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Les tests : info ou intox ?

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Les tests : info ou intox ?

 Au départ de ma pratique de psychologue dans un hôpital psychiatrique, et de mon expérience rencontrée dans ma pratique privée, je vais tenter d'exposer aux non professionnels ce qu'ils peuvent attendre des tests psychologiques, ce qu'ils peuvent espérer comprendre en acceptant de s'y soumettre.

En effet, pour la psychologue et psychothérapeute que je suis, les tests psychologiques sont plus qu'une grille de lecture superficielle qui n'apporterait que peu de choses à ceux qui les subissent.
Employés à bon escient et interprétés intelligemment, ils représentent un outil efficace pour dégager des pistes de travail personnalisées et mettre le sujet concerné au travail.


Il est d'abord indispensable de savoir qu'il existe :

  • différents types de tests psychologiques
  • différents types d'examens psychologiques.

  • Si les tests employés dans les différents types d'examens peuvent être les mêmes,, la philosophie avec laquelle ils sont corrigés puis interprétés peut être très différente..
    Je ne prendrai que pour exemple les deux types de demandes les plus fréquentes, à savoir :



  •  
  • l'expertise psychiatrique,
  • le bilan psychologique


L'expertise psychiatrique est souvent demandée dans le cas de litige, voire de procès, que ce soit dans le cadre d'affaire criminelle ou de droit de garde par exemple.
L'expertise psychiatrique doit obligatoirement déboucher sur un rapport qui étaie une prise de position,, une opinion circonstanciée qui ne servira donc pas dans un but thérapeutique, mais bien pour permettre à une instance tierce, souvent judiciaire, de prendre des décisions, d'émettre un jugement, de prendre parti.

Un examen psychologique en vue de comprendre la problématique d'un sujet peu rester plus dynamique, des questions peuvent rester ouvertes, pourvu que les conclusions permettent de dégager des pistes de travail thérapeutique, de faire redémarrer une évolution freinée, voire d'arrêter un processus régressif.

Dans ce genre d'exercice, il n'est pas nécessaire d'enfermer le patient dans une définition qui tenterait de dire tout de lui ou de sa pathologie, mais plutôt de dégager des lignes de force ou de faiblesse, afin de pouvoir utiliser les premières au profit des secondes par exemple.
C'est le sujet et sa souffrance qui sont au centre du travail, et non la nécessité d'émettre un jugement à son propos.
Dans ce cadre là, le bilan psychologique est l'occasion d'une rencontre avec le sujet en difficulté, un moment privilégié pour être à l'écoute de sa souffrance et de ce qu'il en dit à son insu, sans autre arrière pensée que celle de lui venir en aide..

Pour expliciter concrètement ce que peut apporter un bilan Alpha, je vais faire référence aux situations que je connais bien en tant que psychologue et psychothérapeute d'enfants et d'adolescents.
Dans ce cadre là, le bilan est souvent demandé par, les parents, que ce soit par l'intermédiaire d'un médecin ou de l'école par exemple..
Il comprend souvent deux volets :
 

  • une partie intellectuelle
  • un volet affectif et relationnel

qui sont à la fois deux aspects différents de la, personnalité, mais sont totalement dépendants l'un de l'autre.

Pour évaluer le niveau intellectuel d'une personne, le psychologue a à sa disposition plusieurs tests étalonnés qui sont employés à travers le monde et sont donc comparables quelques soit le moment où le lieu où ils sont subis.
Tous n'évaluent pas le même type d'intelligence et le test utilisé doit être choisi en fonction de la difficulté de l'enfant aussi bien que de son âge.
Il n'est donc pas question d'utiliser le même test pour en enfant de 4 ans ou ado de 16 ans,,
De même, l'outil utilisé sera différent suivant que le sujet ait accès à la parole ou non, selon qu'il ait des problèmes relationnels ou pas.

Par exemple, un enfant qui n'a pas accès au langage oral sera défavorisé par un outil qui utilise essentiellement le mode oral dans ses consignes et ses réponses.
Il existe donc des tests adaptés à ce genre de difficultés, où les consignes et les réponses ne doivent, pas nécessairement passer la parole.

La correction des tests intellectuels ou cognitifs débouchent sur le calcul d'un quotient intellectuel qui n'a d'autre prétention que de situer le sujet « testé » par rapport la moyenne d'une population référence..
Le sujet a-t-il une intelligence moyenne, supérieure, inférieure ?
Le chiffre n'a dans aucun cas de valeur prédictive en terme de réussite scolaire ou professionnelle.
Il dit simplement quelque chose de la qualité des outils intellectuels, mais rien de ce que le sujet va en faire, s'il va les mettre à profit ou les laisser inexploités.

Un bilan intellectuel ne devient riche d'enseignement que si le psychologue prend la peine de détailler et mettre en liens les réussites et les échecs.
Se dégage alors un profil intellectuel qui éclaire sur les possibilités différentiées du sujet ?

