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Conseils de psy

Dix ingrédients pour bien vivre les relations au travail

/ Par Dimitri Haikin / Relation d'équipe

Dix ingrédients pour bien vivre les relations au travail

En tant qu’intervenant extérieur au sein d’équipes en institution ou en entreprise, je suis surpris par l’ampleur des dégâts occasionnés par le manque de tact et de bienveillance dans les rapports interpersonnels quotidiens.

Aussi, je crois vraiment qu’il est de la responsabilité quotidienne de chacun d’être attentif à sa manière d’être avec les autres.

Voici donc quelques ingrédients de base pour bien vivre en équipe auxquels je vous propose de réfléchir et de faire votre autoévaluation. Cette liste n’est évidement pas exhaustive.
 

  • Mes capacités à entrer en contact et être présent à l’autre
    Il s’agit de vos capacités à pouvoir réellement vous relier à l’autre lorsque vous communiquez avec lui. C’est aller au-delà du contact superficiel du genre : « Ca va ? Oui oui ça va » tout en continuant son chemin. Là, on n’a même pas vu l’autre en face de soi. Non, au contraire c’est vraiment avoir la volonté de s’arrêter, d’établir un contact visuel franc et de s’intéresser vraiment à ce que vit l’autre. A cet égard, on peut visualiser deux alpinistes en cordée. Pendant le temps de la rencontre, on visualise la corde qui nous relie. L’énergie circule dans cette corde. Avant d’enlever cette corde imaginaire et s’en aller, on sent et on prend la peine de vérifier si l’autre est OK. Alors on retire la corde et on clôture le temps de la relation.
    Dites bonjour à vos collègues chaque matin dans un contact vrai ! Demandez-lui sa météo du jour, sa carte du temps personnelle et vous verrez que vos relations deviendront plus riches.
  • Mes capacités d’écoute
    Il est difficile d’écouter l’autre sans avoir reçu une formation adaptée et sans avoir fait l’expérience d’avoir été écouté soi-même. Cela ne s’improvise pas. Les pièges les plus fréquents ? Conseiller, donner nos solutions, rassurer trop vite, comparer à soi, interrompre brutalement, etc,…
    L’écoute demande de la concentration, du respect et le désir de laisser l’autre se dire avec toutes ses différences. Cela demande aussi de trouver les limites « justes » pour ne pas endosser le maillot de thérapeute de son collègue
  • Mes capacités d’empathie
    C’est cette capacité d’aller rejoindre l’autre au plus près de ce qu’il vit sur le plan de ses émotions et de ses sentiments. Quand on est dans l’empathie avec l’autre, il y a quelque chose qui vibre réellement dans la relation et qui indique que nous sommes le temps d’un instant, sur la même longueur d’onde.
    Pour cela, il est essentiel de connaître la grammaire des émotions. De pouvoir ressentir, décoder, identifier et différencier chacune des émotions. Cela requiert également des outils pour développer notre intelligence relationnelle et émotionnelle.
  • Mes capacités à communiquer sans jugement
    Suis-je capable de m’exprimer en terme de « Je » plutôt qu’avec des « Tu qui tuent » ? Ai-je banni de mon vocabulaire ces adverbes qui polluent gravement les relations : « toujours », « jamais », « chaque fois », « tout le temps », etc,…
    Une règle d’or : ne jamais s’attaquer à la personne et à la personnalité singulière de l’autre mais parler précisément de la fonction et des tâches.
    Quand on se sent jugé par l’autre, soit on fuit, soit on combat et on n'avance pas dans la relation…
    Derrière chaque jugement se cache une émotion que je n’arrive pas à dire. Alors, rentrez en contact avec votre émotion, comprenez ce qui vous touche et veillez à vous adresser à l’autre sans jugement !
  • Mes capacités à rester dans la « Zen attitude »
    C’est souvent en situation de stress que nous dérapons. Il existe aujourd’hui des tas de techniques pour faire face au stress : la cohérence cardiaque, l’imagerie mentale, la visualisation positive. Cependant, leurs bonnes applications en situation de stress dépendent avant toute chose du regard que nous portons face à l’évènement. Si je dramatise, si je me victimise ou démissionne face à lui, je serai toujours perdant. Par contre, si je garde un regard positif, alors je ferai face.
