25.03.2009 / Par info psy.be / Sexualité

Fringues, lingerie et apparat à l'adolescence

A partir de quel âge, l’enfant s’intéresse-t-il aux vêtements en général ?
Dès que l’enfant rentre à l’école primaire et qu’il entame son processus de socialisation, le vêtement devient important.
Il reflète son besoin d’appartenance au groupe. Le vêtement est le signe de son conformisme ou non au groupe.
A l’adolescence, ce besoin est encore beaucoup plus important.

Dans son livre "Déshabillez-moi", le psychiatre Sarah Stern décrit 3 fonctions aux vêtements ;
- La première correspond à la sexualisation du corps : la puberté "échappe" à l'ado or le vêtement lui permet de s'approprier psychiquement quelque chose qui lui échappe et de maîtriser sa sexualité.

- La deuxième fonction est liée à la volonté du jeune de déplaire à ses parents. Ainsi, bien souvent, il adopte un style contestataire, ce qui est tout à fait normal car la dimension contestataire est inhérente à l'ado même.

- Enfin, la troisième fonction du vêtement est relative au fait que le jeune a besoin d'être comme les autres, de s'habiller comme eux pour s'intégrer.

Le rapport aux vêtements est-il le même chez les filles et chez les garçons ?
Durant la période de l'adolescence, on peut remarquer que le rapport est assez similaire.
Les garçons vont chercher un style : "skateurs" dont les pantalons tombent sur les cuisses, les "rastas", les "basketteurs" etc.
Les filles iront par exemple vers le style "gothique". C’est un passage normal vers l’âge adulte qui permet de se différencier de ses parents et de s’identifier à une "tribu" de semblables. C’est la fonction contestataire à l’adolescence.
On construit sa propre identité en prenant quelque chose à l'autre.
Les fringues sont utilisées comme support de cette identification. On copie le style de sa sœur (je kiffe le string de ma sœur), de son frère, d'un copain ou d'un chanteur... pour mieux se construire soi-même. Le groupe Tokio hôtel a d’ailleurs sa propre marque de string !

Finalement l'ado cherche-t-il plus à se différencier ou à se fondre dans la masse ?
Même à l'époque où il y avait des uniformes, chacun essayait de les personnaliser, en mettant une broche par exemple.
Pourquoi ? Tout simplement parce que c'est insupportable d'être la copie conforme de quelqu'un d'autre.
Le besoin se ressent de se singulariser mais attention, cette singularisation ne doit pas empêcher l'ado de s'intégrer à un groupe et il le sait très bien. 

La lingerie "s'expose" maintenant chez les ados. A quoi doit-on ce phénomène ?
Le marketing poursuit son œuvre. Aujourd'hui, les ados sont sur le devant de la scène.
La plupart des mannequins sont très jeunes et/ou ont un corps d'ado.
On a donc l'impression que le nec plus ultra c'est de ressembler aux ados, aussi ces derniers illustrent les fantasmes dont ils sont l'objet.
En quelque sorte, le jeune qui porte de la lingerie voyante (string...) répond à une "injonction" de l’adulte auquel il s’identifie.

La lingerie c'est ludique, et il y en a pour tous les goûts : slip, shorty, string,…
Le port du string commence aujourd’hui vers l’âge de 13-14 ans. C’est l’âge où le corps prend ses formes. L’ado grandit avec une question en tête : « c’est quoi être une femme ? » pour une fille, « c’est quoi être un homme ? » pour le garçon.
Mais là où il y a le malentendu, c'est que l'ado ne souhaite pas susciter le désir sexuel des autres, il veut simplement être aimé et reconnu par les autres.


Les parents doivent-ils tout céder à leurs enfants (marques, style vestimentaire...) ?
A chaque parent d'agir comme il l'entend. En tout cas, le conflit n'est pas négatif, bien au contraire.
Le problème c'est que les adultes ne supportent plus le conflit. Pourtant, l'affirmation de soi passe par la conflictualité. L'ado en a donc besoin pour se construire...
On entend cependant beaucoup de jugements par rapport au port de lingerie voyante : « tu vas avoir l’air de quoi ? », « C’est vulgaire », « Ce n’est pas de ton âge »,…
Peut-être est-il plus constructif de parler ensemble de ces questions intimes et d’écouter à quels besoins cela correspond chez son enfant que de le juger frontalement.
C’est en tout cas au parent du même sexe à qui il revient la mission de parler de lingerie avec son ado.