totale : si j'ai envie de faire un tango, je fais un tango. Au départ les pistes sont brouillées et comme il n'y a pas de pistes…je suis libre contrairement à certains artistes.

Qu'est- ce qui te fait rire ?
Je suis vraiment « pipi caca ». Je pleure de rire quand, dans un restaurant, on t'amène une assiette avec des giclures brunes comme déco. Je te jure ça me fait marrer à en pleurer. Mais je ne ris presque jamais bruyamment : c'est mon corps qui se secoue.

Le mot 'psychologie' te fait peur ?
J'en ai rien à cirer. Pour moi, c'est essayer de comprendre les mécanismes des autres et de soi-même. La psycho, c'est se mettre à la place des autres en toute circonstance et ainsi les comprendre. Dans mon métier, j'essaie de me mettre à la place du public. Connais mieux les autres et comme tu en fais partie, ce sera plus facile. C'est comme la réincarnation, j'y crois pas non plus mais tant qu'à faire je me verrai bien revivre dans un caillou, un gros, pénard au fond de la mer.

On ne peut pas imaginer une vie tout le temps lisse mais je peux te dire qu'en 32 ans de Sttellla, je n'ai ni regrets ni remords.

Que dirais- tu à une personne qui lit cet article ?
Qu'il y a moyen, quoiqu'on en dise, de faire des trucs étonnants, de créer son propre univers, sa propre vie mais malheureusement il n'y a pas d'éducation à l'entreprise. Il faut oser. Sentir son potentiel.


Jean-Luc Fonck : La Bio

En 1957, le 9 mars exactement, Lucienne et René Fonck donnent naissance à Jean-Luc dans une clinique d'Arlon.
La véritable histoire, celle qui figure dans toutes les encyclopédies Rock belge, débute le 14 mars 1975. Nous sommes à l'institut Berkendael, une école aux briques tristes et aux élèves fanfarons situés à quelques pavés de la prison de Saint-Gilles. Berkendael a monté un truc un peu pompeux baptisé Transmondialmusic. Jean-Luc ne sait jouer d'aucun instrument mais il se produit quand même avec un groupe dans lequel on trouve une certaine Mimi Crofilm.
Surpris de se sentir aussi à l'aise sur les planches, Jean-Luc poursuit l'aventure en multipliant les prestations avec son groupe Sttellla. Pourquoi Sttellla ? "Parce que la bière", a-t-il déjà répondu dans un million d'interviews. Après avoir écumé les arrière-salles de café, les maisons de jeunes et de moins jeunes, les fêtes de quartiers et les quartiers en fête, Sttellla sort son premier 45 tours auto produit.

Comme vous et moi, le couple Jean-Luc/Mimi doit aussi manger. S'ils boivent beaucoup avant et après leurs concerts, les membres de Sttellla travaillent encore "normalement" pour remplir leur frigidaire. Jean-Luc et Mimi entrent dans la grande famille des fonctionnaires. Jean-Luc bossera au ministère de la Justice (normal quand on fait ses classes secondaires près d'une prison) avant de découvrir les multiples avantages des congés sans soldes renouvelables.
Dans la foulée, Sttellla repart en tournée. Sttellla est un groupe de pression (facile, facile) et commence à faire parler de lui à l'étranger : la France d'abord, le Québec et la Suisse ensuite.
Suivent alors deux années durant lesquelles le duo parcourt les routes de Francophonie dans une petite auto.

Sans prendre le temps de se reposer, Jean-Luc Fonck attaque l'écriture de nouveaux albums de Sttellla. Et il les tient les tubes. Les cartons. Le jack-pot! Les radios les matraquent, les télés invitent Jean-Luc sur tous les plateaux…
Désormais seul dans la vie, mais pas pour longtemps, Jean-Luc oeuvre en solo sur scène. Le 9 Mars 2000, pour son 45ème anniversaire, 3500 personnes sont venues déguisées pour lui faire la fête lors d'un concert plus que mémorable... Jean-Luc n'en est toujours pas revenu !
En 2002 est sorti le troisième album de Bla Bla dont les musiques sont composées par Jean-Luc... On se demande quand il se repose, puisqu'en même temps il continue à participer aux ‘‘@llumés.be'' tout en écrivant, ‘‘Mon Beau Zapping'' une rubrique hebdomadaire (et poilante !) dans le ‘‘Télémoustique''.

Jean-Luc ne compte pas se reposer... En effet, en plus des ‘‘Mon Beau Zapping'', des sketches et nouvelles chansons pour les @llumés et de ses interventions, une à deux fois par mois, dans ‘‘Le Jeu Du Dictionnaire Et La Semaine Infernale'' Il nous a offert, sous la forme d'un feuilleton dans le quotidien ‘‘La Dernière Heure'', sa première Nouvelle, furieusement surréaliste, : ‘‘Il ne pleut jamais dans les aquariums''...
Fin de l'année 2003, qui, on s'en souvient, a vu la parution du premier recueil de nouvelles de Jean-Luc , " HISTOIRES A DELIRE DEBOUT " parus chez Casterman dans la collection " C'est pour Offrir " dirigée par Philippe Geluck, excusez du peu…Un double CD/DVD intitulé – à juste titre – " DOUBLE " est également sorti, avec en audio un Best Of STTELLLA + des nouveaux titres + des nouvelles versions d'anciennes chansons, et en vidéo, un Best Of des images comprenant des ‘‘Mets Ta Ceinture'',,
Début de l'année 2005, une surprise : Jean-Luc au théâtre ! Pendant 25 représentations à guichets fermés au théâtre de la Toison d'Or à Bruxelles. " NOOOON PAS Eux ! »
Jean-Luc est en pleine tournée avec l'album « le plus beau jour de magie