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Les désordres amoureux et le corps

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Les désordres amoureux et le corps

Identification au Soi sexué

Troisième élargissement de la notion de puissance orgastique: Lowen élargit la notion de sexualité par rapport à la génitalité. Une part de la sexualité est non génitale et se satisfait de sensations sexuelles. Elle suppose que l’on soit en contact avec ses organes génitaux mais ne se limite pas à cela,  elle est ressentie dans tout le corps.

Il s’agit ici d’être une personne sexuelle, qui s’identifie avec la nature sexuelle de son être.

Beaucoup de gens n’ont pas cet espace des sensations sexuelles. Dans celles ci la personne ressent ses organes génitaux présents.”Pour moi une personne sexuelle, décrit une personne consciente de sa sexualité, mais qui n’en est pas embarrassée.Ce genre de personne a le sens d’elle même en tant qu’homme ou femme”(3)

Dans l’expérience du  Soi sexué on éprouve  la sexualité comme elle était vécue dans la toute petite enfance , c’est à dire qu’elle est non différenciée des autres expérience, et  participant  du sentiment lui même d’être vivant.”Etre en vie, c’est être sexuel, être sexuel, c’est être en vie” (3)(page 26). Avec l’avènement du Moi, à partir du Soi rudimentaire de la petite enfance, cette unicité est partiellement rompue. Le Moi va affirmer sa domination sur le corps et ses actes. Mais, dit Lowen elle devrait se retrouver à un niveau supérieur de développement dans la sexualité. Dans ce troisième temps, le Moi qui objeïfie l’expérience doit pouvoir s’effacer pour laisser la place au Soi, et retrouver cette expérience: “être en vie c’est être sexuel” . La génitalité s’enracine dans ces sensations sexuelles, dans le soi sexué.

Les individus dissociés de leur Soi, vont rechercher l’activité génitale pour retrouver les sensations sexuelles.

Toutes les structures caractérielles, tous les troubles de la personnalité entraînent une altération de cette unité et une perturbation du rapport au Soi .

Etre sexuel va de pair avec l’identification au corps, avec une certaine fierté du corps et l’acceptation des réponses de son corps. Cela suppose être relié à son énergie sexuelle.

La sexualité limitée à l’excitation génitale dit Lowen ne peut engendrer que pornographie.

 

Le complexe d’Oedipe

L’expérience oedipienne est primordiale pour l’aboutissement à un personnalité mature, identifiée au Soi. Le conflit oedipien dit Lowen est la clef pour comprendre les désordres amoureux. Bien sur, pour Lowen, l’histoire pré génitale a elle aussi son importance déterminante. Le premier objet d’amour de l’enfant est sa mère. C’est avec elle qu’il vivra un lien d’attachement capital pour son advenir d’adulte amoureux. Elle détermine entre autre la façon dont l’objet oedipien va être investi, et la capacité d’affronter la situation oedipienne.

Mais venons en à l’oedipe.

L’avènement du Moi concorde avec la phase génitale, dans laquelle pour la première fois, la sexualité se différencie des autres sensations. C’est le moment de l’émergence des désirs incestueux dit oedipiens.

En analyse bioénergétique nous portons notre attention sur la dimension physique des conséquences psychologiques et émotionnelles liées à ces expériences. Le refoulement et la suppression des sentiments, et en particulier des sentiments sexuels est sous tendu par des tensions pelviennes. La suppression du sentiment douloureux du rejet ou de la blessure d’amour est sous tendue par des tensions thoraciques autour du coeur. Toutes ces défenses (le caractère) altère durablement la relation du moi au Soi, sont la concrétisation d’une lutte contre soi, qui nous pousse à répéter l’histoire douloureuse.

