Je souhaite...

Conseils de psy

Les différences homme – femme aujourd’hui

/ Par Dallaire Yvon / Vivre à 2

Les différences homme – femme aujourd’hui

« L’idée des états psychologiques en tant que produits de l’esprit, l’idée de la séparation du corps et de l’esprit et l’idée selon laquelle le genre n’est pas inné mais acquis et peut être modifié sont trois idées pseudo-scientifiques qui orientent la manière dont nous nous concevons en tant qu’hommes et femmes »

 

Jo Durden-Smith et Diane Desimone

Le sexe et le cerveau (1985)

 

Peu d’auteurs, en 1985, osaient s’élever contre la tendance dominante cherchant à faire disparaître toute différence sexuelle. Mais, qu’on le veuille ou non, l’androgyne, ou la gynandre, n’existe pas. Il n’existe aucun être qui serait à la fois homme et femme, qui possèderait toutes les caractéristiques masculines et féminines. Quoique égaux, les hommes et les femmes sont différents.

 

Minimiser les différences entre les hommes et les femmes peut même se révéler dangereux. Dangereux pour l’individu qui peut prendre pour une incapacité personnelle le fait de ne pas comprendre le langage de l’autre sexe. Dangereux pour les femmes qui peuvent être (et qui ont été) traitées selon des normes établies par des hommes et pour les hommes (aujourd’hui cette tendance s’est inversée). Dangereux aussi pour les hommes qui, lorsqu’ils s’adressent aux femmes, ne comprennent pas les réactions tout à fait normales des femmes à leurs paroles ou actions parce qu’ils les imaginent semblables à eux.

 

Si, depuis les années 50, la psychologie culturaliste a voulu minimiser les différences homme – femme  et traitait de sexiste ceux qui voulaient s’y intéresser, c’est que ces différences avaient souvent, par le passé, été utilisées pour asservir le sexe féminin au pouvoir masculin. Toutefois, les difficultés relationnelles des couples nous obligent à revoir cette attitude. D’après les statistiques de l’Organisation Mondiale de la Santé sur plus de 60 sociétés, environ 50 % des couples divorcent ou divorceront, et ce, surtout, lors de la quatrième ou cinquième année de vie commune. L’augmentation du taux de divorce entre 1960 et 2010 dépasse les 300 %.

 

« Reconnaître les différences homme – femme libère les individus du fardeau de la pathologie individuelle » écrit la sociolinguiste Déborah Tannen dans son livre Décidément, tu ne me comprends pas. Elle poursuit en affirmant que « Comprendre les différences qui existent entre nous nous permet d’en tenir compte, de nous y adapter et d’apprendre du style de l’autre ».

 

1. Les différences biologiques

Les hommes et les femmes sont semblables à 97,83 % : ce sont deux êtres humains, partageant les mêmes instincts et les mêmes besoins. La source des différences tient à très peu de choses : un chromosome sur 46, soit 2,17 %. Cette différence est toutefois inscrite dans chacune des cellules des êtres humains. Reléguée dans l’ombre par le mouvement féministe du siècle dernier, la psychologie différentielle des sexes refait surface depuis une dizaine d’années, grâce surtout aux récentes découvertes de la neuropsychologie moderne et de la psychologie évolutionniste.

 

Cette nouvelle science de l’homme et de la femme intègre les données de la génétique, de la biologie, de la sexologie et de la chimie, en particulier celles concernant le cerveau humain. Le cerveau n’est pas un organe mécanique, il est le siège de notre personnalité, il est notre « je ». Le cerveau est le lieu d’intégration de la culture et de la nature, la nature étant ici considérée comme un héritage génétique individuel millénaire dont on ne peut faire abstraction en une génération ou deux. Ce cerveau est fortement influencé par les hormones sexuelles, lesquelles sont à l’origine des différences au niveau de la structure du cerveau, de la latéralisation des hémisphères, de la composition et de la densité des différents lobes, cervelet et corps calleux. Ce cerveau influence aussi les aptitudes et habiletés de l’homme et de la femme, leurs aspirations et leurs priorités respectives, leur perception du monde et leurs façons d’entrer en relation et de communiquer.

