26.09.2007 / Par info psy.be / Vivre ensemble

La co-parentalité au bénéfice des enfants

En effet, si la formation du couple a permis un minimum d'accordage dans la façon d'envisager la vie commune au quotidien, les valeurs et les intérêts communs, le style relationnel, par contre, les conceptions parentales de l'éducation ne sont que très rarement à l'ordre du jour au moment de la mise en ménage. La recherche d'autonomie du jeune adulte par rapport à sa famille d'origine quand il forme un couple, ne l'incite pas à mettre à l'ordre du jour la discussion sur le modèle parental qu'il souhaite pour sa construction familiale propre. Ce sont les modèles parentaux des familles d'origine qui vont constituer des repères de style culturels, comportementaux, auxquels le membre du couple peut adhérer ou qu'il rejettera.

Ce ne sera qu'à l'occasion de la venue de l'enfant que cette co-parentalité se construira. Nous parlons de co-parentalité car il s'agit d'articuler des fonctions parentales diverses et complémentaires que sont : le maternage, la protection de l'enfant, subvenir à ses besoins qu'ils soient matériels et affectifs, assurer son développement physique et psychosocial, son éducation et plus tard sa formation professionnelle….. . La répartition des rôles pour remplir ces fonctions va se construire justement sur base des valeurs familiales d'origine, que ce soit en continuité ou en opposition. Si en tant qu'enfant, j'ai mal supporté la distance vécue entre moi et mon père, en tant que père, il y a de fortes chances que je souhaiterai vivre en fusion avec mon enfant et essayer ainsi d'éviter tout ce qui me rappellerait cette distance que je ne voudrais pas vivre avec mon fils. J'espère bien alors que mon conjoint pourra assumer la gestion des séparations de manière positive; rien n'est moins sûr cependant. Il va donc être important de remplir les différentes fonctions de parents en complémentarité. Cela se fera bien souvent sans trop y réfléchir, utilisant les modèles parentaux connus ou environnants qui offrent une articulation fonctionnelle quand elle est adaptée au mode de vie. C'est ainsi que la fonction de maternage du premier âge de l'enfant est prise en charge par la mère principalement et celle d'introduire le monde extérieur dans cette dyade, par le père la plupart du temps. Indépendamment de la répartition des rôles, il restera toujours bien difficile d'assumer pour une même personne ces deux fonctions antagonistes; ce que doivent assumer nombre de familles mono parentales à l'heure actuelle.

Revenons à cette articulation lors de la période de maternage de l'enfant. Quand c'est la mère qui assume cette fonction, elle marque le rythme en organisant la manière de donner à manger, de langer, de mettre au lit, de donner le bain, laissant souvent peu de place à l'alternative que le père souhaiterait revendiquer quand il l'assume. La fréquence limitée avec laquelle il exerce ce maternage ne le consolide pas comme alternative valable ou validée par la mère. Il y aura une manière de donner le bain, celle de la mère.

Une séparation du couple dans ce contexte, avec garde alternée de l'enfant, va entraîner la construction forcée d'une autre répartition de la co-parentalité, où chaque parent devra jouer 100% de toutes les fonctions à tour de rôles. Il n'y a pas encore d'histoire assez longue de ce type de garde alternée pour offrir des modèles de co- parentalité, il faut donc construire du neuf.

Dans une période de crise du couple où la confiance est mise à mal, où le conflit prédomine, cette construction ne sera pas facile. Pourtant, quand la mère assume le maternage, ce sera l'occasion pour elle, d'apprendre à lâcher prise, à faire confiance à l'autre même si cela doit passer par la grand-mère paternelle qui soutient le père. Elle apprendra aussi à compter sur les ressources de l'enfant lui-même.
Pour le père qui assume une grande part de la socialisation de l'enfant, cette nouvelle répartition des rôles lui permettra de créer une relation intime avec son enfant et d'en découvrir les bienfaits pour eux deux.
L'enfant, pour sa part, connaîtra ses deux parents de façon différenciée, dans l'intime et dans l'autonomie. Il pourra en apprécier les styles différents et s'enrichira d'un éventail plus large de valeurs et de comportements relationnels. Quand il formera un couple, ses repères seront variés et il sera prêt à inventer ce qui sera bon pour sa construction familiale.

Cette co-parentalité, équilibrée autrement, n'a pas besoin de la séparation physique des membres du couple pour se mettre en place, mais l'inertie de l'habitude et la non urgence de réorganisation pratique ne favorise pas cette nouvelle construction. Ce seront les événements de la vie qui la pousseront vers un autre équilibre : mise à la crèche, nouveau travail, voyage, déménagement, chômage, mise à la retraite, résidence en famille élargie (avec plusieurs générations). Nous en arriverons alors à parler de pluri parentalité. Mais il s'agit là d'une histoire encore plus nouvelle, ou très ancienne ; rappelons-nous l'époque de nos grands parents, ou les manières de vivre dans les pays moins développés où les familles élargies sont la norme.

A chaque répartition de la co-parentalité, ses avantages et ses inconvénients ; comment vivons-nous cette répartition en tant que co-parent, en tant qu'enfant ?
Quelle autre répartition de co-parentalité souhaitons- nous expérimenter ?
A Chacun ses solutions, innovantes ou dans la continuité.