    De même, il faut pouvoir relativiser et éviter d’absorber le stress de l’autre sur soi comme une éponge.
    Celui qui a une « zen attitude » aide l’équipe à surmonter les problèmes.
  • Mes capacités à parler directement à la personne plutôt que de la personne
    Ah les bruits de couloirs et les rumeurs malsaines qui y circulent. Que faut-il faire ? Détruire les couloirs ? Non, plus sérieusement souvenons-nous que toutes les grandes guerres sont nées de rumeurs. Dans un mauvais jour, en lâchant une rumeur sur un collègue, on peut faire exploser une bombe. Soyons prudent avec cela. Il est beaucoup plus sain d’aller vers l’autre et de lui parler de ce que je ressens plutôt que d’embarrasser mon collègue en lui refilant une patate chaude qu’il n’a d’ailleurs pas demandée ! Dîtes STOP à votre collègue qui colporte des rumeurs. Invitez-le à aller parler à son collègue directement et renvoyez-le vers « le test des 3 passoires » de Socrate. A imprimer au plus vite !
  • Mes capacités à accueilir les critiques
    Suis-je capable d’écouter ce que l’autre perçoit de moi, avec ses filtres à lui ? Sans le prendre comme un coup de poignard, une marque de défiance ou la vérité absolue ? Suis-je capable de me remettre en question et d’accepter que l’autre puisse ne pas apprécier l’une ou l’autre chose de moi ? Nous avons à travailler sur notre susceptibilité et notre sacro-saint besoin d’être aimé, par tous et tout le temps. Pour autant bien sûr que la critique ait été énoncée dans le respect et sans intention de nuire, elle peut nous faire progresser. En s’ouvrant à la critique, on va vers la dialectique et cela peut être très riche de découvrir qu’un autre humain puisse voir les choses autrement que moi. Quand quelqu’un formule une critique à votre égard, respirez et dites : « j’accueille ce que tu ressens » ou « j’accueille ta perception et j’y réfléchis ».
  • Mes capacités à accepter l’autorité hiérarchique
    De nombreuses personnes s’enferrent dans des relations conflictuelles avec leur chef car elles ont mal vécu l’autorité ou l’absence d’autorité parentale. Il y a parfois des immenses élastiques inconscients qui font que nous tentons au travail, avec notre chef, de régler nos comptes d’enfants envers nos parents. Du coup, toute forme d’autorité est vécue comme insupportable et on s’invente mille et une histoires qui nous pourrissent la vie. Attention, il arrive aussi que l’autorité soit vraiment inadaptée et qu’il s’agisse d’autoritarisme, là il convient évidement de se défendre.
  • Mes capacités à pratiquer un humour adapté à la situation
    « On peut rire de tout mais pas avec n’importe qui » disait Coluche. Il avait bien raison. Il est indispensable d’adapter son humour à son interlocuteur. La dérision peut être très mal vécue par quelqu’un qui doute et qui est fragile. Les taquineries peuvent faire mal et parfois même se transformer en vécu de harcèlement moral. Prenons toujours soin d’être vigilant avec l’humour et à rester vigilant.
  • Mes capacités à être bienveillant
    Notre capacité à être bienveillant avec l’autre est une valeur humaine importante. C’est cette ouverture qui vient du cœur et qui nous donne envie de partager avec l’autre, sans a priori négatif. C’est l’acceptation de l’autre tel qu’il est dans ce qui nous est similaire mais aussi dans ce qui fait de nous des humains différents. C’est l’intérêt qu’on lui porte – sans calcul - parce qu’il le vaut bien. Pour cela, il faut pouvoir vivre les relations en sortant des rivalités et des rapports de supériorité, en considérant que nous avons tous des choses à apprendre des autres.


Conclusion

On choisit ses copains mais pas ses collègues. Autant dans la vie privée, on peut choisir de renoncer à telle ou telle relation, autant dans la vie professionnelle, on a le devoir de coopérer avec bienveillance. Même s’il est naturel d’avoir des affinités sélectives avec certaines personnes et moins avec d’autres. Bien vivre les relations interpersonnelles ? La responsabilité quotidienne de chacun.