03.02.2016 / Par Dimitri Haikin / Enfants

Pour une durée du congé d'adoption au minimum équivalente à celle du congé de maternité !

Saviez-vous qu'en Belgique, le droit au congé d'adoption (similaire donc au congé de maternité) comporte six semaines au maximum si l'enfant, au moment de la prise de cours du congé, n'a pas atteint l'âge de trois ans, et quatre semaines au maximum si l'enfant a déjà atteint l'âge de trois ans. Si l'enfant est adopté à partir de l'âge de 8 ans, plus rien !

Cette discrimination ne favorise certainement pas l'intégration et le développement harmonieux de l'enfant dans sa famille adoptive et dans son nouvel environnement.

Un enfant adopté a déjà connu - par définition - la séparation avec sa mère d'origine. Il est donc fondamental afin de lui permettre d'asseoir sa sécurité affective de base de lui laisser le temps nécessaire pour tisser le lien d'attachement avec ses parents adoptifs. Plus encore que tout autre enfant, celui-ci a besoin de temps pour retrouver un sentiment de confiance inconditionnel vis à vis de ses parents. Il se construira dans  l'intimité de la relation mère-père-enfant nourrie de nombreuses et fréquentes confirmations affectives. Toucher, portage, calins sont en effet des ingrédients indispensables pour permettre à l'enfant d'asseoir un sentiment de confiance dans son for intérieur, soit un socle solide (l'estime de soi) qui lui permettra de développer son autonomie et d'aller sereinement vers la vie.

Pour construire son identité, l'enfant adopté aura également besoin d'un environnement de vie suffisamment stable avec des rituels bien inscrits dans "l'espace-temps" relationnel. Les temps de la "familiarisation" à la crèche ou à l'école sont très importants pour lui éviter d'être "basculé" trop vite dans des environnements qui lui sont inconnus. Françoise Dolto insistait beaucoup sur le fait de "mamaïser" ces lieux de vie afin que l'enfant s'y sente en sécurité. Cela équivaut à permettre à la maman d'y passer suffisament de temps avec son enfant afin que l'enfant perçoive de par lui-même que sa maman s'y sent elle aussi, pleinement en sécurité. C'est en somme un transfert de confiance.
Aujourd'hui, nous pouvons bien évidement élargir cette nécéssité aux papas ; papaïsons, papaïsons !

Il en relève de la responsabilité politique de préparer au mieux les adultes de demain. Aussi, nous, professionnels de l'enfance, plaidons pour la mise en place rapide d'une nouvelle législation en la matière qui soit cohérente par rapport aux besoins spécifiques des enfants adoptés et de leurs parents.

Au Royaume-Uni, le congé d'adoption est de 52 semaines, au Danemark, 46 semaines, en Finlande, 25 semaines, en Slovaquie, 22 semaines et en Espagne, 16 semaines...

Il existe un collectif de mamans qui défend :"Le congé de maternité pour tous."

La députée fédérale cdH Catherine Fonck a déposé une proposition de loi, dans ce sens, en novembre 2014.

Dimitri Haikin
Psychologue clinicien, Psychothérapeute, devenu Formateur Petite Enfance en 1995 après avoir travaillé deux ans dans un orphelinat en Arménie pour Médecins Sans Frontières.

Revoir l'émission :"De quoi je me mêle" du 03/02/16 sur RTL-TVI : De quoi je me mêle ! du 03/02/2016 (partie 1)