D’une manière générale les tensions et les contractions éteignent le corps et brisent l’identification à son être sexuel. D’une maniere générale encore, pour Lowen parceque l’oedipe aboutit le plus souvent à un expérience très pénible, voire traumatique, les défenses mises en place créent les conditions d’une peur de vivre. Cette peur de vivre caractérise notre époque, c’est ce que lowen développe dans son livre “La peur de vivre” écrit en 1981.  En conséquence de son expérience oedipienne dit Lowen “l’individu névrosé a peur de la vie, de s’abandonner à la vie en lui...La personne névrosée a peur d’ouvrir son coeur à l’amour, peur de tendre la main, peur de s’affirmer, peur d’être pleinement elle même. En ouvrant notre coeur à l’amour, nous devenons susceptibles d’être blessés, en tendant la main nous devenons susceptibles d’être rejetés, en nous affirmant, nous devenons susceptibles d’être brisésA partir de la “se sentir davantage en vie, éprouver davantage de sensations fait peur”.(4)

 

La tâche oedipienne

Virginia Winck-Hilton, une bioénergéticienne de la première génération après Lowen élargit  et complète la comprehension de l’enjeu de la phase oedipienne. Elle développe sa conception dans un article “Travailler avec le transfert sexuel” (3) en 1986. Elle est de mon point de vue encore très actuelle.

Que dit elle? Avec l’oedipe il s’agit pour l’enfant de réaliser une triple tâche: l’établissement de l’identité sexuelle, la reconnaissance et la confirmation de sa sexualité et de ses sentiments sexuels, et le détachement de l’objet oedipien et la possession de ses sentiments sexuels et désirs.

 Pour accomplir cette tâche l’enfant a besoin de certaines conditions qu’elle formule ainsi: “Le parent objet des désirs, est en sécurité dans sa sexualité, (c’est déjà tout un programme!), ses besoins sont satisfaits, (dont le besoin de reconnaissance) et il n’a aucune attente vis-à vis de son enfant, son message est clair et sans ambiguïté: “ Je confirme , j’accepte, et je me réjouis de ta sexualité, je n’ai pas peur de tes sentiments et je n’attends rien de toi pour satisfaire mes besoins; et j’insiste  catégoriquement et sans aucune équivoque sur le fait que je ne suis pas disponible. Tu peux donc avoir tes sentiments à toi et les vivre en toute sécurité.

(4)Lowen. »La peur de vivre » Tchou 1981

 Je soutiens de tout coeur ton mouvement pour trouver dans le monde l’objet adéquat pour ta passion et ton amour”. (5) Le parent rival, dans la situation idéale, comprendt la projection de la menace. Se sentant en sécurité (dans sa sexualité), il peut envoyer le message suivant: “Je trouve du plaisir dans notre ressemblance et notre similarité (s’il s’agit du parent du même sexe) et je me réjouis de la puissance de ta sexualité. Je te soutiens dans ta confrontation avec l’objet de ton désir maintenant, j’éprouve de la compréhension et de la compassion pour le rejet et la perte dont tu vas faire l’expérience, et je me réjouirai de te voir évoluer pour trouver ton bonheur et ta réalisation”.(5) Inutile d’insister sur le fait que « peu d’être humains vivent quelque chose qui ressemble de près à cela avec leurs parents»,  ajoute t’elle. 

 

Pour la reconnaissance et la confirmation de sa sexualité l’enfant besoin que soit confirmé  par les parents qu’il est une personne sexuée, qu’il tu est attirant, et que ses sentiments sexuels sont bons. Les parents ne peuvent donner cette reconnaissance que s’ils sont eux même en sécurité dans leur sexualité, en contact avec leur énergie sexuelle,  s’ils savent se réjouir de la sexualité de leur enfant sans s’y impliquer et s’ils ne se sentent pas menacé par les sentiments de rivalité de l’enfant. Au lieu de cette reconnaissance la plupart des enfants se retrouvent soit punis, plongés dans la honte, disqualifiés, rejetés, ignorés, surinvestis, dragués ou abusés plutôt que reconnus ou confirmés. C’est pourquoi nous cherchons inconsciemment à recréer la situation originale pour obtenir ce qu’on n’a pas reçu ou pour réparer le mal qui à été fait, et pour certains c’est ce que nous allons chercher en thérapie, le plus souvent sans en avoir conscience. C’est notre tâche de thérapeute de donner cette reconnaissance. Cette reconnaissance n’est pas seulement une question de mots à dire, elle suppose que les mots expriment une réalité, c’est à dire que étant relié à son énergie sexuelle, le/la thérapeute peut voir et reconnaitre celle de ses patient(e)s sans s’y impliquer. On peut comprendre par là qu’un des leviers thérapeutiques de la psychanalyse est le fait que l’analyste par ses interprétations et interventions reconnait et accepte les désirs de ses analysants.

