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Les mystères du plaisir féminin

/ Par info psy.be / Sexualité

Les mystères du plaisir féminin

En première lecture, on pourrait parler d’une vaste tricherie, mais les choses sont plus complexes que cela. La simulation est la résultante de divers malentendus.

Chronologiquement, il faut reprendre les questions là où elles ont débuté, dans l’enfance puis l’adolescence. Même dans les familles libérées, le discours sur la sexualité reste inégal selon que l’on s’adresse aux filles ou aux garçons et cette différence est autant liée aux siècles de soumission des femmes qu’aux différences physiologiques, celles qui font que la sexualité vécue sans bride est plus « dangereuse » pour les filles que pour les garçons. Donc par prudence, on dit plus « Attention ! Ne pense pas trop vite à tout ça » à sa fille qu’à son fils. Les différences anatomiques font le reste, il est tellement plus simple pour les petits garçons de faire connaissance avec cet organe très atteignable que pour les filles chez qui tout est caché.

Plus tard, lorsque la curiosité sur les fonctionnements de son propre corps se réveille avec les changements hormonaux, cette différence reste une entrave, en partie par l’idée de la virginité qui, si on la voit sous son angle purement anatomique, serait peut-être perdue par des investigations trop poussées, ce qui se révèle souvent faux. Heureusement sur ce plan, les mentalités évoluent, mais les garçons restent quand même bien plus libres dans leurs explorations sexuelles que les filles. Les récentes études sur le fonctionnement du cerveau liées à la sexualité confirment ce que tout le monde savait : à l’adolescence, les garçons « ne pensent qu’à ça » ! Les filles aussi, d’accord, mais moins. Elles pensent aussi amies, études, bébé…

Une autre différence dans la découverte de l’orgasme, c’est qu’évidemment chez les garçons c’est clair ! L’orgasme est associé à l’éjaculation, ça se voit ! Et même si certaines pratiques peuvent amener les hommes à dissocier les deux, cette maîtrise est rare, peu connue et peu désirée par la grande majorité d’entre eux.

Tout cela explique que de nombreuses jeunes femmes commencent leur vie sexuelle sans trop savoir ce qu’est un orgasme… Et ce n’est certainement pas lors de leurs premiers rapports qu’elles le découvrent ! Elles ont un peu peur de cette première fois dont on parle à mots couverts, elles ont parfois un petit peu mal et sont souvent très impressionnées par cet organe mâle qui va entrer en elles, n’ayant aucune idée de la taille de leur propre vagin !

Et donc voilà notre jeune fille partie dans une sexualité débutante, où pour son partenaire, l’orgasme est une évidence, la libération d’une tension, un but en soi, alors qu’elle ressent un plaisir interne très nouveau et souvent ne sait pas très bien si « c’est ça » ou non… Et si, pour se rassurer autant sur le plaisir de sa compagne que sur ses performances d’amant, l’homme s’enquiert de cet aboutissement, que ce soit avec tact et gentillesse ou par la phrase aussi célèbre qu’idiote « Alors chérie, heureuse ? », elle qui est si soucieuse de lui plaire risque bien de lui répondre que « oui oui, tout va bien… » et l’histoire commence d’un pas boiteux, dont la suite risque de se transformer en simulation régulière. Ce malentendu est donc bien souvent assis sur une ignorance, un besoin de plaire et l’idée, pas tout à fait fausse, que ça viendra bien, plus tard, un jour…

La simulation n’est donc pas, dans un premier temps, une tricherie consciente, ni un pied de nez à l’incompétence des hommes. C’est le prix de l’ignorance, des discours moraux étouffants, mais surtout de l’absence de dialogue simple sur ce sujet (et on peut le comprendre quand on est encore tout jeune), où pour la première fois dans l’histoire des garçons et des filles, on est confronté à l’immense différence entre les sexes. Non, les filles ne fonctionnent pas comme les garçons et ici, c’est vraiment important de se découvrir mutuellement !

Aah, si seulement on pouvait aborder ce sujet dans les cours d’éducation sexuelle au lieu d’ennuyer les jeunes avec les œstrogènes et la testostérone !

On pourrait leur dire aussi combien la jouissance des femmes est complexe, nuancée, multi-facette et infiniment moins centrée sur la zone génitale que chez les hommes. Bien sûr, on peut espérer que l’expérience aidera les hommes autant que les femmes à développer leurs zones érogènes, toutes ces parties du corps qui réagissent aux caresses, à la tendresse, à toutes formes de stimulation qui contribuent à faire monter le désir et augmenter le plaisir. Mais de manière générale, ce qu’on appelle « les préliminaires » sera plus souvent pour les hommes un chemin vers le but final, alors que pour les femmes, c’est plus souvent un but en soi. Le bonheur EST plus dans le chemin pour une femme, alors que le chemin MENE au but pour un homme, bien que tout cela évolue et se nuance avec les années et l’expérience. Heureusement !

