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Conseils de psy

Le toucher haptonomique de l’enfant de l’âge de l’enseignement fondamental

/ Par Goffaux-Dogniez Corinne / Enfants

Le toucher haptonomique de l’enfant de l’âge de l’enseignement fondamental

Toucher une personne de tout âge implique une posture humaine particulière.

Sans doute pourrions-nous dire que, bien qu’il existe une formation au massage et même des études ( masso-kinésithérapeute ) qui enseignent cette pratique, avec des manœuvres spécifiques définies et apprises par l’élève, le toucher est loin de pouvoir être réduit à un simple acte technique.

Ni simple, et encore moins banal.

Le massage est une approche très ancienne. Son usage étendu, allant de pratiques de santé, à des pratiques de balnéothérapie, en passant par des pratiques de bien-être ou d’esthétique a pu participer à les associer à une certaine banalisation voire méfiance de la part du grand public. Au sein de la profession de kinésithérapie, la mode actuelle porte à un certain intellectualisme informatisé qui a fait passer le massage et la grande famille du toucher au second plan.

Chez l’adulte, la difficile gestion du stress à une époque qui tend au confinement autour d’un PC, a donné au massage un rôle thérapeutique primaire ( particulièrement efficace puisque lié directement au facteur causal ) en soi grâce à la reliance implicite qui y est associée. Ce qui peut faire résistance est le jugement négatif que la personne soignée pourrait avoir sur la pratique : je ne veux pas que l’on croit que, que l’on me prenne pour…

J’aimerais que le présent article plaide en faveur du massage en tant qu’outil efficace de gestion du stress.

Vaincre cette résistance contribue à resituer le corps à une place plus simple, plus naturelle, plus forte. Cela contribue aussi à rehausser le niveau auquel nous plaçons le corps et la pratique qui l’aborde en lui rendant sa valeur pleine, et ainsi sa dignité. Pour cela, la mentalité associée au corps devrait prendre son essor, comme un voilier peut quitter fièrement le port – je ne lui souhaiterais pas de faire cette même manœuvre dans la gêne, la petitesse et dans la honte : la marine entière en serait déshonorée.

Au niveau de la pratique du massage haptonomique dans un cadre de gestion du stress familial, je crois que le sujet mériterait plusieurs développements.

Soyons synthétiques pour commencer :

  • Le burn out parental pourrait laisser une place à l’approche par le massage. Ce burn out des parents a sûrement un lien avec le stress observable chez l’enfant de 6 à 12 ans.
  • Chez l’enfant de 6 à 12 ans, 3 barrières peuvent s’offrir en résistance entre l’intention de toucher haptonomiquement et ses protagonistes.

Ces 3 barrières sont :

  1. L’intellectualisme lié à l’entrée à la grande école.
  2. Le processus d’individuation.
  3. La construction œdipienne.

Nous pouvons toutefois considérer que le fait que nous rencontrions des résistances est également l’expression que nous pourrions précisément rejoindre ces éléments afin de les aider avec justesse afin de les renforcer. Cela s’accompagnerait du fait que le thérapeute, au lieu de ne pas oser toucher, par retenue, c’est-à-dire crainte de mal faire, dépasserait son trouble afin de poser un acte thérapeutique dont il sentirait avec suffisamment de contrôle la portée positive dénuée de risque d’effet pervers.

Quelle est l’habitus humain que devrait « être » le thérapeute…

Vous avez remarqué qu’il semble y avoir une faute de français dans ma phrase, n’est-ce-pas ?

Pourtant, c’est bien « être », et non « avoir » qu’il me semble falloir utiliser. Le fait que la langue française, cartésienne s’il en est, n’aie pas prévu cela, est sans doute révélateur de la difficulté que mon article tient à révéler.  

Donc,

Quelle est l’habitus humain que devrait « être » le thérapeute ?…

Il me semble que le thérapeute qui s’engage à réaliser un toucher haptonomique doit être entièrement au clair avec soi-même, au clair avec l’alliance sophronique qui l’unit à son petit patient, au clair avec « qui » il veut toucher, « pourquoi » et pourquoi « maintenant ». Il devra également avoir ménagé un espace-temps suffisant pour cette rencontre. Il devra avoir avec lui l’adhésion de l’entourage de l’enfant, avant, pendant, et après l’application de sa pratique haptonomique afin que celle-ci soit complètement optimalisée et ne soit pas sabotée par les résistances qui ont été citées ci-dessus. Si c’était le cas, ce serait « raté » parce que l’enfant s’effondrerait émotionnellement en donnant raison à une peur panique. Si jamais il ne revenait pas après cela, ce serait vraiment catastrophique et c’est absolument à éviter. Si un effondrement de ce type arrivait, il y a lieu de le dédramatiser et de le dépasser ensemble : il montrerait justement que nous avons ‘touché’ quelque chose de pertinent qui a un lien avec ce qui amène le petit patient à consulter.

Ce genre de bilan systématique au fur et à mesure de ce qui se passe dans l’accompagnement thérapeutique de la gestion du stress en rapport avec un apprentissage chez un enfant de l’enseignement fondamental est un point capital de notre cheminement partagé et de sa réussite.