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L'interview du Moi : Les hommes et leurs besoins sexuels. Rencontre avec Iv Psalti, sexologue

L'interview du Moi : Les hommes et leurs besoins sexuels. Rencontre avec Iv Psalti, sexologue

Iv Psalti, de quoi les hommes se plaignent-ils le plus par rapport à leur sexualité ?
La plupart des hommes d'aujourd'hui se plaignent d'un manque de quantité de relations sexuelles dans leur couple. C'est la première raison pour laquelle ils vont voir ailleurs. 

Quelle est la fréquence moyenne des rapports sexuels des couples de longue durée (de 15 ans et plus) ?
Un tiers de ces couples ne font plus du tout l'amour depuis plusieurs années, un tiers dit faire peu souvent l'amour au moins pour un des deux et un tiers se dit satisfait de la fréquence et de la qualité de leur vie sexuelle. 
Cela fait donc des frustrations sexuelles pour environ 60% des hommes de plus 40-45 ans et plus !
Cependant parmi eux, 10% environ sont sexophobes et se refusent donc à leur partenaire.

Pour quelles raisons vous consulte-t-on le plus couramment ?
Chez le sexologue la demande la plus courante est liée au manque de désir sexuel chez la femme, viennent ensuite les problèmes d'éjaculation précoce et les dysfonctions érectiles. 

Le manque de désir sexuel surtout chez la femme ?
Il y a environ 30 à 40 % des femmes qui sont sexophobes, qui n'aiment pas faire l'amour : désir sexuel hypoactif : DSH.
On estime aujourd'hui que 5 à 15% d'hommes fuient également la sexualité. Ces chiffres ne cessent de progresser et sont inquiétants. 
 
Le cliché qui dit que de l'homme a plus de besoins sexuels que la femme est-il encore d'actualité ?
C'est encore correct, c'est endocrinologique ; c'est lié à sa testostérone qui fait qu'il a environ dix fois plus de pulsions sexuelles que la femme. 
L'homme est conduit vers le désir sexuel par ses pulsions et la femme par la qualité de la relation. 

De quoi les hommes ont-ils peur aujourd'hui dans la sexualité ?
Ils ont des angoisses de performance. Dès que cette pensée l'effleure, l'homme débande. Messieurs, ne vous posez surtout pas la question : est-ce que je vais être à la hauteur sinon c'est foutu ! C'est la majorité des problèmes des dysfonctions érectiles. ces hommes là ont en règle générale toujours un Viagra ou Cialis en poche...

Quels sont les grands conseils que vous donneriez aux femmes par rapport à la sexualité des hommes ?
Le premier conseil est que la femme doit changer sa philosophie  de l'amour : elle doit faire l'amour avant tout pour elle et pas pour lui ! C'est la base et tant qu'elle fera l'amour pour faire plaisir à l'homme cela ne marchera pas !
Deuxième conseil pour évoluer dans sa sexualité : éveillez votre curiosité hédoniste  et troisième conseil soyez motivée ! Il faut "travailler" sa sexualité ! Dire je n'aime pas ça sans avoir au moins essayé une fois, c'est trop facile ! Osez et soyez curieuses mesdames ! Il est évidement important aussi de faire avec l'autre ce que vous aimez faire aussi. Il faut apprendre à communiquer ce que vous aimez et ce que vous n'aimez pas avec des mots justes. Ces conseils valent donc tout aussi bien pour vous Messieurs !

Quels sont les toxiques de l'amour ? La fatigue ? Le stress ? L'alcool ?
C'est parmi les couples qui aiment faire l'amour et qui le font souvent, soit 5 fois par semaine, 250 fois par an, qu'il y'a le plus de gens fatigués et stressés ! Pour eux, faire l'amour c'est justement le meilleur déstressant ! 
Le problème n'est donc pas du tout là. Ils ne font pas l'amour parce qu'ils ne savent pas comment commencer ! C'est ça le problème majeur.
Qui va lancer un message ? Quel message va-t'on lancer ? Celui-ci est-il clair ?

Qu'est qu'un message clair alors ?
Ce n'est certainement pas de dire : "à ce soir ma chérie car cela fait longtemps que l'on a plus fait l'amour". C'est le message type anti-érotique ! Je vais passer à la casserole ce soir...qu'est-ce qui m'attend !
Envoyez des messages érotiques,dans la parole en disant par exemple, tu es belle ma chérie et encore davantage dans le regard afin que l'autre y décode votre désir. 