Pour résumer, on pourrait dire que la jouissance de la femme est moins liée à l’orgasme que celle de l’homme, qu’elle est plus dispersée sur diverses parties de son corps et qu’elle s’étale dans le temps avec nuances et variations.

Mais qu’en est-il de ce fameux orgasme finalement ? « Toutes les femmes ne simulent pas quand même, se disent ces Messieurs, pas la mienne en tous cas ! »

Non, toutes les femmes ne simulent pas, rassurez-vous, mais beaucoup de femmes reconnaissant qu’elles n’atteignent pas l’orgasme au cours d’un rapport sexuel « classique ». Certaines ont découvert l’orgasme par la masturbation, peuvent se laisser caresser par leur partenaire ou se caresser elle-même avec lui et c’est pour eux une manière de se faire plaisir qui est bien vécue, alors que pour d’autres, c’est chaque fois la signature d’un échec. Un rattrapage, quoi… C’est dommage, parce que les femmes ne sont pas programmées neurologiquement pour jouir de la même manière que les hommes. Cessons donc d’entretenir le mythe de l’orgasme simultané, qui est loin d’être une obligation et cache souvent une simulation, et tant qu’à couper des têtes, celui de l’orgasme vaginal, qui serait soi-disant tellement plus riche que l’orgasme clitoridien ! Tout cela ne repose sur rien, tant il est vrai que les racines nerveuses qui provoquent cet orgasme ne constituent anatomiquement qu’un seul et même organe !

La sexualité reste, malgré un étalage constant dans les medias, un sujet dont peu de gens osent parler, ni en couple, ni entre amis et tant que ça durera, l’orgasme des femmes restera mystérieux… tellement mystérieux que qu’on ne le connaît pas !

A qui la faute ? A tout le monde !
A ces femmes qui croient les revues débiles qui cherchent avant tout à vendre leurs sornettes et qui, sur ces sujets, font plus de tort que de bien,
A ces hommes qui croient savoir et sont trop coincés pour reconnaître qu’ils en savent bien peu,
Aux couples qui préfèrent regarder la télévision jusqu’à ce que leurs yeux se ferment,
A ceux qui entretiennent une vie de dingue et prennent sur leurs maigres heures de sommeil le temps de remplir leur devoir conjugal,
A ceux qui, comme disait Jacques Brel, confondent érotisme et gymnastique,
Aux parents qui ont préféré dire « c’est sale » que « parlons-en »,
A ceux qui disent que la masturbation rend sourd,
Aux professeurs d’éducation sexuelle, désignés par leur fonction mais qui n’ont ni l’envie, ni la compétence et qui ne sont eux-mêmes par toujours à l’aise avec leur propre sexualité,
Aux films X qui montrent du pistonnage tout cru de corps secoués qui gémissent comme de pathétiques et médiocres acteurs,
A cette société judéo-chrétienne écartelée entre pudeurs de bénitier et obscénités banalisées…

Si l’on veut apprendre à connaître l’autre, qui est si différent de nous, en parler en couple est un chemin d’intimité et d’érotisme. Ces moments tendres permettent de se dire, de s’ouvrir à l’autre, de l’aider à nous découvrir, mais aussi de s’interroger sur soi-même, de préciser ce qu’on aime et ce qu’on ressent. Oser dire, oser demander, oser mettre en mots… Non, nous ne sommes pas pareils et personne n’attend de nous que nous sachions tout dès le premier jour. En matière de sexualité, les différences entre les sexes sont immenses et chaque partenaire est une autre découverte.

En parler avec un ou une amie est aussi riche d’enseignements. Il n’est pas nécessaire d’étaler sa sexualité dans les conversations du salon (quoique… ça peut être assez rigolo !), mais il est bon d’en parler avec l’un(e) ou l’autre ami(e) proche et de partager ses questionnements, ses expériences, ses « trucs que les hommes/femmes aiment bien »…

Ces conversations sincères permettent de découvrir qu’on est loin d’être seul à se poser des questions, que la sexualité est un long chemin de découverte, où les certitudes ne sont bien souvent que des illusions !

Marie Andersen

info psy.be -  Psychologue, Psychologue clinicien(ne), Psychothérapeute, Coach, Sexologue, Praticien(ne) bien-être

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