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Conseils de psy

Sortir de la depression

/ Par info psy.be / Mal-être

Sortir de la depression

C’est ainsi qu’avec les années, j’ai souffert d’un mal être si pesant que je suis tombée dans l’anorexie. Accablée et désespérée, je n’avais même plus la force de me nourrir. Je me demandais même à quoi cela me servait de continuer à m’alimenter tant ce monde me semblait hostile et froid.

Puis à l’âge de 28 ans, après avoir traversé de nombreuses crises d’angoisses, boulimie et insomnies, j’ai osé demander de l’aide en consultant un thérapeute spécialiste dans les TCA (Troubles du Comportement Alimentaire). C’est ainsi que, grâce à une thérapie, un nouvel univers m’est apparu. Alors que j’avais le sentiment que le monde était noir et uniquement agréable pour une infime partie du monde, j’ai pris conscience que c’était principalement ma façon de penser qui était à revoir.

Quelques exemples qui touchent de nombreux individus :

Suite à un décès

J’ai perdu mon père « Saturnino » à l’âge de 13 ans. J’ai vécu cette perte comme un véritable arrachement. Je précise que j’avais un lien très fort avec lui et qu’il était mon principal repère affectif. En le voyant souffrir durant ces derniers mois de maladie (cf. tumeur au cerveau), je me disais que la vie était bien cruelle en me laissant voir mon père décliner brutalement physiquement (avec son hémiplégie, je l’ai même vu s’effondrer et pleurer en ayant honte de son état) ; moralement (alors que c’était un homme dynamique, coquet et plein d’humour, il a eu le temps de se voir diminuer) et intellectuellement (sous l’effet d’une opération et de plusieurs médicaments, il a perdu assez rapidement ses capacités mentales).

J’ai vécu son décès comme une injustice totale de la vie me demandant pourquoi moi j’étais encore en vie étant donné que je n’avais pas encore vécu, alors que lui n’était plus sur cette terre et qu’il avait encore tant d’années à vivre avec tous ses projets qu’il rêvait de réaliser. Mon père me paraissant comme un quasi héros avec sa chaleur et sa force tranquille vis-à-vis de moi, je ne pouvais supporter ces derniers moments où il avait été un homme rabaissé, voire humilié par la maladie. Comment mon corps osait-il continuer à vivre sans lui alors qu’une partie du meilleur de moi-même (dont l’envie de vivre) était partie avec lui ? Avec le temps, j’ai également vécu sa mort comme une trahison de sa part. Comment avait-il osé partir en me laissant seule sans son regard, son toucher, sa voix, ses encouragements, sa taquinerie, sa légèreté, son soutien rempli de fierté, son sourire charmeur et sa douce et fidèle protection ?

Bien plus tard, j’ai perdu mon beau-père (père de mon époux) d’un cancer. C’est alors qu’en le voyant trop souffrir, ne parvenant plus à reconnaître le « Francesco » travailleur, robuste, entrepreneur dans l’âme, tout à la fois râleur, généreux et cherchant la flatterie avec son bel accent italien après avoir accompli un bel ouvrage, je me suis dit que la souffrance était peut-être là pour nous apprendre à accepter l’idée de la mort d’un proche ; le décès devenant alors un soulagement face à une douleur ingérable et insupportable autant pour le proche que pour l’entourage.

C’est également suite à un décès que l’on s’aperçoit que certains petits défauts d’une personne ne sont pas si dramatiques car ils finissent en fait par nous manquer. C’est dès lors que l’on prend conscience que la vie ne peut être en permanence un chemin droit, lisse et harmonieux. En effet, c’est de la sorte que l’on réalise combien chaque petit moment de la vie quotidienne avec un être cher est un cocktail complexe et subtile fait tout à la fois d’échanges, discussions, heurts, bouderies, réconciliations ; complicité et distance ; accords et désaccords ; ou encore bonnes et mauvaises anecdotes qui font de chacun un être unique et tout simplement humain.