- Est-il plus performant dans le domaine verbal ou est-il aider par la manipulation d'outils concrets ?
- Se situe-t-il correctement dans l'espace et dans le temps ?
- A-t-il des capacités d'abstraction ou plutôt une intelligence concrète ?
- A-t-il besoin de l'aide des apprentissages ou peut-il s'adapter facilement à de nouvelles situations ?
- Est-il performant dans certains domaines et carencé dans d'autres ? Pourquoi ?
- Peut-il se concentre longtemps ?
- …………………..

C'est ce travail de dépouillement minutieux qui permet de discerner avec assez de précision les domaines où le bât blesse et donc d'adapter les rémédiations.
Pour sonder la sphère relationnelle et intrapsychique, nous avons à notre disposition des tests dits « projectifs », employés uniformément dans le monde entier.

Le plus connu est sans doute le Test Rorschach, ou test des taches, ou test de personnalité.
Face à des taches d'encre, le sujet peut-il repérer des formes, soit, structurer un matériel qui au départ ne l'est pas et y donner une réponse adaptée ?

La localisation des réponses, ce qui les a provoquées, leur contenu, permettent, après correction, cotation et interprétation, de toucher aux préoccupations du sujet, de mieux cerner ses relations à l'objet, au monde, d'évaluer sa capacité à discerner le réel de l'imaginaire, à se contrôler en cas de stimulation interne ou externe, à gérer son angoisse, ses conflits intérieurs.
En effet, pour donner forme à ses taches non figuratives, le sujet doit faire appel aux ressources de sa personnalité profonde.

Mais il existe d'autres tests projectifs qui font appel à du matériel figuratif.
Des images ou des photos représentant par exemple des scènes avec des personnages invitent à construire des récits, des histoires, où les personnages sont mis en relation et en situ ation.
Les histoires forgées par le narrateur contiennent un héros auquel le sujet s'identifie et auquel il peut attribuer ses propres motivations, ses peurs, ses désirs,…
Les personnages en interaction avec le héros représentent soit les forces du milieu familial, social, soit les tendances du sujet qu'il ne peut ou ne veut pas reconnaître comme siennes.

L'analyse minutieuse des récits permet d'évaluer l'image que le sujet a de lui-même, de ses proches, comment il gère les conflits, sa sexualité, ses relations sociales, son agressivité,…
Outre le contenu des récits, il est également possible d'analyser les modalités de construction de l'histoire. En effet, la façon dont le sujet élabore ses histoires renvoie aux mécanismes de défense caractéristiques de leur organisation psychique utilisés pour résoudre les conflits universels tels que le conflit oedipien, des sexes, des générations,…

Il existe encore beaucoup d'autres tests psychologiques, certains laissant toute la liberté au sujet, d'autres qui lui demandent de produire un objet, et non pas des paroles.
Ainsi,le modelage du bonhomme est également très révélateur de certaines dimensions de la personnalité, que ce soit au niveau développemental, du schéma corporel, du vécu corporel,de l'image inconsciente du corps, du corps fantasmé.
Non seulement le modelage en plasticine nous montre ce que le sujet connaît au minimum de son corps, ce qui est d'un intérêt relatif, mais surtout, il nous fournit des indices sur la manière dont on vit son corps et la façon dont il le fantasme, ce qui en général est inconscient pour celui qui réalise le modelage.
Pour cela, il convient d'analyser le modelage à travers différentes dimensions telles que l'espace et le mode de construction (debout, assis, en mouvement, statique, solide, fragile, petit, gros,…), les couleurs utilisées, l'aspect psychomoteur (force, lenteur, précision,…), les lieux du corps (corps fermé, ouvert, vêtements,,hypertrophie d'une partie, absence d'une autre,…)
Si le modelage nous livre tant de choses à l'insu de celui qui le réalise, c'est parce qu'il est peu influencé par les apprentissages, contrairement au dessin qui fait partie des apprentissages scolaires.
Il reste donc plus longtemps à l'état brut, et reste une production moins socialisée, plus personnelle que le bonhomme dessiné.


Mais, la passation des tests, leur correction ainsi que leur interprétation ne suffisent pas pour clore un bilan.
Il reste à retransmettre nos conclusions, nos hypothèses aux parents et aux personnes concernées, quelque soit leur âge.
Echanger avec le sujet autour de ce que l'on a perçu de lui, écouter ce qu'il en dit, ce que cela éveille chez lui est un vrai travail thérapeutique, une rencontre clinique qui devra permettre à l'intéressé de prendre position par rapport « à son insu », d'accepter certaines pistes de travail, se connaître mieux pour se réapproprier sa vie et pouvoir augmenter son degré de liberté, d'autonomie dans ce qui lui arrive.

Devenir un sujet actif de sa propre vie et ne plus la subir, est un long chemin qui peut commencer par un bilan psychologique, pourvu qu'il soit fait de manière professionnelle et éthique.

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