06.09.2015 / Par Emilie Danchin / Psychothérapies

La photothérapie

Aujourd’hui, la pratique de la photographie est banale. Tout est pris en photo et on prend tout en photo, sans relâche et sans recul, parfois sans plaisir et sans regarder. En même temps, l’idée que l’art et la pratique photographique peuvent faire du bien se généralise et les projets thérapeutiques à médiation se multiplient. Pourquoi ne pas profiter de cette rentrée pour utiliser les photos autrement et voir la vie d’un autre œil ?

Quoi de plus évident ! Les photos sont partout et elles nous parlent. Elles sont lisibles, on en dispose sur papier ou sur écran. C’est universel. Et pourtant, elles nous ravissent, nous bouleversent. Elles sont couvertes d’émotions. Elles sont terriblement personnelles. Autrement dit, quand on regarde une photo, on regarde un monde et en même temps, on se livre. Et puis, cerise sur le gâteau, on y croit fermement ! Alors qu’attendons-nous pour explorer nos petits et grands maux avec ces images qui regorgent d’informations que nous stockons silencieusement au fil du temps ?

C’est ce que je vous propose. Philosophe de formation, je suis artiste photographe et thérapeute. J’ai réuni mes deux démarches d’observation et de compréhension des personnes humaines en me spécialisant en photothérapie. Regarder des photos, prendre des photos, se faire prendre en photo permet d'aborder des problématiques complexes telles que les troubles de l'image de soi, les troubles alimentaires, la maladie, la dépression, les changements de vie, les troubles familiaux. Les photos sont très pertinentes en situation critique, voire désespérée, lors d'un deuil, d'une maladie ou d'un changement de vie radical ou encore pour traiter des traumas. Elles permettent aussi d’améliorer l'estime de soi ou encore de développer sa créativité.

Méconnue en Europe, la photothérapie est couramment pratiquée dans les pays anglo-saxons, en Israël. De manière générale, on distingue la photothérapie de la photographie thérapeutique. Depuis 2008, je pratique les deux sous le terme générique d'Analytique photographique®. En photothérapie, ce sont des thérapeutes qui utilisent des photographies dans le cadre de traitement spécifique. La valeur artistique des photos est sans importance. Les photos sont intéressantes parce qu'elles sont non verbales et en prise directe sur la mémoire émotionnelle. Elles permettent d'approfondir le dialogue et la réflexion lors de séances de travail. Elles sont susceptibles d'ouvrir des perspectives inédites ou inhabituelles. La photographie thérapeutique, elle, recouvre toutes sortes d’initiatives et de missions photographiques qui génèrent des bienfaits. Il peut s’agir d’initiative individuelle ou collective, spontanée ou organisée à l’échelle d’une personne, d’un groupe, d’un quartier, etc. Par exemple, on observe des individus qui se saisissent de la photo et traversent une maladie grave ou une dépression ou bien des groupes de personnes à qui on donne des appareils photos pour photographier leur quotidien, ou encore des artistes qui constatent qu’ils se sont guéris par la photo...

Je travaille comme photothérapeute en privé et je mène des projets de photographie thérapeutique avec des adultes et des adolescents en situation de précarité mentale et sociale et des projets de « communication suffisamment bonne » en entreprise.  Mon approche globale est psychosomatique, axée sur l’imaginaire, le rêve. J’associe la photothérapie à des techniques imaginatives et ludiques (le dessin, la recherche de souvenirs, la projection dans le futur) et des techniques corporelles et comportementales (hypnose erickosnienne et thérapie brève, la relaxation imaginaire). Depuis 2014, je donne des formations continuées en photothérapie et la photothérapie thérapeutique en Belgique, en France et en Suisse. Les prochains modules de formation ont lieu cet automne en 2015.

Plus d’infos sur la photothérapie, consultez www.analytiquephotographique.be