 

La sexualisation du cerveau est le véritable responsable des différences qu’on observe entre les hommes et les femmes sur différents plans : les maladies tant physiques que mentales spécifiques à chaque sexe, le fait que la femme est axée sur la communication et l’homme sur l’action, les différences au niveau de l’utilisation du langage, l’espérance de vie, l’intuition féminine et la logique masculine, les réactions émotives et évidemment le comportement sexuel et génital. Les hommes et les femmes ont des difficultés à se comprendre tout simplement parce qu’ils vivent dans deux mondes différents et que, contrairement à leur croyance, ils ne parlent pas le même langage. La différence est minime (2,17 %), mais lourde de conséquences.

 

Qu’est-ce qu’un homme ? En quoi est-il différent de sa compagne ? Sans entrer dans tous les détails des spécificités masculines et féminines, voici les différences significatives mises en évidence par cette nouvelle science de l’homme et de la femme et par la neuropsychologie.

 

Les différences génétiques. Le sexe du fœtus commence à se différencier à la 6e semaine de gestation sous l’influence du code génétique de la 23e paire de chromosomes.  Le syndrome de Turner (XO) et le syndrome de Klinefelter (XXX ou XYY) confirme que le sexe de base est le sexe féminin et le sexe masculin, une spécialisation de la nature féminine pour assurer une meilleure stratégie de survie de l’espèce humaine. Pour preuve, à ma connaissance, il n’existe aucun syndrome YY ou YYY !

 

Nous savons aujourd’hui que le chromosome Y est associé à une plus grande énergie agressive, une plus grande masse musculaire et aux aptitudes visuo-spatiales. Le chromosome X, quant à lui, est relié avec la petitesse, la finesse corporelle et les aptitudes verbo-motrices. Le décodage de l’ADN nous révèlera probablement d’autres informations très riches au sujet de ces différences. Nous sommes peut-être des êtres beaucoup plus biologiques que nous n’osons le croire. À suivre ...

 

Les différences gonadiques. Les gonades masculines migrent vers l’extérieur du corps pour devenir des testicules, alors que les gonades féminines restent en place.  Peut-on y voir la raison d’un plus grand esprit d’aventure de l’homme ?

 

Les ovaires produiront tout au plus quatre cents ovules et chacun prendra vingt-huit jours pour atteindre la maturité. Les testicules, quant à eux, produisent un demi-million de spermatozoïdes aux 48 heures. Chaque ovule constitue donc un petit trésor dans le processus de la reproduction. Pourrait-on inférer de ce fait biologique le comportement plus inclusif de la femme ?

 

Aux culturalistes qui taxent ces observations de simplistes, nous répliquons que, la nature est par essence économique : « La vérité est simple et élégante, et les choses fausses sont compliquées et troubles » dit Jerre Levy.

 

Les différences hormonales. La progestérone et les oestrogènes, considérées comme des catabolisants, sont responsables de la longévité de la femme, mais aussi de sa tendance à la dépression et aux phobies. Grâce à elles, la femme supporte mieux le stress, mais son caractère subit les effets de la tension prémenstruelle. La production de progestérone en montagnes russes apprivoise la femme aux émotions, stimule son intelligence intuitive et verbale, mais semble aussi associée  aux sautes d’humeurs, à l’anorexie mentale et à la boulimie.

 

La testostérone et les androgènes, considérées comme des anabolisants, affaiblissent le système immunitaire, mais sont associés au comportement plus intrusif de l’homme. Grâce à elles, l’homme aura une intelligence mathématique et visuo-spatiale, sera plus compétitif, mais aura plus de troubles du langage, sera plus susceptible de faire des crises cardiaques ou être schizophrène, débile ou criminel. Par contre, il possède aussi plus de possibilités d’être un génie et/ou un solitaire. La testostérone est aussi reliée à l’hyperactivité.

