/ Par info psy.be / Enfants
Une petite fessée n'a jamais fait de mal à personne. Voire!
La raison de ce paradoxe est simple. Les enfants qui ont été frappés dès leurs premiers mois ou leurs premières années et qui ont vu que leurs copains l'étaient également n'ont aucune raison de penser que ce ne soit pas un usage normal puisque tous les parents le pratiquent et que tous les enfants le subissent. D'autant plus que ceux qui les ont frappés étaient les êtres auxquels ils étaient le plus attachés et qui étaient leurs modèles. Et la plupart d'entre eux gardent toute leur vie l'idée qu'il n'y a pas d'autre moyen d'éduquer les enfants puisque c'est ainsi qu'ils ont été élevés et qu'ils sont devenus ce qu'ils sont. Ceci explique, bien sûr, que l'usage de battre les enfants se soit perpétué pendant des millénaires
Est-ce à dire que les coups qu'ils ont reçus ne leur ont pas fait de mal ?
De multiples études ont montré les conséquences destructrices de la violence éducative sur la santé physique et mentale des enfants. Le site de l'association Ni claques ni fessées en énumère un bon nombre.
Mais je ne voudrais attirer l'attention ici que sur un seul point.
Le simple fait de trouver normal qu'on frappe les enfants est-il... normal ?
Nous serions outrés si, pris en flagrant délit d'infraction grave au code de la route, un policier nous envoyait une claque. Pourtant, la faute commise dans ce cas pourrait avoir des conséquences autrement plus graves que les “caprices” pour lesquels nous giflons nos enfants. De même, nous serions outrés si nous surprenions un membre du personnel d'une maison de retraite en train de gifler une personne âgée qui, comme le font les enfants, refuse de manger ou de s'habiller. Pourtant la raison de ce comportement est souvent commune aux enfants et aux personnes âgées : l'âge (jeunesse dans un cas et vieillesse dans l'autre) et l'état du cerveau (immaturité dans un cas et dégradation dans l'autre).
Pourquoi trouvons-nous la gifle normale sur la joue d'un enfant et scandaleuse sur notre joue ou sur celle d'une personne âgée ? Tout simplement parce que nous avons été habitués depuis notre enfance à voir frapper les enfants. Dans les pays où l'on trouve normal et même bénéfique de frapper les femmes et où les enfants voient leur père frapper couramment leur mère, le fait de frapper les femmes est transmis de génération en génération comme un fait normal. Et il en va de même de l'excision, là où elle se pratique couramment : on y considère comme normal pour une petite fille d'être excisée et ce sont celles qui ne le sont pas qui sont “anormales”.
Il faut bien voir que, dans tous ces cas, l'habitude provoque une véritable mutilation de la sensibilité, un blindage. Et cette insensibilisation est une perte en humanité, une perte en intégrité.
Si 'une bonne fessée n'a jamais fait de mal à personne', pourquoi appelons-nous cruauté le fait de frapper un animal, agression le fait de frapper un adulte et éducation le fait de frapper un enfant ?
info psy.be
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