Quel est l'impact de la déferlante pornographique sur la sexualité des couples ?
La pornographie pose surtout problème aux asexuels qui y associent tous les péchés d'Israel. En fait, cela n'a rien à voir avec les problèmes sexuels des couples. 
Elle est utilisée par la plupart des hommes qui pour se masturber ont besoin d'un support visuel, d'images ou de photos. A l'opposé, la plupart des femmes sont capables de se masturber en fermant les yeux et en se centrant sur leurs fantasmes. Cependant de plus en plus de femmes regardent des films pornographiques seules ou avec leur compagnon et c'est d'ailleurs très bon pour pimenter la sexualité du couple. 
Néanmoins, il faut bien choisir ses films afin qu'ils ne choquent pas un des partenaires. 

Certaines femmes se sentent trompées par leur compagnon qui regardent des films pornographiques...
Oui, ce sont surtout des jeunes femmes immatures sexuellement qui confondent fantasmes et réalité. 

Et que dire aux jeunes ?
Il faut leur expliquer que ce n'est pas la réalité, que ce n'est pas comme cela que l'on séduit une femme. Il faut leur dire que c'est de la sexualité bestiale qui n'a rien à voir avec l'amour. Mon avis est que dans tous les cas, ils iront voir sur internet tôt ou tard et que les filtres parentaux n'y feront rien car ils visionneront ces films chez leurs amis. 

Que pensez-vous de l'infidélité dans le couple ?
C'est une des causes majeures de consultation en sexologie. 
Chez les jeunes l'infidélité c'est tolérance zéro. Chez les plus âgés cela n'est plus une cause de divorce systématique. C'est surtout la découverte de l'infidélité qui génère de la souffrance. 
Le sexologue n'est pas un juge. Son rôle consiste à aider son patient à voir comment vivre avec ça. 
Au niveau des statistiques, aujourd'hui,  il n'y a pas plus d'hommes infidèles que de femmes. C'est plus ou moins équivalent. Il y a d'ailleurs autant de femmes que d'hommes qui mènent des vies parallèles pendant de longues années. 

Quelles sont les motivations majeures qui poussent les hommes à être infidèles ?
D'abord pour des raisons de quantité de sexualité, ensuite pour des raisons de qualité, c'est à dire de fantaisies sexuelles frustrées : dans l'ordre la fellation, le cunnilungus et puis la sodomie. Plus rarement le refus de jeux de soumission et de domination. 

Conseillez-vous aux personnes infidèles de le raconter à leur conjoint ?
Non. Surtout pas. Ce n'est pas parce que lui souffre, qu'il doit faire souffrir l'autre. Il ne faut pas rendre malheureux l'autre personne. En règle générale, l'aveu ne résout rien du tout et cause énormément de problèmes. Il vaut donc mieux se taire ou si on est incapable de le faire, de ne pas commettre d'infidélité !
Le plus grand problème dans l'infidélité est la présence de sentiments dans la relation adultérine. C'est ça qui fait mal bien davantage que l'acte sexuel. 

Que conseillez-vous aux couples asexuels ?
Je ne conseille jamais la sexualité aux couples qui ne font pas l'amour et qui sont heureux. Introduire la sexualité peut créer un déséquilibre dans ce type de couples. 
Je respecte les asexuels tels qu'ils sont mais de grâce ne traitez pas les gens qui font l'amour d'être des obsédés sexuels !
Les sexophiles doivent respecter les sexophobes et vice et versa. 

Comment aidez-vous les couples pour qui la sexualité se raréfie ?
Si cette situation convient aux deux, pas de problèmes, qu'ils continuent à raréfier leur sexualité. Si il y a un déséquilibre, c'est au plus demandeur de s'adapter au moins demandeur sinon cela s'appelle un viol. Par contre, s'ils veulent 'vraiment' une aide, je leur propose alors d'augmenter les moments intimes à partager ensemble, par exemple un bon repas aux chandelles, arrosé d'un bon champagne, dans la salle à manger à température ambiante agréable et un éclairage feutré, une musique douce et au moment où on est bien, à la fin du repas, se lever et danser un slow. Et par la suite... A 'prescrire' une à deux fois par mois, à condition bien sûr d'avoir placé les enfants chez la voisine ! Quoi encore ? Acheter ensemble des dessous sexy et des sex-toys et les utiliser (chez beaucoup, ces objets ne quittent jamais l'armoire où on les a enfermé à clef), regarder ensemble un film érotique, jouer à des jeux à gages. La liste est infinie. Mais ce qui marche le mieux c'est se regarder dans les yeux et se faire des compliments. Ah ! la magie des mots doux. Le meilleur que j'ai entendu, c'est une femme qui a dit à son homme : "Avec toi, qu'est-ce que je me sens femme !" Tout un programme...  

Est-il vrai qu'il y'a ceux du matin et ceux du soir ?
Oui c'est exact mais pour un vrai sexophile, il n'y a pas d'heure, c'est d'accord 24h/24 !

Interview réalisée par Dimitri Haikin, Psychologue, Directeur de www.psy.be.