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Conseils de psy

Le consommateur, l'épargnant et le contribuable.

/ Par info psy.be / Mal-être

Le consommateur, l'épargnant et le contribuable.

Un des premiers JT de 2008, sur notre chaîne nationale disait déjà en substance ceci : « Le Belge a le moral en baisse : son caddy de décembre 2007 était nettement moins fourni que celui de décembre 2006 ! » Et s’en suivait un petit reportage sur la difficulté de le remplir, nous montrant un brave homme se plaindre qu’il ne pouvait plus qu’acheter des produits de première nécessité, tout en déposant au fond son fameux caddy des paquets de chips bas de gamme et de l’eau en bouteille, qui ne coûte que 300 fois plus cher que l’eau du robinet, il suffirait de calculer !

Je m’interroge : est-ce que mon caddy est vraiment un bon baromètre de mon moral ? Si les temps sont durs, et certes ils le sont sur un plan strictement économique, cela doit-il automatiquement atteindre mon bonheur ? Ne suis-je qu’un portefeuille, un acheteur dont le plaisir ne se mesure qu’à son pouvoir d’achat ? L’argent fait-il vraiment le bonheur ? Si les cordons de la bourse sont un peu tendus pour le moment et peut-être à jamais, cela veut-il dire d’office que je vais devoir renoncer au plaisir ? « On va devoir faire des efforts » nous dit-on. Pour tant de gens, le plaisir est synonyme de dépense, de consommation. « Je m’ennuie un peu ce samedi après-midi, tiens, si j’allais faire un tour des magasins ? » « J’ai le moral en baisse, je vais donc acheter quelques vêtements… » Et ainsi de suite. Un exercice que je propose parfois dans le cadre du travail de développement personnel consiste à s’offrir « un plaisir par jour ». La réponse fuse : « Ohlalaa, ça va me coûter cher ! »

Oui, la bourse est un peu malade, on nous le dit tous les jours, il est donc plus que temps de se poser la question du lien bien trop immédiat que nous faisons entre bonheur et finances. Non, les chips et l’eau en bouteille ne sont ni des produits de première nécessité, ni des objets de plaisir, on peut parfaitement bien s’en passer sans tristesse ou les remplacer par d’autres délices, bien moins chers au kilo ou au litre ! Nous avons peut-être grandi dans ces années excitantes de l’explosion de la société de consommation, mais il est temps, en ce qui concerne le plaisir, de changer son fusil d’épaule !

Il n’est pas nécessaire d’avoir une grosse voiture pour être un chic type, et encore moins de la laver toutes les semaines à l’eau potable. Il n’est pas indispensable de coller à la mode pour être une jolie femme, ni d’envahir la salle de bain de produits à l’efficacité douteuse et qui coûtent aussi cher que du caviar (regardez le prix au kilo, cela fait réfléchir…). Il est inutile de traverser les océans si c’est quand même pour rester au bord de la piscine du club, d’autant plus que les rencontres de vacances ont plus de chances d’avoir un lendemain si elles sont faites près de chez nous ! Nos enfants n’ont pas tant besoin de cadeaux, mais bien plus de moments partagés avec leurs parents. Un pique-nique dans les bois ou une bonne partie de fou-rire leur feront bien plus de bien que le Xème jouet qui s’entassera dans les étagères déjà bien encombrées et qui alourdira plus encore la sempiternelle corvée dite « Range ta chambre » ! Bien souvent nous croulons sous le matériel, nous nous endettons pour un électroménager qui n’a rien d’indispensable, parce que sans y réfléchir, nous associons bonheur et possession matérielle. La publicité nous le martèle à haute dose, nous serons puissants au volant de cette voiture, nos enfants ne tomberont pas malades grâce à ce yaourt, ce rasoir nous garantit l’aisance de la séduction et ce parfum les amours de nos rêves. A chaque fonction ménagère, un nouveau produit nous offre le bonheur absolu : pour laver, à chaud, à froid, à sec, le clair, le foncé, le noir, les couleurs, pour adoucir, assouplir, rincer, désincruster, raviver, faire briller, détartrer, protéger, lustrer, rajeunir, nourrir, et que tout cela sente bon !  STOP !

Arrêtons-nous ! Réfléchissons ! La période des fêtes qui s’annonce avec les premiers frimas nous prépare un discours dépressif sur le consommateur malheureux qui va devoir se priver de foie gras ou de champagne, et quelques interviews prévisibles où se plaindront les parents qui pensent faire le bonheur de leurs enfants à coups de consoles de jeux, et le leur avec des guirlandes clignotantes et énergétivores, nous les entendons déjà ! Cette identité de « consommateur » me convient-elle vraiment ? N’est-il pas temps de me rappeler que je suis peut-être aussi, et sans doute bien plus, un parent concerné, un conjoint aimant, un sportif joyeux, un citoyen engagé, un amoureux de la nature, un voisin attentionné, un artiste en devenir, un roi de la récup, un bricoleur de génie, un visiteur de malade, un musicien amateur, un ami bienveillant… Tournons-nous les uns vers les autres, parlons-nous, rions ensemble, jouons avec nos enfants, racontons-leur des histoires, relisons les livres oubliés, lançons-nous dans le théâtre amateur ou l’artisanat, inventons, créons, chauffons-nous moins et couvrons-nous plus, redécouvrons les bienfaits de l’exercice physique, passons du temps dans la nature, promenons-nous dans les bois, tant que la Bourse n’y est pas, marchons plus et roulons moins, faisons l’amour et pas les courses ! Tout cela ne coûte pas bien cher, procure tant de plaisir et contribue grandement à notre bien-être!

Marie Andersen
 

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