Comme Lowen ,Virginia Winck considère que les problèmes oedipiens des enfants reflètent ceux des parents, et que si, si peu d’entre nous ont eu la reconnaissance nécessaire à la résolution de l’oedipe, c’est parceque nos parents ne l’ont pas reçue.

 

 (5) « Working with sexual transference » in « Le Corps et l’Analyse, Revue de la Société Belge d’Analyse Bioénergétique » Special Edition-8th International Conference May 25  31,1987, Ed. SOBAB, vol.3, N°1, printemps 1987,( page 507-528 )

 

6) Oedipe un problème de l’homme moderne ?

Toujours dans « la peur de vivre » Lowen pose la question de l’origine de cette situation qui fait que l’oedipe pose problème. “Le désir sexuel de l’enfant pour un parent est une expression naturelle de sa vitalité” (4)dit il. Les sentiments sexuels incestueux des enfants pourraient, comme les dents de lait, s’estomper avec son évolution. Il reprend les termes de Freud:“L’épanouissement précoce de la sexualité infantile devait avoir une très courte durée, en raison de l’incompatibilité des désirs qu’il comportait avec la réalité et avec le degré de développement insuffisant que présente la vie infantile. Cette crise s’est accomplie dans les circonstances les plus pénibles et était accompagnée des sensations les plus douloureuses”(6) Pourquoi une expérience structurante pour le psychisme humain est elle traumatique. Bien sur, pour une part, Freud le mettait en évidence, les sentiments oedipiens sont le terrain d’une forte ambivalence avec les sentiments hostiles vis à vis du/de la rivale.

(6) Sigmund Freud: “Au delà du principe de plaisir”.

L’ambivalence est difficile à soutenir, par essence, et demande un certain travail psychique. Reich estimait que la tendance culturelle de fond, de rejet, d’hostilité et de honte vis-à vis de la sexualité pèse de tout son poids pour rendre l’émergence de la sexualité traumatique, et donc l’expérience oedipienne menaçante.

Lowen a une hypothèse supplémentaire. Il pense que la société du 20me siècle conduit à la névrose en créant le problème oedipien:

“L’homme moderne dans le contexte occidental est un homme assujetti dans son enfance à une situation oedipienne qui le laisse en partie châtré”(4)

Son hypothèse est que pour des raisons culturelles, il y a une tendance générale des parents à rivaliser avec leurs enfants et se sentir menacés par leur sexualité d’une part et à s’impliquer sexuellement (de façon ouverte ou cachée) d’autre part. Ces sentiment ne sont pas souvent conscients.  L’enfant est tenu pour responsable de cette menace. L’enfant, qui à cause de son immaturité a déjà une propension à se croire responsable de ce qui arrive, va être poussé à supprimer ces sentiments sexuels, à se castrer, soit pour éviter la folie de l’inceste, soit par terreur de l’hostilité du parent rival. Dans cette situation, au lieu de pouvoir renoncer à l’objet d’amour oedipien, l’enfant est forcé à abdiquer sa sexualité et ses désirs. Cela constitue une réelle castration,  qui est psychologique et corporelle. La supression des sensations sexuelles se fera en anesthésiant celles-ci. par des tensions pelviennes. Celles-ci  qui coupent la sphère génitale du reste du corps et en particulier du fond du ventre ou les pulsions sexuelles s’enracinent. L’excitation génitale, si elle n’est pas elle-même entravée sera réduite  exclusivement à la sphère génitale   au mieux, au pire toute la sphère génitale sera atteinte, et l’ensemble du corps sera engourdi et anesthésié. La castration sera réalisée  par la dissociation Soi sexualité. Les armes des parents pour forcer l’abdication sont le retrait de l’amour, la rupture du contact, le regard qui fait honte, l’hostilité et la haine. L’enfant haïra en retour le parent rival qui le hait, rejetant en même temps son autorité. Souvent il se gardera de montrer ce sentiment et le bloquera, dans certains cas il sera aussi forcé de le supprimer.Dans de nombreux cas, être sexuel sera risquer l’inceste et la terreur du parent hostile.

