/ Par Sally Das / Vivre avec les autres
Le harcèlement et cyberharcèlement
Nous entendons de plus en plus de cas de harcèlement et de cyberharcèlement dans les écoles, chez tout type d'élèves mais généralement chez les ados. Cette situation est grave et peut mener au suicide du jeune qui ne voit parfois pas d'autre solution pour régler ce mal-être que d'en arriver-là!
Ce phénomène est-il nouveau? Non, il a toujours existé sous des formes différentes. Que celui qui ne s'est jamais fait ennuyer, moquer ou maltraiter par ses camarades de classe à un moment donné de sa scolarité lève la main! C'est bien ce qu'il me semblait...Bon nombre d'entre vous ont déjà vécu des moqueries liées à la couleur des cheveux, des taches de rousseur, un écart entre les dents, une petite taille, un peu d'embonpoint, et j'en passe.
Avant, le harcèlement s'arrêtait aux portes de l'école, parfois l'élève se faisait encore ennuyer sur le chemin du retour, mais une fois à la maison, il était en sécurité et protégé.
L'avènement des réseaux sociaux et la mauvaise utilisation de ceux-ci font que ce jeune harcelé n'est plus seulement maltraité par ses camarades de classe au sein de l'école ni sur le chemin, il l'est également à la maison: via son téléphone, son ordinateur et tous les réseaux qu'il utilise. Jamais cela ne s'arrête en ne laissant aucun répit pour l'harcelé!
Paradoxalemment, les campagnes anti-harcèlement se multiplient au sein des établissements, différentes associations existent et sensibilisent les jeunes, mais étonnament le phénomène ne s'arrête pas.
L'harceleur est-il seulement conscient de son comportement harcelant? Il est certes conscient que ce qu'il fait n'est pas correct mais a-t-il la moindre idée de l'impact psychologique qu'ont ses maltraitances sur l'autre? Parfois, l'harceleur prétend que "C'était pour rire, rien de bien méchant va" ou "Il ne pensait pas que cela irait aussi loin". Mais il est alors trop tard...le mal est fait, l'impact psychologique chez cet enfant qui va vivre avec ce harcèlement, en pleine construction identitaire, qui risque de ne pas gérer ces événements, se construire avec des complexes, des doutes, une identité peu affirmée, voir pire, qui risque même de devenir harceleur un jour, lorsque lui aura le pouvoir de se "venger" sur les autres. Est-il seulement conscient des conséquences sur sa victime?
La famille se sent généralement impuissante dans cette situation. Combien de fois n'entend-t-on pas les parents complètement anéantis face à la prise de conscience du harcèlement chez leur ado voir pire? Le parent n'est souvent pas au courant de la situation car l'ado tait son mal-être. Quel ado ne se rend pas dans sa chambre aussi vite l'école finie? Les adolescents ont leur bulle et la garde précieusement, il est compliqué de "les faire parler" quand ils ne le souhaitent pas. Lorsque les parents remarquent un changement de comportement, ils demandent à leur enfant ce qu'il se passe, mais celui-ci répond généralement "Ca va..." ou "La routine...". Très peu d'informations filtrent pour aider le parent à comprendre la situation qu'il est très loin d'imaginer. Ce silence ne permet pas aux parents d'agir et lorsqu'ils apprennent la situation, leur enfant est déjà bien embourbé dans celle-ci.
De plus, l'harcelé ressent de la honte et même de la culpabilité. Pourquoi c'est à lui qu'on s'en prend? Pourquoi ne sait-il pas se défendre contre les autres? Pourquoi a-t-elle envoyé des photos dénudées qui se sont retrouvées sur les réseaux sociaux via des mains malveillantes? Pourquoi avoir fait confiance aux autres? Pourquoi suis-je la bête noire de la classe? La fameuse tête de turc? Que vont dire mes parents si j'en parle? Auront-ils honte de moi? Seront-ils fâchés? Déçus? Si je demande de l'aide, je ne peux me débrouiller seul(e) alors? Si j'en parle à mes professeurs, je vais devenir la "balance" et on va me le faire payer d'avantage?