 

Les différences anatomiques. Le corps féminin et le corps masculin sont des homologues. Aucun ne possède une structure que l’autre ne possède pas. Les différences tiennent à la répartition (forme, grosseur, densité) de ces structures et à leur influence. Chaque partie génitale possède un équivalent chez l’autre sexe, sauf que les unes sont faites pour être intrusives et les autres, réceptives. Coït signifie d’ailleurs « aller ensemble ».

 

La maturation de l’anatomie diffère d’un sexe à l’autre, à l’avantage des filles qui commencent à ramper, s’asseoir, marcher, sourire et parler plus tôt. La culture n’a rien à y voir. Ce retard des garçons se manifeste aussi dans l’acquisition de la maturité sexuelle : 12,5 ans chez les filles et 14,5 ans pour les garçons. Par contre, le garçon n ‘a pas besoin d’apprendre à orgasmer, tout simplement parce que l’éjaculation est nécessaire à la reproduction.

 

Certaines différences anatomiques sont évidentes, mais d’autres, moins apparentes, sont souvent sources de mésententes : l’acuité auditive de la femme est plus développée après la grossesse ; son olfaction est jusqu’à dix fois supérieure à celle de l’homme ; elle est plus sensible au toucher… Seule l’acuité visuelle diurne est plus développée chez l’homme.

 

2. Les cerveaux aussi sont différents

Les mesures anthropométriques du XIXe siècle n’avaient tenu compte que du poids du cerveau pour établir la suprématie de l’homme sur la femme. On sait, aujourd’hui, que c’est plutôt le poids du cerveau en rapport avec le poids du corps qui explique la supériorité du cerveau humain. De plus, comme le cerveau de la femme est plus dense, à poids égal, la femme serait 3 % plus intelligente.

 

Bien que les deux cerveaux possèdent les mêmes structures, ils présentent des différences importantes pouvant là aussi expliquer certaines différences homme – femme. Chez l’homme, l’hémisphère droit est plus développé. Cet hémisphère plutôt holistique, se spécialise dans l’expression des émotions, la compréhension, l’exécution des tâches visuelles et la perception des relations spatiales. L’hémisphère gauche est le siège de la logique, du raisonnement, de la pensée rationnelle, du langage. Oups ! Cela semble paradoxal puisque l’on croit que l’homme est rationnel et la femme, émotive. À moins que la rationalité des hommes ne soit qu’une parade pour mieux gérer leurs émotions et que les femmes savent beaucoup mieux que les hommes exploiter leurs émotions ? Pour Yanick Villedieu, l’hémisphère gauche est celui qui enfile les perles une à une dans un collier alors que l’hémisphère droit est celui qui voit le collier autour du cou.

 

Une deuxième différence réside au niveau du corps calleux, large bande médullaire blanche qui réunit les deux hémisphères et qui donne accès à l’information emmagasinée dans l’ensemble du cerveau. Ce corps calleux est 40 % plus développé chez la femme, ce qui lui donnerait un accès plus grand et plus rapide à son cerveau émotif et à son cerveau logique. En colère, une femme peut énumérer toutes les gaffes que son partenaire a faites au cours des dix dernières années… au minimum. Mission impossible pour l’homme pour qui gagner ou perdu « game is over ».

 

Une troisième différence a trait au système limbique dont l’hypothalamus est l’élément le plus important. L’hypothalamus gère quatre fonctions corporelles appelées les 4 A : l’alimentation, l’accès de fuite, l’agressivité et l’activité sexuelle. L’hypothalamus est deux fois plus gros chez l’homme. De plus, l’hypothalamus qui contrôle la circulation des hormones dans le corps aurait été fortement influencé par les hormones sexuelles avant la naissance. L’hypothalamus serait donc notre véritable organe sexuel et c’est lui qui sexualiserait notre cerveau, notre corps et, de ce fait, notre comportement sexuel et probablement l’ensemble de nos attitudes et de nos comportements. Chez l’homme, l’hypothalamus ne peut interpréter deux types d’informations à la fois tandis qu’il peut le faire chez la femme, même si celui-ci est plus petit. Concrètement, cela veut dire que le cerveau de l’homme est unifonctionnel alors que celui de la femme est plurifonctionnel, ce que l’on peut facilement observer dans la vie quotidienne.

