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L'alcoolisme, une maladie incurable? Pas si sur...
Qu'est ce que l'analyse transactionnelle ?
Le modèle est relativement récent puisqu'il date des années '60. Il a été construit au départ par Eric BERNE, un psychiatre désireux de guérir ses patients à moindres frais. La psychanalyse, en vogue à l'époque, était selon lui fort onéreuse étant donné la longueur du traitement. D'autres auteurs sont venus par la suite ajouter de nouveaux concepts à ce qui avait déjà été construit pour former ainsi un modèle dynamique à mi-chemin entre le modèle psychanalytique et le modèle comportemental.
Les auteurs partent d'une idée générale que les gens choisissent eux-mêmes leur « destinée » ou « scénario de vie ». Pour s'acheminer vers le dénouement de leur scénario, les gens vont s'engager dans certains « stratagèmes » dans lesquels ils vont « jouer » avec d'autres partenaires. Claude STEINER fait d'ailleurs un parallèle intéressant entre le concept de « scénario » ou « script » et les grandes tragédies grecques dont la plus connue, Œdipe-Roi. Tout comme Œdipe, l'être humain marche vers sa destinée jusqu'au dénouement final comme si tout était écrit à l'avance. En partant du principe que chacun d'entre nous écrivons ce scénario, nous pouvons alors changer les acteurs, principaux ou figurants, l'intrigue et préparer ainsi la scène finale que nous seuls aurons choisie. Le scénario prend ses racines dans l'enfance ; ce sont les messages, verbaux et non-verbaux, qui nous ont été transmis à cette époque qui vont jeter les premières bases de notre histoire. Nous allons ainsi, en tant qu'enfant, « décider » certains comportements afin de répondre à nos besoins de cette période. Mais si nous avons appris que papa se mettait fortement en colère lorsque nous posions une question, cette attitude est-elle encore adéquate lorsqu'on est adulte ? Une règle qui rappelle le modèle psychanalytique est que le parent du sexe opposé dira « ce qu'il faut faire » tandis que le parent du même sexe dira « comment le faire » et donnera ainsi le programme, une sorte de mode d'emploi destiné à répondre aux messages transmis par le parent du sexe opposé. Ceci est particulièrement intéressant chez les alcooliques…
Que viennent dire les gens qui se présentent à une consultation psychologique ? « Ca n'arrive toujours qu'à moi… », « Ce n'est pas de ma faute… » ou encore « oui, mais… ». L'A.T. permet à la personne de redevenir l'auteur de son propre script. Ce modèle a aussi l'avantage d'être clair et transparent. Ainsi, on peut très bien expliquer le concept du scénario et demander à la personne quel est, d'après elle, le sien.
Mais alors, 'A quoi jouent les alcooliques ?'
Claude Steiner définit trois types de stratagèmes : « Ivre et Fier », « Fine Bouteille » et « Sac à vin ». Chacun de ces stratagèmes se joue avec des partenaires spécifiques. Dans « Ivre et Fier » par exemple, on rencontre un Alcoolique, un Sauveteur et/ou un Persécuteur et/ou une Poire. Chacun des stratagèmes a aussi son propre dénouement. Si dans « Ivre et Fier », le but est de jouer au « raté », le but de « Sac à Vin » est d'être malade et ce sont ces derniers qui se retrouvent avec toute la panoplie de maladies que nous connaissons à beaucoup d'alcooliques : cirrhose du foie, polynévrite, encéphalopathie, etc…
Les messages les plus fréquents que la personne alcoolique a reçus dans son enfance est « ne pense pas » et « tu n'es rien ». Il y en a bien entendu d'autres… à chacun son scénario. Un patient alcoolique que j'ai suivi quelques temps à la Clinique me racontait que sa mère n'avait pas arrêté de le dénigrer en lui préférant son jeune frère alors que son père était lui-même alcoolique… Un autre patient que je suis actuellement en consultation privée me parle d'une mère envahissante sur le plan affectif au point que ses propres besoins en deviennent étouffés et d'un père alcoolique et violent… A tous les deux, maman leur a dit ce qu'ils devaient faire et leur père leur a dit comment il fallait le faire.
En aidant l'alcoolique à écouter ses propres besoins, surtout ceux qui n'ont encore jamais été satisfaits, et en l'aidant à abandonner son scénario, la personne alcoolique peut décider de redevenir « indépendant » de sa bouteille. Il peut se réapproprier ainsi sa vie et se permettre de prendre soin de lui.
Conclusion
Si l'on parle d'alcoolisme en tant que scénario, est-il encore adéquat d'en parler en termes de maladie… ? Ne risque-t-on pas justement de tenir la personne coincée dans son scénario en lui parlant en ces termes ? Et les Alcooliques Anonymes dans tout ça ? Ils crient haut et fort qu'ils souffrent d'une maladie dont on ne guérit pas. Ils se prétendent encore alcooliques après parfois dix ans d'abstinence. Un groupe A.A. n'est-il pas un autre moyen de chercher d'autres acteurs pour continuer un scénario ? On y retrouve bien souvent une Poire (« Félicitations, tu ne bois plus depuis autant de temps »), un Persécuteur (« Quoi, tu as replongé ? ! »), un Sauveteur (« Tu vas voir, on va te tirer de là ! ») et parfois un Ravitailleur (« allez, bois un petit coup »).
L'A.T. n'est pas le seul outil permettant d'aider les personnes alcooliques. La PNL peut se montrer intéressante. Et pour ceux qui n'ont aucune envie d'arrêter de boire et qui sont donc loin d'avoir l'envie d'avoir envie d'abandonner un quelconque scénario ? Il existe pour cela les entretiens motivationnels. Encore faut-il évidemment amener la personne à rencontrer quelqu'un qui connaisse cet outil… Mais la base de cette technique est relativement simple : il s'agit principalement de laisser la personne libre de ce qu'elle souhaite pour elle-même. Le but est de l'amener à considérer sa dépendance à l'alcool comme un problème pour elle. Il suffit de se rappeler que la personne alcoolique cherche comme partenaires des Poires, des Persécuteurs, des Sauveteurs et des Ravitailleurs pour comprendre que la meilleure façon d'aider une personne alcoolique est de la laisser libre de ses choix. Et de toutes façons, la psychothérapie n'a jamais sauvé personne mais aide la personne à se sauver elle-même… A méditer…
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