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Conseils de psy

La Toussaint

/ Par info psy.be / Solitude

La Toussaint

Tristesse de la pluie après la douceur de l’été indien. Les jours raccourcissent, on rallume le feu dans la cheminée, les feuilles mortes se ramassent à la pelle, les souvenirs et les regrets aussi… Novembre, mois de la Toussaint et de la Fête des Morts, traditionnellement le moment de penser un peu plus à nos proches décédés, à ceux qu’on a aimés si fort et qui s’en sont allés à jamais.

Je pense à mon frère et à ma sœur, bien trop tôt disparus, jeunes adultes fauchés au seuil de la vie, absence épouvantable. Ma gorge se serre, les larmes me montent, la pluie partout, la nuit qui n’en finit pas… Je pense à mes amis qu’un deuil récent étreint, à tous ceux qui ont perdu un parent, un ami, un enfant, hélas parfois… Mais je sens aussi au cœur de la douleur, la douceur du souvenir, de l’amour vécu, des rires partagés, du corps de l’autre, cette petite flamme toujours vivante qui à jamais nous accompagne.

Au début, c’est atroce, c’est une révolte intense, d’autant plus ravageante que la mort est brutale et inattendue. Leur vie s’arrête, la nôtre aussi, tout notre équilibre est bouleversé. Nul besoin ici de décrire la colère contre l’injustice, contre l’absence insupportable, ni la profonde tristesse qui s’abat sur nous. C’est l’horreur, la déchirure, la solitude, parfois l’envie de les rejoindre…

Et puis doucement, au cœur même des ténèbres, la douceur revient, un sourire nous réchauffe, les liens d’amitié se resserrent, des petites bulles de joie, de tendresse, de bonheur, fragiles, fugaces mais persévérantes. Parce que nous ne sommes pas restés seuls, totalement isolés dans notre souffrance, parce que nous nous sommes autorisés à l’exprimer, à en parler, à pleurer toutes les larmes de notre coeur, parce que nous avons hurlé notre rage et accepté notre colère contre le destin, nous avons doucement commencé à traverser ce deuil. Doucement, la révolte et la tristesse ont fait place à l’acceptation. A l’acceptation de ce qui est. C’est ainsi et pas autrement. Je médite souvent sur les sages paroles de Sénèque qui m’invitent « à lutter pour changer ce que je peux changer, à accepter ce qui ne peut l’être et à avoir la lucidité de distinguer l’un de l’autre ».

Le deuil, c’est un peu comme si la mort de l’être aimé nous avait jeté dans un lac glacé, mais il faut en sortir, parfois avec lenteur, avec effort, chaque mouvement pour atteindre la rive nous coûte, mais nous nageons courageusement, brasse après brasse, vers la rive d’en face. Non, le temps à lui seul ne suffit pas, il faut un peu y travailler, attendre au milieu du lac ne nous en ferait pas sortir, la douleur resterait enkystée quelque part et même des années plus tard, elle resurgirait intacte au moindre rappel.

Heureux sont ceux qui ont traversé l’horreur sans s’y perdre tout à fait, ceux qui doucement retrouvent en eux cette force de vivre, cette puissance d’aimer sans laquelle la vie manque de goût et d’intérêt. Il ne s’agit bien sûr pas d’oublier nos morts, mais d’arriver à vivre sans que leur souvenir ne nous fasse mal. Au contraire, ils étaient merveilleusement vivants, nous les aimions et le meilleur hommage que nous  puissions leur rendre c’est de vivre sans eux cette vie qu’ils aimaient.

Sagesse de la Toussaint, temps de pose dans le souvenir de nos morts, sagesse du deuil et de l’amour… Ils ne reviendront pas, mais en mémoire des vivants qu’ils furent, ne renonçons pas à la vie qu’ils ont aimée, qu’ils ont illuminée et qu’ils continuent, en nous, à éclairer. Que le souvenir de leur amour continue à nous donner la force de vivre et d’aimer. Le deuil n’est pas oubli, il est acceptation, et même enrichissement. Il nous rappelle la précarité de la vie, de la nôtre aussi et nous encourage à vivre avec lucidité, tendresse, bonheur ou gratitude chaque jour qu’elle nous offre, chaque instant de lumière gagné sur la nuit. Le deuil nous aide à apprécier notre chance d’être vivant, même si le souvenir est toujours là, même s’il nous faut continuer à bâtir sur la douleur, même si l’âge avance, que les jours raccourcissent et que l’hiver approche…

Mais que la lumière est belle !

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