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Qui n'a pas eu sa fessée ?
Etude. En France, Etude. En France, cette punition s’avère banale alors qu'elle est prohibée dans certains pays comme la Suède.
CHARLOTTE ROTMAN
QUOTIDIEN : jeudi 6 décembre 2007
Ils la recommandent ou la regrettent, l’assument ou préfèrent l’oublier : quoi qu’il en soit la fessée est encore beaucoup donnée en France. L’Union des familles en Europe (UFE) a interrogé trois générations sur cette pratique (précisons qu’on ne parle pas ici des expériences entre adultes). Prohibée dans certains pays comme la Suède y compris dans la sphère familiale, la fessée est (encore) tout ce qu’il y a de plus autorisée, en France. Et même banalisée, à lire les résultats de l’enquête de l’UFE (qui sera rendue publique aujourd’hui) (1). Alors que le conseil de l’Europe a lancé cet automne une vaste campagne de «tolérance zéro» contre ce qu’il appelle «les châtiments corporels», les familles n’ont aucune envie que l’Etat intervienne dans leurs façons d’éduquer leurs enfants.
Occasionnel. Presque tout le monde a reçu une fessée au moins une fois. (95 % des grands-parents, des parents et 96 % des enfants interrogés). De même, 87 % des parents, et 84 % des grands-parents en ont donné une. «Une fessée, ça échappe à tout le monde et finalement ce n’est pas si dramatique, tant que c’est occasionnel et non habituel», explique un sondé. La majorité des parents estiment que seuls eux peuvent lever la main sur leur progéniture. Ce n’est pas ce qui empêche les grands-parents d’en avoir parfois très envie. Cela démange 58 % d’entre eux (et encore davantage chez les plus âgés). Mais ils évitent de passer à l’acte.
En ce qui concerne leurs propres enfants, les grands-parents estiment à 78 % qu’ils ont eu raison à l’époque de recourir à la fessée. Les parents, eux, sont moins convaincus : ils sont 62 % à assumer ce geste et à déclarer la fessée «méritée». Et les premiers concernés ? Les enfants de 7 à 10 ans ont répondu majoritairement qu’ils ne méritaient pas une telle punition. Passés 18 ans, ils sont 60 % à s’en accommoder. «Quand j’y pense, c’était toujours mérité ; j’ai fait plein de bêtises», témoigne l’un d’eux.
Les adultes qui reconnaissent frapper leurs enfants ne sont pas toujours très fiers. Mais pour 77 % d’entre eux, cela fait néanmoins partie de l’éducation. Ainsi ce parent : «La crainte n’est pas toujours négative ; il y a des normes comportementales sociales à intégrer.» Mais une bonne partie reconnaît «se défouler» aussi par ce geste. «Ce n’est pas un moyen d’éducation, mais une réaction à une situation de stress», avoue un parent. «Je m’en veux terriblement d’y avoir recours. J’ai l’impression qu’il n’y a pas de solution à cause d’un manque de sang-froid et de sérénité», confie un autre.
Chacun dit refuser d’humilier. «On peut faire plus de mal avec des humiliations ou des méchancetés gratuites», estime un partisan de la claque sur les fesses. Le même argument est servi… par un antifessée : «Je trouve qu’humilier un enfant en le frappant au visage n’enseigne rien et le blesse profondément.» Les parents déclarent donner également des baffes. «Une paire de gifles est parfois utile pour se faire respecter d’un ado», dit l’un mais ils sont deux fois moins que les grands-parents à le faire. Quant au martinet qu’on croyait remisé au placard, il est encore utilisé (par 10 % des parents, contre 28 % de la génération précédente).
Engueulades. La majorité des parents, et plus particulièrement les hommes, sont hostiles à une interdiction, mais moins que leurs aînés. Quelles que soient les pratiques, les familles ont peu envie d’être «réglementée par des lois», car «ce n’est pas le rôle de l’Etat». «A quand l’interdiction des engueulades, tant qu’on y est ?» demande l’un d’eux. Et pour les nouvelles générations ? L’association a demandé aux mineurs comment ils se comporteraient plus tard avec leurs propres enfants. 64 % répondent docilement «pareil». Mais parmi les déclarations, il y a aussi l’angoissant «je ne les taperai pas au balai». Ou cette énigmatique suggestion de punition concoctée par un petit : «Je leur ferai porter un short de gym à la maison.»
(1) 685 grands-parents, 856 parents, 776 enfants ont été interrogés sur le site de l’Union des familles en Europe, en 2006-2007.
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