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Conseils de psy

Vivre avec une personne dépendante

/ Par Virginie Thunus / Etre ado

Vivre avec une personne dépendante

Au départ, l’envie d’aider l’autre à s’en sortir, est très forte, il existe un déploiement d’énergie important. Ensuite, voyant que les choses ne bougent pas, voir s’aggrave, on commence à s’essouffler.
Pour finir, la personne ayant un comportement destructeur pour elle-même, n’est plus la seule à souffrir, son entourage également….

La dépendance c’est quoi ?
Le comportement d’une personne addict se caractérise par l’évitement face à la souffrance. Son incapacité à supporter la douleur qu’elle soit physique ou psychique, fait qu’elle veut trouver un remède efficace et surtout rapide. Ce remède, l’individu le trouve sous la forme d’une substance ou d’un comportement. Il en devient dépendant lorsqu’il ne sait plus s’en passer sous peine de souffrir, à nouveau. S’installe alors un cercle vicieux duquel, la personne a de plus en plus de mal à sortir.

Les substituts permettant un sentiment de mieux vivre, sont nombreux ; l’alcool, le joint, la cocaïne, la nourriture et aussi les jeux d’argent, la cyberdépendance, le travail,  les relations amoureuses, Comme on peut le constater, la dépendance ne se limite pas à ingérer une substance mais il peut s’agir également d’un comportement mis en place pour enrayer un mal être et s’évader.

Lorsque je reçois des personnes dont le conjoint ou l’enfant, est addict, souvent elles m’expliquent tout ce qu’elles ont mis en place pour tenter de l’aider ; cacher les bouteilles d’alcools, l’obliger à manger ou mettre un cadenas sur le frigo, l’empêcher de sortir, lui faire des remarques…
Toutes ses attitudes sont bienveillantes et pourtant ne donnent pas le résultat escompté. Elles fatiguent, découragent et installe un climat de pression.
La pression est un des éléments qui précipite le comportement d’addiction.

Que faire dès lors ?
Dans un premier temps il est important de rediriger l’énergie vers soi. Souvent lorsqu’on a une position de sauveur vis-à-vis de la personne en souffrance, on s’oublie, on nie ses propres besoins, on s’épuise. Ce fonctionnement n’est pas « rentable ». Il est primordial d’écouter vos besoins et d’y répondre avant ceux de l’autre.

Dans un deuxième temps, je vous invite à responsabiliser votre conjoint, enfant, parent. Ce n’est pas vous qui lui mettez un pistolet sur la tempe pour qu’il agisse comme il le fait. Il est important qu’il soit conscient que c’est lui et lui seul qui décide de ce comportement, et cela même s’il le vit de manière souffrante.
Pour cela, mettez en place une forme de « conspiration du silence ». Il s’agit de ne plus faire aucune remarque au sujet du problème de l’individu. Lorsqu’il boit, ne plus lui demander de diminuer sa consommation, lorsqu’il fume un joint ne pas lui faire remarquer que c’est le 3ème de la journée, lorsqu’il ne mange pas ne pas l’obliger à manger une tartine « pour vous faire plaisir ».
En appliquant, cette stratégie vous agissez sur 2 plans. Premièrement, vous le laisser seul face à son trouble. Ensuite, vous diminuer une partie de la pression qu’il vit. Comme expliqué plus avant, une grande partie du comportement de dépendance est lié à la pression que l’individu connaît, si celle-ci est moins importante, le comportement destructeur tend à sensiblement baisser.

Aussi, vous pouvez utiliser ce qu’on appelle en thérapie, le paradoxe. Dans cette étape, il s’agit de provoquer chez l’autre une réflexion sur ce qu’il vit et fait vivre aux membres de sa famille et cela sans culpabilité et bien avec tout votre amour et bienveillance. Cela vous permet également, de libérer un peu plus d’énergie pour vous-même.
Prenons le cas d’une jeune fille anorexique, ses parents très inquiets, ont déjà tenté beaucoup de choses pour endiguer ce trouble. Ils ont consulté des médecins, obligé leur fille à manger sous peine de ne plus pouvoir sortir, ils l’ont même fait hospitalier car ils avaient peur pour sa vie. Malgré tous ces efforts, rien y fait, la jeune fille connaît toujours des épisodes d’anorexie. (Ce n’est qu’à partir du moment où toutes les tentatives de solutions ont échoué qu’il est intéressant d’utiliser le paradoxe).
Une suggestion paradoxale dans ce cas ci est de ne pas mettre de couverts pour la jeune fille. Expliquez lui également, à nouveau avec tout votre amour et non avec une intonation de défi, que vous ne savez plus quoi faire pour elle et que voir votre fille à table avec vous qui ne mange pas, ça vous fait mal. Alors vous préférez ne pas lui mettre de couverts, ne pas laisser de place à ce comportement. Il s’agit bien de faire comprendre que ce n’est pas la personne qui est incriminé mais bien son trouble.
Attention, dans ce cas de figure, il est important de se faire aider par une personne compétente dans le domaine. Le paradoxe est un outil magnifique lorsqu’il est bien utilisé mais peut-être dangereux si on en use de manière incorrecte.

Pour résumer mon propos, je vous invite à faire comme le pêcheur  qui apprend à son mendiant à pêcher. Ça met plus de temps que de lui donner un poisson tous les jours, je le conçois. Le mendiant peut se fatiguer de cet apprentissage et préférer recevoir IMMEDIATEMENT son poisson. Et pourtant, au final, le pêcheur aura rendu son mendiant INDEPENDANT de lui. Le pêcheur sera passer du statut de sauveur, en lui donnant un poisson tous les jours, à celui d’aidant en le rendant libre.

Virginie Thunus.
Psychologue.