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Conseils de psy

Le Burn-out parental ; quand être parent devient insupportable.

/ Par Dimitri Haikin / Vivre ensemble

Le Burn-out parental ; quand être parent devient insupportable.

Le Burn-out parental concerne de plus en plus de parents en Belgique. Cette maladie des temps modernes toucherait environ 5% des parents aujourd'hui. Surtout des mamans épuisées par leurs obligations parentales et qui, petit à petit,  perdent le plaisir des moments à passer avec leurs enfants.  Ne pouvant plus faire face au stress, elles redoutent même de les retrouver ! La moindre tâche avec l'enfant devient une corvée qui peut mener jusqu'au dégoût et à l'amer regret d'être devenu parent. Voici un article pour mieux cerner les enjeux de ce phénomène.

Comment s'installe le Burn-out parental ?
Exactement comme lors d'un Burn-out professionnel, la maladie s'installe progressivement, on ne le voit pas venir directement.  Elle brûle lentement mais sûrement toutes les réserves de patience et de prise de recul par rapport aux évenements de la vie quotidienne. Elle épuise et gangrène le moral.
Le Burn-out parental n'a rien à voir avec un baby-blues ou une dépression post-partum, il peut survenir n'importe quand. Il s'agit d'une véritable overdose du quotidien conséquente à un trop plein de contraintes et de responsabilités parentales. C'est souvent le symptôme d'un déséquilibre familial global et de l'absence de relais dans la prise en charge des enfants.

Elle se traduit par des symptômes, qui chaque jour, gagnent un peu plus de terrain sur le parent ; 

- fatigue de plus en grande pouvant mener jusqu'à l'épuisement physique (et sommeil perturbé et non-réparateur)
- seuil de tolérance de plus en plus en bas et nervosité grandissante (instabilité de l'humeur)
- sentiment d'impuissance de plus en plus intense (sentiment d'être toujours plus débordé sans trouver de solutions...)
- epuisement émotionnel (avec des hyper-réactions émotionnelles de tristesse : pleurs incontrôlés ou de colère : cris, tapes, fessées ou envies de ce type)
- hyper-anxiété (toute pensée anticipatoire liée à l'enfant génère des tensions parfois jusqu'à l'angoisse)
- sentiment de dégoût grandissant à l'idée de devoir s'occuper des enfants (sentiment d'être comme emprisonné dans un rôle parental dont on ne peut s'échapper)
- sentiment de profonde solitude, de culpabilité et de honte face à la récurrence de telles pensées (avec comme conséquence une perte de l'estime de soi)
- peur de sa propre violence, de perdre le contrôle vis à vis de leurs enfants (avec fantasmes vécus comme monstrueux et inavouables : envie de tout plaquer, de quitter le domicile et de partir loin, voir de mort...)
- baisse de la libido et du désir sexuel (la sexualité est alors vécue comme une corvée supplémentaire)

Y-a-t'il un profil type à risque de Burn-out parental ?
Oui, il y a certainement deux profils qui se distinguent assez nettement ;

  • Soit des mères qui portent énormément de responsabilités dans leur vie. Ces femmes "débordées" ont une "double vie" qui ne leur laisse que peu de repis : vie professionnelle particulièrement exigeante et vie familiale où elles gèrent beaucoup trop de choses seules ou pas assez accompagnées par leur conjoint plutôt "absent" ou "passif". Elles sont la plupart du temps perfectionnistes et ont de nombreuses croyances qui les empêchent bien souvent de déléguer ou de demander de l'aide.
     
  • Soit des mères célibataires ou séparées qui se sentent coincées dans leur vie et qui n'ont pratiquement pas de temps à elle pour souffler. Elles n'ont pas de relais et doutent souvent de la légitimité de leurs interventions éducatives et de leur autorité parentale. Elles se sentent affreusement seules et dépassées par les comportements de leurs enfants, souvent en bas âge. 


Comment en sortir ?
Un parent en situation de Burn-out parental a absolument besoin d'écoute et de soutien afin de lui permettre de libérer la parole par rapport à ce qu'il vit. En consultant un psychothérapeute,  il va pouvoir sortir de sa solitude par rapport à son vécu et sentir un premier soulagement. Il est très important de déculpabiliser le parent et de l'autoriser à ressentir ce qu'il vit. C'est une maladie qui est le résultat d'un déséquilibre dans l'agencement de son espace-temps. En thérapie, on va donc minutieusement identifier les différents facteurs de ce déséquilibre et chercher ,en priorité, des solutions pratico-pratiques pour petit à petit, alleger le poids, la charge à porter. A cet égard, nous aurons souvent besoin de la présence du conjoint pour lui faire prendre conscience de la maladie, lui demander de l'aide pour mieux vivre le quotidien et restaurer une éducation basée sur une co-reponsabilité parentale responsable et plus équilibrée.
Nous mettons souvent en place également un cahier de charges équitables pour les enfants. Ce n'est pas aux parents de tout faire à la place des enfants. Il faut donc les responsabiliser et aussi les confier de temps à autres aux grands-parents ou baby-sitters.

Durant la psychothérapie, le parent en Burn-out va devoir apprendre des choses essentielles : identifier clairement et respecetr ses besoins personnels, oser demander de l'aide, faire des demandes claires, ne plus faire à la place de l'autre, lâcher le contrôle, oser déléguer et s'octroyer du temps pour des activités personnelles sans culpabiliser et sans y déroger ! Nous lui enseignons aussi de nouvelles ressources pour mieux faire face au stress, comme la cohérence cardiaque ou la méditation.
Enfin le travail visera également à redonner au parent, la confiance dans ses compétences parentales et la conviction qu'il n'est pas un "mauvais" parent.

Dimitri Haikin
Psychologue-Psychothérapeute