Lowen décrit différents cas de figure et aspects de cette situation infernale pour l’enfant.

Pour Lowen c’est le résultat de la culture qui prône les valeurs de progrès, de puissance et la suprématie de Moi. Pour lui il s’agit de caractéristique d’une société patriarcale. Pendant longtemps, selon lui cette culture était celle des couches sociales élevées, mais elle s’est étendue à l’ensemble de la société  dans notre époque moderne, c'est-à-dire depuis le début du siècle. Lowen développe plusieurs éléments culturel qui conduisent à ce problème oedipien  celui que j’ai retenu est : le progrès.

Le progrès est un changement conscient se dirigeant vers le haut. “On parle d’ascension de l’homme, d’élévation de la culture,  de montée vers la réussite. Le progrès a aussi une dimension temporelle. Il implique que le neuf est toujours supérieur à l’ancien, et que ce qui est récent est supérieur à ce qui le précède immédiatement”.(4) “…Par extension cela peut signifier que le fils est supérieur au père, ou que la tradition n’est que le poids mort du passé.

Dans ce type de culture, dit il le fils est victorieux contre le père.

Il s’appuy sur l’hypothèse d’Erich Fromm et sa lecture du mythe d’oedipe qui va dans le même  sens: “Le mythe (d’Oedipe) peut être compris non comme le symbole d’un amour incestueux d’une mère et de son fils, mais comme le symbole de la révolte d’un fils contre l’autorité du père dans la famille patriarcale; que le mariage d’Oedipe et de Jocaste ne soit qu’un élément secondaire, n’est que l’un des symboles de la victoire du fils prenant la place du père et, ce faisant, s’appropriant tous les privilèges qui s’y rattachent” Pour Fromm la trilogie Oedipienne montre la lutte contre l’autorité paternelle, qui est selon lui une

(7)(Erich Fromm, Le langage oublié, Payot. Citation de “La peur de vivre” page 194)

conséquence du passage du principe du matriarcat au patriarcat. Le principe patriarcal veut que la relation de gouvernant à gouverné l’emporte sur les liens du sang et le principe d’égalité de tous les hommes, qui est porté haut dans le principe du matriarcat. Il est remplacé par la règle de l’ordre de l’autorité, de l’obeïssance  et de la hiérarchie. Le changement du principe matriarcal au principe patriarcal aurait eu lieu d’après Julian Jaynes (the origin of counsciousness, page 199) à la fin du deuxième millénaire avant Jésus Christ.

J’ai trouvé la relecture du mythe d’Oedipe d’Erich Fromm intéressante. Je ne peux pas me prononcer sur cette hypothèse qu’il y ait eu une bascule du matriarcat au patriarcat à l’aube de notre civilisation, il me semble que c’est une affaire d’historiens. Mais pourquoi pas.

Par contre l’hypothèse de Lowen que, “L’homme moderne dans le contexte occidental est un homme assujetti dans son enfance à une situation oedipienne qui le laisse en partie châtré”(4) a suscité tout mon intérêt.

Cette situation oedipienne catastrophique, qu’il décrit n’est pas une situation inconnue et nouvelle : je l’ai rencontrée en consultation comme beaucoup d’entre vous, et elle me parle de mon histoire.  Ce qui est nouveau et intéressant, c’est de penser que cette situation est très générale et le produit d’une tendance culturelle qui échappe aux personnes mais les détermine. Je suis aujourd’hui convaincue de la véracité de cette hypothèse, et convaincue que cette situation reste tout à fait actuelle. Cette révélation a éclairé une grande partie de mes situations cliniques, d’une façon ou d’une autre. Je pourrais en raconter beaucoup.