Enfin, s'il est extrêmement douloureux de perdre un être cher, il ne faut jamais oublier que lorsque l’on a du chagrin car il nous manque, si celui-ci nous a légué principalement de bons souvenirs tels que l'attention, l'amour, la tendresse, la disponibilité, l'humour, la générosité, la dignité ou encore le respect de lui-même et des autres, il faut illico se rappeler que ce sont les meilleurs « héritages » qui soient car tout simplement ils nous inspirent à jamais et nous servent de modèles qui nous tirent bien heureusement vers le haut.

Suite à une séparation

Auparavant quand je devais me séparer d’une personne que j’affectionnais, cela me déchirait tant que je me renfermais sur moi-même.

Or grâce à une thérapie, ayant découvert que j’avais de gros problèmes affectifs et beaucoup de mal à m’attacher par peur de souffrir davantage face à mon mal-être, j’ai compris que chaque rencontre apporte toujours quelque chose même si l’on finit par se séparer.

En outre, en se séparant d’une personne que l’on perd par exemple de vue, il ne faut pas omettre le fait que c’est également une occasion de rencontrer d’autres personnes. Encore faut-il bien entendu accepter de s’ouvrir, de faire confiance et de se confier à nouveau.

Suite à des incompréhensions

Cela est très frustrant, mais d’autant plus si l’on reste dans son coin sans oser discuter.

Or quand on essaie au moins de s’expliquer, on peut souvent découvrir que l’on fonctionnait notamment sur des malentendus.

Par ailleurs, si l’on ne parvient pas à être compris, on peut aussi chercher d’autres personnes vers lesquelles se tourner pour pouvoir se confier.

En fait, même si l’on a essuyé quelques déceptions, il est beaucoup trop réducteur de penser que si l’on n’a pas été compris par une personne, il en sera de même avec les autres. Certains écueils peuvent effectivement réveiller de vieilles blessures, mais il ne faut surtout pas oublier que l’orgueil est souvent un bien mauvais conseiller. Chaque être ayant une sensibilité différente, certains individus peuvent effectivement ne pas pouvoir nous comprendre. Il faut ainsi oser se donner le temps, la patience et l’opportunité de trouver d’autres oreilles attentives et compréhensives.

Suite à des conflits ou trahisons

Lors de discordances et querelles, mais surtout quand j’étais trahie, je souffrais tant que je me repliais totalement sur moi-même.

Or en découvrant que je donnais beaucoup trop d’importance à de petits détails et écoutant beaucoup trop mon ego, j’ai pris conscience qu’un conflit ne mène pas toujours à un différend, voire une rupture. Cela peut même être l’occasion de remettre les choses au point et de s’expliquer après par exemple des idées fausses bien trop longtemps accumulées.

Face à une trahison, on peut se dire que l’on ne fera plus jamais confiance à quelqu’un pour ne plus risquer de souffrir, puis devenir aigri et méfiant. Ou encore on peut aussi pardonner si l’on accepte d’écouter l’autre donner son point de vue (que l’on ne peut deviner si l’on refuse toute discussion). Ou sinon on peut également se dire que c’est un événement qui permet de découvrir combien la complicité et la loyauté des autres personnes de son entourage est précieuse.

Suite à des échecs

Lorsque je ne parvenais pas à obtenir une bonne note ou ne réussissais une tâche du premier coup, je me sentais comme une moins que rien. Mais qui a dit que l’on doit en permanence réussir ?

Quand j’étais face à un refus, je le vivais comme un véritable rejet de l’autre vis-à-vis de moi. Mais qui a dit qu’un « non » revient à un refus de notre personne. Une personne peut effectivement ne pas pouvoir être d’accord ou disponible sans que ce soit forcément un rejet.

Il y a plusieurs façons d’envisager un échec, soit en fonction de l’ego et donc comme un événement rabaissant et humiliant, soit en fonction de la sagesse et ainsi comme une expérience qui permet d’apprendre de nouvelles choses, et par conséquent de se corriger et de s’améliorer.

