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Conseils de psy

Quand la jalousie devient pathologique

/ Par Egide Altenloh / Problèmes de couple

Quand la jalousie devient pathologique

La jalousie est une émotion difficile qui a des répercutions tant chez la personne jalouse, chez les « victimes » qu’au niveau de la relation. Être jaloux, de façon modérée, est normal. Tout le monde ressent la jalousie à un moment ou à un autre de sa vie. Elle fait partie de notre répertoire de maux nécessaires.

La jalousie a été sélectionnée dans nos possibilités de ressentis pour plusieurs raisons. Pour la psychologie évolutionniste, il y a le maintien de l’accès à un partenaire sexuel de qualité. Dans une perspective évolutionniste, la survie de soi et de l’espèce est un facteur clé de la sélection des caractéristiques des organismes. Outre la reproduction, il y a aussi la survie en soi et d’autres critères, comme les ressources financières, la protection, le temps peuvent aussi entrer dans la balance.

La jalousie n’est pas à confondre avec l’envie. Être envieux est se considérer comme la dernière roue du carrosse, en fin de chaine dans les avantages que la vie peut nous apporter par rapport à quelqu’un d’autre. Être jaloux est la crainte de perdre l’amour ou les faveurs d’une personne chère à notre coeur au bénéfice d’une autre personne. Les gens qui tombent souvent amoureux de personnes indisponibles éprouvent souvent les deux émotions.

De plus, la société attend de nous que nous soyons jaloux un minimum. Il y a une convention sociale qui la formule explicitement : si on n’est pas jaloux, c’est qu’on n’aime pas vraiment. Cette convention est écrite sur base d’une vision très limitée de l’amour : l’autre est une propriété personnelle.

La jalousie n’est pas un problème en soi, elle peut le devenir si on n’y prend pas garde et qu’on s’engage dans la voie dangereuse de la jalousie pathologique ou de la jalousie extrême. 

Différents facteurs peuvent entrer en résonance et déboucher sur une jalousie extrême.

 

La Jalousie Morbide

Aimer son partenaire est ce que l’on souhaite à tout le monde. Être aimé en retour est ce que chacun de nous souhaite au plus profond de son coeur. Perdre cet amour, même en imagination, peut être particulièrement douloureux. Mais cette douleur est normale. La jalousie morbide, elle, est pathologique. La jalousie morbide est un symptôme qui se manifeste par des pensées irrationnelles et obsessionnelles à propos d’une infidélité possible de la personne aimée, qu’on soit ou non en relation avec elle (un/une ex peut être le centre d’une jalousie morbide) et débouche souvent sur des passages à l’acte inacceptables voir extrêmes et dangereux. Les hommes sont souvent plus touchés que les femmes par ce type de pathologie. 

 

La chimie de la jalousie

l’ocytocine, l’hormone de l’amour, ou du lien ou tout autre nom qu’on lui donne, est une hormone qui se déclenche et s’entretient dans les relations affectives. Il apparait que cette hormone aura des répercussions différentes sur l’organisme en fonction du contexte qui la déclenche. Si nous sommes aux prises avec des pensées négatives et alarmistes ou encore dans une situation où nous nous percevons comme vulnérables, cette hormone va déclencher une certaine agitation qui peut déboucher sur des crises de jalousie ou rendre les personnes envieuses. 

 

La guerre des sexes

Sans que ce soit une règle ou un absolu, les hommes et les femmes ne sont pas logés à la même enseigne concernant la jalousie. Autant pour l’homme, une infidélité sexuelle le mettra en rage, qu’une femme aura le sang en ébullition si son partenaire lui est infidèle sur le plan émotionnel.

 

Jalousie et attachement

On a pu constater que les personnes se revendiquant comme autonomes ou relativement timides socialement, réagissaient plus fortement aux situations d’infidélités sexuelles qu’émotionnelles. Les personnes se dérivant comme ayant un fort besoin d’intimité avec leur partenaire réagissaient selon le pattern inverse.

 

Les manifestations de la jalousie

Les hommes et les femmes ne vont pas manifester leur jalousie de la même façon. Autant l’homme fonctionnera un peu comme un cowboy marquant (bijoux, etc.) protégeant (enfermement, agressivité, etc.) ou surveillant (suivi GPS) sa propriété, que la femme aura des réactions toutes différentes. Chez elle, l’agressivité se marque plus dans la parole, tant vis-à-vis de son partenaire que de la « pouf » incriminée, mais en plus, elle aura plus souvent tendance à déprimer et à se considérer comme responsable si une infidélité a lieu.

 

Que faire si on ressent de la jalousie ?

Tout d’abord, éviter de passer votre partenaire à l’interrogatoire, lumière dans le visage, comme dans un vieux film policier … chaque semaine. 

S’il n’y a pas de raison objective de s’inquiéter pour votre relation, si votre partenaire n’est pas un manipulateur ou n’a pas une réputation de coureur de jupons (qu’il soit très vigoureux sexuellement n’implique pas de l’infidélité), la raison de ce sentiment est à trouver dans vos propres peurs. L’abandon ? Le rejet ? Les conséquences d’une vie seule ? Les raisons sont multiples et sont propres à chacun. À vous de trouver les vôtres. 

Ensuite, passez un peu de temps avec vos sentiments, sans essayer de les refouler, sans agir impulsivement non plus, pour vous permettre d’apprendre pourquoi ils sont là. 

Souvent, la première étape est d’apprendre à laisser un peu de place à ces sentiments. Voici un petit truc que vous pouvez facilement appliquer pour commencer votre entrainement :

  • Fermez les yeux
  • Respirez tranquillement, sans changer quoi que ce soit
  • Observez, sans réagir, ce qui est présent dans l’instant : vos sensations, vos sens.
  • Rappelez-vous un événement récent où vous avez ressenti de la jalousie. Rappelez-vous-en en détail. 
  • Laissez émerger les sentiments qui se présentent, tout ce qui se présente, sans sélectionner quoi que ce soit.
  • À l’inspiration : faites un peu de place à ces sentiments, comme si l’air pouvait passer tout autour, doucement.
  • À l’expiration : laisser-aller votre lutte contre ces sentiments, arrêtez de vous battre, juste quelques instants, avec eux.