 

En résumé, il est de plus en plus évident que le cerveau de la femme est moins latéralisé et travaille d’une façon plus globale alors que le cerveau de l’homme fonctionne de façon spécialisée et structurée. Le cerveau féminin présente une distribution plus diffuse de ses aptitudes, alors que celui de l’homme présente une distribution plus localisée de ses aptitudes. Le cerveau de la femme fonctionne comme un radar et a facilement accès à l’ensemble de ses ressources ; le cerveau de l’homme fonctionne, quant à lui, comme un télescope. Il en est de même pour la vision : la femme possède une vision grand angle et l’homme, une vision télescopique : c’est pourquoi il ne retrouve pas le beurrier que sa femme n’a pas remis à la même place dans le réfrigérateur.

 

3. Les différences psychologiques et comportementales

Il serait illusoire, et tout à fait anti-scientifique, de croire que tant de différences génétiques, gonadiques, hormonales, anatomiques et cérébrales ne puissent avoir de répercussions sur la psychologie et le comportement de l’homme et de la femme. L’homme et la femme sont égaux, certes, mais différents.

 

Nous savons depuis longtemps que la moyenne obtenue par les femmes aux sous-tests d’intelligence qui font appels aux aptitudes verbales est toujours supérieure à celle obtenue par les hommes. De même, la moyenne obtenue par les hommes aux sous-tests d’intelligence qui font appels aux aptitudes visuo-spatiales est toujours supérieure à celle obtenue par les femmes. En moyenne, parce qu’il existera toujours des différences individuelles. Mais, cela expliquerait la plus grande facilité des femmes pour la communication verbale et l’apprentissage des langues et la plus grande facilité des hommes à se retrouver dans le temps et l’espace (lire une carte géographique, par exemple). Ce qui ne veut pas dire qu’il existe une différence quantitative entre les deux intelligences, mais plutôt une différence qualitative. Et il ne faut surtout pas oublier que ces différences sont en termes de moyennes statistiques et non pas de différences individuelles.

 

De plus en plus d’auteurs osent l’affirmer. D’après Tanenbaum, il existe quatre modes de perception de la réalité : les modes physique, intellectuel, émotionnel et spirituel (dans le sens relationnel du terme). Alors que les femmes peuvent plus facilement naviguer de l’un à l’autre mode, l’homme serait plus à l’aise sur les modes physique et intellectuel. L’homme, par exemple, a des pensées tristes ou heureuses (intellectuel) et il exprime ses sentiments avec son corps (physique) : l’action est sa priorité. La femme, quant à elle, ressent la tristesse et peut même avoir des émotions, sans raison aucune, ce qui est très difficile à comprendre pour l’homme. Alors que l’homme exprime sa spiritualité de façon physique (érection de cathédrales) ou intellectuelle (théologie ou philosophie), la femme vit et décrit son expérience spirituelle de façon directe, en termes émotifs ; la relation entre elle et l’environnement est sa priorité alors que l’action sur l’environnement serait celle de l’homme. Encore faut-il faire ici une différence entre les rôles sexuels facilement interchangeables et les fonctions sexuelles liées à la nature même de l’homme et de la femme.

 

Au lieu de tenter par tous les moyens possibles de faire disparaître nos différences, ne vaudrait-il pas mieux chercher à mieux les connaître, les respecter et en utiliser les richesses au profit du couple, de la famille et de la société ? D’opposés, nos sexes pourraient ainsi devenir complémentaires, ce qu’ils sont naturellement.

 

___________________

Yvon Dallaire, est psychologue, sexologue, conférencier et auteur canadien de nombreux volumes sur les relations homme – femme : http://www.optionsante.com/yd_livres.php, dont une trilogie sur le bonheur conjugal. Il est co-créateur de la formation en psycho-sexologie appliquée (FPSA) avec le Dr Iv Psalti : http://www.formationsexologue.com, formation réservée aux intervenants en thérapie conjugale. 

 

 

Dallaire Yvon -  Psychologue

Dallaire Yvon

515-1495, Ave Roger-Lemelin - G1S 4E2 Québec
Articles publiés : 30