Sachant que personne ne réussit tout la première fois et immédiatement, puis que la notion d’échec est différente selon son degré d’exigence, pourquoi s’imposer des limites drastiques et impossibles qui mènent inévitablement à un sentiment d’échec ? De surcroît, un déboire peut quelquefois s’avérer une chance. Par exemple, face à un projet qui finit par ne pas pouvoir se monter, une occasion prochaine peut souvent s’avérer plus profitable.

Suite à un désir de contrôle

Ayant connu plusieurs événements d’instabilité, j’étais persuadée qu’en maîtrisant mon corps par l’intermédiaire d’une alimentation la moins calorique possible et une activité sportive intense, je parviendrais enfin à un sentiment de stabilité intérieure. Mais plus je maigrissais, plus je me sentais désappointée à un point tel que je ne parvenais plus à cesser de perdre du poids. En effet, j’avais beau m’acharner de plus en plus sur mon corps, je me sentais toujours dans l’instabilité et l’insécurité par rapport au monde environnant.

Or par l’intermédiaire d’une thérapie, je me suis aperçue qu’on ne pouvait pas tout maîtriser, et que la vie c’est notamment savoir revenir à soi en ne s’obstinant pas sur le physique qui n’est qu’une partie de notre être. A force de vouloir paraître bien par peur du regard de l’autre et des critiques, on peut finir par se perdre en n’étant que dans le superficiel et le visible. Or l’aspect extérieur peut certes être une préoccupation vis-à-vis du respect de soi et des autres, mais il ne faut pas omettre de se préoccuper également de son état intérieur en ayant avant tout une bonne opinion de soi.

Suite à des mécanismes de comparaison

J’ai toujours été une élève studieuse et appliquée. Plus j’apprenais, plus je me sentais heureuse ayant le sentiment de m’enrichir. Cependant j’étais incapable de profiter de la moindre bonne note. Mes camarades avec un 12 ou 14/20 sautaient de joie alors que moi avec un 15 ou 17/20, je demeurais flegmatique.

Or c’est moi qui étais trop perfectionniste, et à force de vouloir être parfaite, je n’étais même pas capable d’être satisfaite de ce que j’accomplissais de bien.

Dépassée par un désir de perfection tenace, avec notamment le désir inconscient d’être aimée par tous, je ne cessais de me comparer aux autres. Cependant je désirais être parfaite surtout parce que je sentais un vide immense en moi fait en grande partie d’un manque total d’estime et de confiance en moi. Plus précisément, je cherchais sans cesse à être irréprochable parce que je n’avais pas conscience que je n’étais pas capable de m’apprécier, estimant que je n’avais pas de valeur.

Mais en me comparant aux autres, je ne remarquais guère que je me comparais en permanence à ce qu’il y avait de mieux. Je me sentais toujours inférieure alors que je ne voyais même pas qu’il y avait aussi bien pire autour de moi à différents niveaux dont économique, social, physique, etc.

En outre, je me sentais si malheureuse que j’étais incapable de voir le positif dans ma propre vie. Et face à toute situation même très douloureuse, on peut parvenir à en tirer du positif. Notamment en perdant mon père, j’ai dû apprendre à vivre en écoutant mes propres envies et non plus uniquement celles de mon père. A force de mener mon existence uniquement en fonction de lui, j’étais complètement déconnectée de mes propres désirs et rêves. Ou encore en perdant un certain statut social avec le salaire en moins de mon père cadre, j’ai appris à voir les autres différemment et à être plus tolérante face à un individu ; l’essentiel n’étant pas les origines et le statut social, mais ses capacités propres.