La façon de s’impliquer sexuellement avec les enfants varie de l’implication franche avec passage à l’acte, l’implication cachée, la drague sans intention sexuelle du parent gonflé d’orgueil par l’intérêt et l’admiration que lui porte l’enfant. De tels parents étant psychologiquement châtrés étant enfants, ressentent le besoin de ce genre de réconfort, qu’ils ne peuvent trouver chez leur conjoints car ils sont incapables de faire face à leurs angoisses sexuelles. Ces parents  recherchent pour eux même auprès de leurs enfants la confirmation et la reconnaissance de leur virilité/féminité

Le parent frustré se tourne  vers l’enfant  pour s’assurer de l’empathie et de l’affection, et lorsque la situation se sexualise, le danger de l’inceste devenant réel, le parent coupe le contact et l’enfant supprime sa sexualité qui devient un danger.

Des parents qui se montrent sexuellement séducteurs puis rejetant et qui conduisent par là leurs enfants au bord de la folie.

Une de mes patientes me disait sans hésitation que son père la préférait à sa mère, que sa mère le savait et que ce n’était pas un problème pour elle. La mère en question qui semblait si bien accepter la situation s’est empressée de déshériter sa fille dès que le père fut décédé.

 

7) L’analyse bioénergétique et le corps étalon

La tendance des parents de se sentir menacé par leurs enfants et en rivalité avec eux est à mon sens une donne d’aujoud’hui et de la culture du corps étalon.

Et pourtant beaucoup de parents s’évertuent à être proches et dans un rapport de copain copine. Mais justement, être proche n’est il pas une façon de camoufler la rivalité, de castrer en douce, tout en soutenant une sexualisation extérieure. Ainsi ce père qui adore aller jouer au foot avec son fils, qui se retrouve le seul adulte avec des gamins, et semble jubiler d’être encore assez vaillant, cette mère qui se décide a suivre les mêmes activités sportives que sa fille, au grand dam celle ci et de ses copines qui se sentent  envahies et dépossédées mais n’osent pas le dire car elles ne peuvent lui faire de la peine. Cette mère encore qui participe aux soirées de ses enfants et entame une liaison avec un jeune ami de ses filles. Et  cette tendance des parents à ne pas savoir mettre de limites à leurs enfants ne serait elle pas due à cette rivalité sous-jacente, impensable, qui empêche d’être ferme, car l’hostilité n’est pas loin. Autre variante actuelle, la rivalité se cache derrière une mise en avant de l’enfant sexy. Les enquêtes le montrent ce sont les mères qui font de leur filles des lolitas, ces fillettes habillées comme de vamps hypersexy. Ce sont encore les parents qui soutiennent leur fille anorexique à devenir mannequin. A défaut de pouvoir empêcher la fille d’être plus jeune et fraiche, on en fait un faire valoir de sa propre sexualité. Il pourrait en plus s’agir d’une forme subtile d’implication parentale dans la sexualité de l’enfant. L’implication sexuelle vis à vis des enfants n’est pas nécessairement visible et manifestée en actes. Si parfois elle est manifeste, elle est le plus souvent voilée ou manifestée par une attitude dragueuse des parents, ou celle de prendre son enfant comme confident de sa vie conjugale et amoureuse. Les exemples sont nombreux.

Ne trouverait on pas ici une explication à cette grande fréquence de fantasme d’abus, dont Freud avait fini par penser qu’il s’agissait de projections des désirs inconscients. Les fantasmes d’abus ne sont ils pas le résultat d’une implication sexuelle, non manifeste, mais néanmoins captée par l’enfant.