Les harceleurs ne s'en prennent pas à n'importe quel ado, ils ciblent l'ado qui semble le plus fragile, le plus gentil, le plus timide, le plus isolé, celui qui pour eux, ne pourra pas se défendre face à eux et sur qui, ils auront main mise.
Alors comment mettre fin à ce fléau? Dans un monde idéal, il faudrait que les jeunes arrêtent de se faire du mal mutuellement mais je doute que cela arrive, sans être pessimiste. Comment faire alors? Il faudrait idéalement que le jeune harcelé puisse en parler, à n'importe qui finalement: à un professeur qui pourrait faire le lien avec le Centre Pms de l'école ou des associations, à ses parents, à un proche, un ami, quelqu'un qui puisse l'écouter et lui apporter une aide.
Parler est déjà très compliqué pour la victime mais cela serait déjà un geste héroïque de pouvoir solliciter de l'aide.
Il faudrait aussi que la communication au sein de la famille puisse fonctionner de manière optimale, où l'ado puisse se confier à sa famille sans honte ni jugement, qu'il puisse expliquer la situation par d'autres mots que "Ca va...", que le parent puisse obtenir des réponses à son mal-être (même si nous savons la tâche compliquée), qu'un suivi psychologique soit mis en place pour traiter ce traumatisme d'harcèlement car c'est un traumatisme mais aussi pour mettre en place des outils qui permettent à la victime de ne plus vivre ce genre de situation et de la gérer de manière différente sans quoi, cela risque de se répéter encore et encore.
Il faudrait aussi que l'école soit prévenue, qu'une plainte à la police soit déposée, n'oublions pas le droit à l'image qui reste la propriété de l'individu mais aussi le dépôt de plainte contre l'agresseur même si les injures ou moqueries sont réalisées via les réseaux sociaux!
En tout les cas, ne restez pas avec cette souffrance, parlez-en vous adolescents! Parlez-en vous parents si cela arrive dans votre foyer et parlez-en vous professeurs si vous suspectez un comportement de harcèlement ou si vous assistez à cela. Je dirais même que toute personne assistant à ce genre de comportement doit se manifester et apporter de l'aide à l'autre afin que le harcèlement s'arrête! C'est bien là notre rôle de citoyen, car si nous avons perdu notre civisme, que nous reste-t-il alors ?
Sally Das
Rue Enfer 42 - 7120 Estinnes au Val
Articles publiés : 51
Type :
Psychologue , Psychologue clinicien(ne) , Psychothérapeute , Coach , Coach en entreprise , Coach mental , Coach parental , Sexologue
Spécialités :
Communication non violente (CNV) , Guidance parentale , Prévention et traitement du Burn-out , Soutien , Soutien , Testing , Tests d'orientation , Thérapeute du couple , Thérapie brève , Thérapie brève systémique , Thérapie centrée sur la personne , Thérapie cognitivo-comportementale , Thérapie orientée solution
Problématiques :
Addictions , Problèmes d’éducation , Problèmes liés au travail , Problèmes scolaires , Stress , Stress post-traumatique , Tabagisme , Traumatismes , Troubles alimentaires , Troubles de l'attachement , Prise de parole en public , Troubles du sommeil , Troubles obsessionnels compulsifs (TOC) , Problèmes de couple , Phobie , Dépression , Angoisse d'abandon , Angoisses , Anorexie , Anxiété , Assertivité , baby-blues , Boulimie , Burn-out , Confiance en soi , Deuil , Emotion , Estime de soi , Fatigue chronique , Harcèlement , Haut potentiel , Hypersensibilité , Infertilité
Publics :
Adulte , Ado , Enfant , Couple , Famille
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