Suite à un changement

N’ayant absolument pas confiance en moi, j’étais terrorisée par le changement. J’étais persuadée que j’allais m’écrouler et que les autres allaient finir par découvrir mes faiblesses que je m’efforçais tant de dissimuler en m’activant en permanence. Mais qui a dit qu’une faiblesse est un défaut ? Après tout qui n’a pas de faiblesses ? Fort heureusement, une faiblesse peut être corrigée si bien entendu l’on accepte de la voir en face notamment en consultant un spécialiste.

Trop angoissée de nature, le changement provoquait aussi de nouvelles vagues d’angoisses en moi avec notamment peurs, paniques, doutes, dévalorisation, insomnies, etc. Et justement il ne faut pas oublier que c’est aussi face au changement que l’on peut découvrir de nouvelles capacités en soi qui sommeillaient jusqu’alors face aux habitudes. Encore faut-il accepter de s’adapter ?

Conclusion

A force de vouloir trop exiger de moi-même, alors que je me croyais une personne réaliste et avisée, je ne voyais même pas que j’étais en fait une jeune personne dépressive, sombre et désabusée. A force de ne voir que le négatif, je n’avais goût à rien notamment avec perte d’appétit et surtout perte de la moindre once d’espoir dans la vie et dans l’être humain.

Ainsi sachez que la vie dépend également de la façon dont on la voit. Tel un verre à moitié plein ou à moitié vide, chaque situation triste et pénible est aussi une occasion de s’adapter, de découvrir de nouvelles ressources en soi, si l’on accepte également bien entendu de voir le positif.

Il faut savoir que la souffrance isole, fait perdre toute objectivité et endommage toute capacité à raisonner. Quand se rajoute l’ego, on peut n’avoir qu’une vision négative de soi, des autres et de la vie. Lorsque l’on n’écoute pas ses émotions et persiste à les dissimuler bien profondément par mille et un moyens, on peut avoir recours à des substituts divers (cf. addictions telles que l’alcool, la drogue, internet ; la violence envers les autres et/ou vers soi dont automutilation…) pour fuir, décompresser et camoufler son mal-être. On finit cependant par accumuler trop de pression, et sans même s’en rendre compte tomber dans la dépression.

Et lorsque que l’on sait que l’on est particulièrement émotif, fragile et sensible, il faut d’autant plus être vigilant dès que l’on sent monter en soi des vagues multiples et envahissantes faites d’incertitudes, anxiété, irritabilité, culpabilité, frustrations, fatigue, démotivation ou procrastination qui conduisent irrémédiablement à la tristesse, l’amertume, l’abattement et la solitude, voire des pensées suicidaires. Avec la pratique, ces états peuvent même devenir des signaux pour apprendre à réagir et être plus actif.

Il est toutefois possible de dépasser des états douloureux tels que la rancœur, l’injustice, la bouderie, les colères étouffées, etc. en osant notamment apprendre à s’exprimer, gérer ses émotions ou encore relativiser, positiver et apprécier le changement. C’est ainsi que l’on peut sortir des sentiments écrasants d’écorché vif, de décalage face au monde et à la vie, et surtout de désespoir. En effet, grâce à une thérapie, des ateliers thérapeutiques, certaines rencontres et lectures, on peut tout à fait apprendre à voir l’existence différemment, soit plus globalement et surtout plus objectivement.

Par conséquent, grâce une remise en question de certains modes de raisonnements nocifs, de l’indulgence et de la patience envers soi-même ainsi que le filtrage de certaines fréquentations et habitudes pas bonnes pour soi telles le repli sur soi, la fuite, l’inertie et le mutisme, sachez qu’il est possible de sortir peu à peu de ce cercle particulièrement vicieux et infernal qu’est la dépression. Or bien entendu, plus on s’en occupe tôt, mieux c’est pour pouvoir remonter la pente et de nouveau accueillir la vie.

« En hommage à Saturnino mon père et Francesco mon beau-père »


www.vittoria-pazalle.com
Auteure du livre « Anorexie et Boulimie, journal intime d’une reconstruction », Editions Dangles

 

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