Dans un contexte du corps étalon, la jeunesse gagne doublement, car si c’est le corps sexy qui est la marque de la désirabilité, les corps jeunes sont nécesairement gagnants. Qu’à cela ne tienne, les quinquagénaires comme Rackel Welch et Cher, et une multitudes de femmes, se font refaire une jeunesse chirurgicale. Les enchères montent et ce n’est plus rare de voir des jeunes se faire refaire le visage, les seins, les lèvres, et même les lèvres vaginales. Un médecin me disait avoir entendu ahuri qu’un chirurgien avait accepté une telle opération pour une jeune fille de 15 ans. Une de mes clientes, à 24 ans avait déjà refait sa mâchoire, elle ne rêvait que de poursuivre les opérations. Les moyens financiers lui manquaient. Une autre de mes jeunes patientes se désespère de la taille de ses fesses et Britney Spears est pour elle l’idéal de la désirabilité. 

L’anorexie qui se multiplie ne serait elle pas l’expression de l’attachement à cette séduction de la fillette prépubaire, qui gagne sur la mère, et le refus de devenir la femme mûre, qui est nécessairement perdante.

Je vais m’en tenir aujourd’hui à cette ébauche et à lancer cette piste pour la réflexion…

Avoir fait ce travail m’a donné l’impression que finalement, les mœurs ont plus changé en surface qu’en profondeur, même si des choses importantes ont changé. La tendance lourde de la vision négative de la sexualité qui a prévalu depuis si longtemps continue d’imprégner les inconscients. La conjugaison de cette tendance de fond avec les modifications des moeurs depuis la  “révolution sexuelle ”, ont amené une nouvelle forme d’altération du soi sexué qu’est la sophistication sexuelle. Les peurs et les difficultés sont recouvertes par le développement de comportements libérés. Les sensations sexuelles sont amoindries et remplacée par des activités sexuelles qui tentent à être des performances. Le manque de sensations sexuelles conduit à chercher des moyens d’excitations extérieurs, comme la pornographie les offres et les pratiques sexuelles « libres » de toutes sortes, qui sont parait il à la mode.

La tendance du corps étalon est, à mon sens une forme de sophistication sexuelle dans le sens ou Lowen l’entend. Le soi est dissocié des sensations sexuelles, celles ci sont  amoindries voir absentes. Cette absence est compensée ici par l’apparence sexy du corps et/ou de la façon de se comporter. Danièle Flaumenbaum, gynécologue, confirme dans son livre «femmes désirée, femme désirante»(8)  le manque de sensations sexuelles des femmes. Elle propose des méthodes inspirées de la médecine chinoise pour aider les femmes à retrouver leurs sensations

(8)Danièle Flaumenbaum « Femme désirée, femme désirante »Payot

sexuelles. Voici ce qu’elle dit elle parle de femmes féminines, très sensuelles mais fermées.  « Au vu de ma pratique dit elle je dirais que 85 % des femmes sont dans ce cas là. Beaucoup d’entre elles souffrent d’une coupure énergétique, un véritable clivage entre le haut et le bas, l’esprit et le corps, les pensées et le cœur, le cœur et le sexe »(8)

Peut être a-t-elle lu Lowen et ne le cite pas. Le manque de sensations ne concerne pas que les femmes. Les habitudes sexuelles de beaucoup d’hommes montrent une pauvreté, et la pratique du sexe rapidement conclu n’en est qu’un des symptômes les plus courants.

Voilà un livre qui donne espoir, elle y témoigne de sa propre expérience, je terminerais en la citant :

« C’est au cours d’une nuit d’amour pendant laquelle il a mis toute son ardeur que je me suis ouverte comme je ne l’avais jamais fait. J’ai tout à coup senti son énergie qui me traversait : je l’avais accueilli. Je n’en revenais pas, je me sentais nouvelle, j’étais une autre, j’avais muté. J’étais stupéfaite de la vitalité que cette nouvelle vie me donnait et cela me paraissait insensé de n’en avoir pas eu les clefs plus tôt. Ce n’était ni dégoûtant, ni vulgaire, ni compliqué.

C’était au contraire d’une simplicité déconcertante. C’était au contraire d’une simplicité déconcertante. Mon sexe faisait désormais partie de ma vie. Je me sentais entière, normale, tout simplement. »(8)

Violaine De Clerck

 

 

 

 

 

 

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