20.10.2015 / Par Caroline Rivière / Etre soi

La psychologie positive : Etre heureux… quel travail !

Aux antipodes de la pensée positive (qui relève du développement personnel), la psycho positive est une science qui étudie le « fonctionnement optimal des personnes, groupes et organisations ». Et si, pour une fois, la psychologie s’intéressait à ce qui va bien ? Quelles stratégies, choix, perceptions, sont ceux des personnes ou groupements qui vont bien, et même qui s’épanouissent ?

Au lieu de supprimer les symptômes invalidants (TOC, dépression…), ne peut-on pas se centrer sur les ressources de la personne, et lui apprendre à puiser, parmi les méthodes de « ceux qui vont bien », ce qui fonctionnera sur elle ? Ne peut-on pas proposer une vie épanouie, au-delà d’une vie sans symptôme ?

Loin d’être rose et violette, la psychologie positive détricote les certitudes : il faut être jeune, riche, beau et en bonne santé pour être heureux ? faux. Notre bonheur dépend de notre passé et de notre contexte actuel ? faux, encore une fois. Le bonheur dépend de la chance ? faux. Tout ira mieux si je change de (au choix) : travail, conjoint, amis… ? là, c’est plus nuancé, mais pas toujours vrai.

Mettre en pratique la psychologie positive, c’est dur… le plus simple est de se laisser aller au négativisme, à la focalisation sur ce que nous ne pouvons pas changer, sur ce que les autres (qui ont soi-disant de la chance) possèdent, et que nous n’avons pas. Le négativisme, c’est facile, nous sommes en bonne partie programmés pour le percevoir.

Mettre en pratique la psychologie positive, c’est prendre la responsabilité non pas de nos malheurs et de nos échecs, mais bien de ce qu’on en fait par la suite. Il s’agit de choisir (ce qui n’est pas facile et peut demander un accompagnement psychologique) de focaliser notre attention sur ce qui est favorable et épanouissant, plutôt que sur ce qui retient naturellement notre attention : le négatif ! En outre, il s’agit aussi de concrétiser ce qui a du sens pour nous, d’avoir ce courage de connaître nos forces de personnalité et d’oser aller vers elles au quotidien. Le bonheur, c’est du bien être et du sens. Dans nos sociétés modernes, le bien être, bien présent, nous semble toujours trop peu, et le sens… n’est pas toujours au rendez-vous.

Un des messages importants de la psychologie positive est que ce qui est facile apporte peu de satisfaction : c’est pour ça que les achats et possessions sont satisfaisants… à court terme. Plus satisfaisant : les expériences, rencontres, challenges… Le développement des émotions positives est en soi un travail à part entière, avec au bout du chemin non seulement un bien être, mais aussi une amélioration de la gestion du stress et de l’efficacité des fonctions intellectuelles.

Quelle que soit notre vie actuelle, notre passé, nous pouvons être heureux. Le bonheur est une manière de percevoir le monde et d’agir dans notre zone de liberté, il ne dépend pas des autres ni de ce qui nous arrive. Si nous sommes responsables de ce que nous faisons de nos expériences, nous pouvons aussi en faire autre chose… de plus satisfaisant. La pp rappelle que le chemin est toujours plus intéressant que la destination.

Etre heureux selon la psychologie positive, ce n’est pas attendre que les ennuis cessent, que la chance apparaisse, c’est arriver à créer et profiter ce dont nous avons besoin, et cela, même au cœur des périodes difficiles.

Caroline Rivière, Psychologue et Psychothérapeute