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Conseils de psy

La thérapie brève : approche avant tout humaniste

/ Par Catherine Lemoine / Psychothérapies

La thérapie brève : approche avant tout humaniste

Ses détracteurs pourraient dire qu’elle utilise des recettes style « trucs et ficelles » ; que plus la problématique est lourde, plus elle doit être longue à résoudre et que le terme « brève » est incompatible avec celui de « thérapie ». 

Pourtant, si le « comment cela dysfonctionne » est privilégié, les approches plus récentes du modèle issu de l’école de Palo Alto laisse une place au « pourquoi » et au passé pour autant que le patient fasse un lien entre celui-ci et son problème dans l’ici et maintenant. La thérapie brève part du postulat que pour résoudre un problème, l’individu commence par essayer des solutions soit qui ont déjà marché dans le passé, soit qui semblent dictées par le bon sens (et souvent l’entourage…). 

Toutefois, contre toute attente, le problème s’enkyste, et les tentatives de le résoudre l’entretiennent et l’aggravent conduisant même dans certains cas au renoncement et à l’isolement. 

Alice (nom d’emprunt) est une jeune femme professionnellement intégrée, maman d’un petit garçon et à première vue heureuse en ménage. Elle consulte pour un problème de timidité qui, de son propre avis, la rend peu sympathique et attirante. Elle voudrait avoir plus d’amis, être plus reconnue dans son travail et surtout ne pas servir de modèle à son petit garçon dont elle traque déjà les manifestations d’isolement. Elle envie les personnes à l’aise en société tout en qualifiant leur comportement de « sur joué ». Elle est tout d’abord méfiante et s’interroge sur l’efficacité de la thérapie brève à long terme puis apparemment convaincue que l’approche peut être pertinente dans son cas, elle baisse les armes et me demande de l’aider à devenir plus sociable grâce à des…. « trucs » de communication. Je lui demande si c’est ce qu’elle veut vraiment, devenir comme les personnes dont elle trouve le comportement stéréotypé ? Elle sourit, elle est sensible à l’humour. Je lui propose alors d’observer d’une part comment font ceux dont elle admire l’aisance et d’autre part sa propre attitude en société. En d’autres termes, comment peut-elle apprendre des comportements plus adéquats pour atteindre ses objectifs tout en conservant précieusement sa façon d’être ? En effet, elle possède une personnalité analytique fine et caustique qui doit être davantage mise en valeur qu’étouffée parce qu’elle la singularise et qu’assumée elle peut devenir une force et non plus, comme elle le croit, un handicap. Elle est surprise, elle ne s’attendait pas à ce recadrage mais elle est touchée et la relation thérapeutique est alors installée. 

C’est le respect du patient dans sa vision du monde, dans son envie d’aller à tel endroit et pas à tel autre qui donne toute sa valeur à la thérapie brève. Cependant, les personnes qui choisissent l’approche de la thérapie brève le font parfois pour éviter l’émotionnel, ils sont pragmatiques et souhaitent simplement ne plus souffrir. C’est au thérapeute de ne pas tomber dans le piège d’être une tentative de solution comme une autre et de restaurer la place des émotions dans la thérapie. Quant à Alice, à force de vouloir devenir quelqu’un d’autre, elle s’était éteinte et ce qui est touchant c’est qu’au fur et à mesure des séances, elle a embelli sans aucun artifice. Une fois qu’elle a compris que ce n’est pas en « changeant de peau » mais en corrigeant certains comportements  qu’elle améliorerait sa situation, elle a décidé de recentrer l’objectif de la thérapie brève sur «être plus écoutée dans son milieu professionnel » sachant que par effet « boule de neige » le changement qu’elle obtiendra dans ce domaine rejaillira sur tous les autres de sa vie.

Catherine Lemoine (Interactes)

 

 

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