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Conseils de psy

La sensation de déjà vu

/ Par Dimitri Haikin / Etre soi

La sensation de déjà vu

Ethymologiquement, la sensation de déjà vu ou paramnésie provient du grec para, à côté, et mnésis, mémoire, formé sur amnésis.
C'est la sensation d'avoir déjà été témoin ou d'avoir déjà vécu une situation présente, accompagné d'une sensation d'irréalité, d'étrangeté. 

Mais qu'est que c'est que la la sensation de déjà vu ?
Dans sa chanson "Déjà vu", Michel Sardou dit : "Je suis persuadé d'avoir déjà entendu avant ce soir cette chanson là. Etait-ce en rêve ou en vrai ? je sais d'avance que je savais.
Pour d'autre ce peut être la conviction d'avoir déjà vécu cette scène dans le passé ou d'avoir déjà visiter ce lieu pourtant étranger ou encore d'avoir déjà rencontré une personne comme dans une vie antérieure...

Ces sensations étranges nous perturbent car elles mêlent surprise, incrédulité, inquiétude et curiosité. 
La sensation de déjà vu est comme si nous parvenions, pour quelques millièmes de secondes, à prendre le temps de vitesse. On se sent fort, on vibre un instant, on a la tête qui tourne et on revient dans la vie normale.

Comment expliquer cette étrange sensation ?
L'étude du fonctionnement de la mémoire reste une science complexe qui est encore très loin d'avoir livrée tous ses secrets. Entre conscience et inconscience, entre rêve et réalité, les chemins de la compréhension sont longs et sinueux.
Ce que nous savons est que la mémoire est un phénomène multi-sensoriel. Nous captons les informations selon différents canaux sensoriels : visuel, olfactif, auditif et nous y associons des émotions singulières. C'est pour cette raison que d'un même événement, nous gardons bien souvent des traces mnésiques différentes. 

Les hypothèses psychanalytiques
Les psychanalystes émettent l'hypothèse que la sensation de « déjà vu » manifeste le désir de répéter une expérience passée, mais cette fois-ci avec une issue positive. 

Freud écrit qu'il s'agit de la remontée incomplète d’un souvenir refoulé, cachant un traumatisme ou un désir inacceptable pour le Surmoi. « En ce qui concerne les quelques rares et rapides sensations de déjà vu que j'ai éprouvées moi-même, ajoute Freud, (…) il s'agissait chaque fois du réveil de conceptions et de projets imaginaires (inconnus et inconscients) qui correspondait, chez moi, au désir d'obtenir une amélioration de ma situation. » (in Psychopathologie de la vie quotidienne, ch 12 - Payot, 1975)

Pour Sándor Ferenczi, le déjà-vu peut signifier la répétition d'un rêve oublié de la nuit précédente. 

Jung, lui, évoquait un déjà vu éprouvé lors d’un voyage au Kenya, alors qu’il croisait un vieillard – figure de l’homme sage – , et reliait cette impression au réveil d’un archétype.
 

L'hypothèse mystique
Certains croyants et mystiques estiment qu'il s'agit de la réminiscence de souvenirs d’une existence antérieure et la preuve pour eux de la réincarnation. D’autres pensent encore que la sensation de déjà vu serait le souvenir de rêves prémonitoires.

Les hypothèses neuro-scientifiques
Certaines théories évoquent un arrêt partiel et très court de l'activité du cerveau : nous vivons quelque chose ; le cerveau s'arrête momentanément d'enregistrer des nouvelles mémoires. Nous revivons cette chose au même instant puisque le cerveau ne s'est arrêté que pendant une fraction de seconde. À ce moment, nous avons l'impression d'avoir vécu ceci il y a très longtemps puisque, vu qu'il manque une toute petite information à votre mémoire, le cerveau a du mal à reconstruire certaines notions de temps. Au bout d'une ou deux minutes, le cerveau aura trouvé un complément fictif mais plausible à ce manque, donc cette impression disparaîtra.

Une hypothèse émane de la neuropsychologie ; le cerveau mémorise les souvenirs de telle manière que chaque détail - odeur, couleur, son - d’une scène vécue permet d’accéder à tous les autres détails de la scène, et en particulier aux émotions qui lui sont associées dans notre souvenir. De sorte que, si dans une expérience nouvelle, le cerveau identifie un détail associé fortement à une expérience antérieure, il superpose les sentiments éprouvés au cours de notre première expérience à celle que nous sommes en train de vivre... et nous fait croire que nous la vivons pour la seconde fois.

Enfin, selon une autre explication, le déjà vu « normal » proviendrait d’un décalage, provoqué par la fatigue, le stress ou l’ivresse, dans le système neuronal chargé de distinguer, dans une scène, le connu du nouveau. Embrouillé, notre cerveau prendrait pour un souvenir les messages que les sens lui envoient au présent.

 

Dimitri Haikin, Psychologue