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Conseils de psy

Le « temps » de l’amour

/ Par Catherine Lemoine / Problèmes de couple

Le « temps » de l’amour

Lorsque deux conjoints se présentent en thérapie et que l’un des deux est resté bloqué dans le passé alors que l’autre voudrait se focaliser sur l’avenir, il est parfois nécessaire de monter dans la machine à remonter le temps. La première erreur serait de se perdre dans ce passé qui, et c’est un lieu commun de le dire, n’existe plus et ne peut être changé ; la seconde erreur serait de minimiser l’impact que le passé a pu avoir dans le présent d’un couple.

Saliha et Ayoub, jeune couple avec un enfant en sont un exemple parlant.
Pour elle, au bord de la rupture, il est fondamental d’améliorer la communication du couple et d’aller de l’avant ; pour lui rien n’est possible tant que le passé ne sera pas revisité,  expliqué, nettoyé.
Il est capable de se rappeler une date précise, une heure, un lieu ; elle a oublié, hausse les sourcils, lève les épaules…
Il voyage en trainant derrière lui de lourdes valises poussiéreuses alors qu’elle porte un sac à dos encore à moitié vide.
Même si la destination est la même, le pas et le rythme pour y parvenir sont différents et c’est pendant la thérapie que la distance augmentera ou au contraire diminuera entre les deux.

Autre couple que j’appellerai Roger et Patricia, la cinquantaine.
Ils travaillent dans la même entreprise et ont, par le passé, essayé de vivre ensemble.
Chacun ayant des enfants d’une première union, la famille recomposée n’a pu se construire en raison de différends sur l’éducation. Ils ont alors décidé de vivre chacun chez soi et de se voir pour les loisirs et les vacances.
Le temps a passé, les enfants ont grandi  et aujourd’hui ils conjuguent l’avenir à deux dans lequel ils se projettent dans une maison qu’ils font construire ensemble.
Lorsqu’ils arrivent en thérapie ils ne se parlent plus, ne font plus l’amour et attendent mutuellement la reconnaissance des erreurs du passé.  Les plans de la maison avancent contrairement à leur couple bloqué dans la troisième personne (il ou elle) et le conditionnel passé (aurait dû).
Le présent est un désert silencieux, inhabité par la tendresse, peuplé d’ombres inquiétantes.
Vivant séparés pendant des années, ils n’ont rien réglé de leurs différences que leurs moments de loisirs ont occultées. Ils peinent à trouver leur place dans un présent commun et se le reprochent mutuellement. Patricia souffre, notamment, de ne pas être considérée comme une « vraie » grand-mère par la petite fille de Roger et celui-ci explique cela par le fait que pour la petite Clara ils ne forment pas un « vrai » couple.
D’autres sources de conflit ont vu le jour au travail. Tant que les moments communs légers, voire superficiels, étaient les seuls vraiment partagés, tous ces différends semblaient surmontables et peu importants.

Partager une vie à deux sous le même toit est un tout autre défi et les années passées plutôt que de souder le couple l’ont fragilisé. La thérapie a peu de chance d’aboutir vers un avenir serein si Roger et Patricia ne construisent pas un pont au présent pour se (re)joindre enfin.

Catherine Lemoine, Psychothérapeute chez Interactes.

 

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