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Conseils de psy

Sans indiscrétion…

/ Par info psy.be / Etre ado

Sans indiscrétion…

« Sans vouloir te blesser, je n'ai jamais compris ce que tu trouvais à cet homme-là ! » La bouche en cœur, le sourire politiquement correct et hop, je saute à pieds joints dans la plaie ! Je vous ai fait mal ? Oohhh, désolé, je ne savais pas !

Mais de quoi je me mêle !? Fallait réfléchir AVANT ! Est-ce que cette petite intro joliment BCBG permet toutes les intrusions ? Si vous ne voulez pas être indiscret, alors ne le soyez pas ! Si vous ne voulez pas me blesser, alors abstenez-vous ! Respect du territoire, s'il vous plaît ! Bien-sûr, j'ai le choix de ne pas répondre, mais avouez que ce n'est pas facile, quand on est déstabilisé par une question qui nous gêne, de répondre avec aplomb, sans rougir ni rugir, et l'on préférerait ne pas avoir à y répondre ! Ce n'est pas parce que nous partageons la même salade chez nos amis Tartempion que vous êtes invité dans ma chambre à coucher !

Je me souviens avec tant d'émotions des réponses douloureuses et embarrassées, qui tâchaient d'être gentilles mais qui n'étaient que souffrance, d'un ami Touareg lorsqu'il avait à faire face aux questions tranquillement intrusives de certains participants d'un voyage dans le désert. Il avait récemment perdu sa femme et sa petite fille dans un horrible accident dont il avait lui-même réchappé, et chaque fois, avec son doux sourire qui cachait mal sa torture, il tâchait de sauver la face en répondant gentiment. Dérouté par nos manières directes si différentes de sa culture, il ne savait s'il devait répondre ou s'il pouvait échapper à la question. Soucieux de ne pas nous vexer, il répondait comme il pouvait, puis s'éloignait, seul, et pleurait...

Sans aller aussi loin que les dunes sahariennes pour réfléchir au caractère intrusif et parfois douloureux de ces questions personnelles, nous qui sommes si farouches sur le respect de la vie privée, balayons devant notre porte. Si nous rencontrons un couple qui ne parle pas une seule fois de leurs enfants au cours d'un repas chez des amis communs, laissons-les tranquilles sur ce point, nous ne savons pas où nous mettons les pieds. Ils sont peut-être aux prises avec un enfant qui va fort mal, se drogue ou s'est suicidé, un enfant dont ils n'ont pas du tout envie de parler ce soir-là, dans un contexte où les autres parents leur paraissent tellement plus heureux qu'eux. Ils n'en ont peut-être pas et c'est peut-être la plus grande douleur de leur vie... Nous n'en savons rien. Et s'ils ont des enfants dont ils ont envie de parler, ne nous en faisons pas, ils le feront spontanément ! Alors le terrain sera dégagé pour une conversation sur le sujet.

Combien de fois n'ai-je pas vu un ou une célibataire, qui souffrait de sa solitude, se voir interrogé(e) sur son couple par de gentils convives totalement indiscrets ! Et ces questions « Et vous, vous faites quoi dans la vie ? » à quelqu'un qui justement patauge dans un sale moment où seul le chômage l'empêche de sombrer !

Ben quoi ? Alors on ne peut plus poser aucune questions aux gens qu'on ne connaît pas ? Non, non ! On peut poser toutes les questions qu'on veut, mais tout a des conséquences, et ceci est une petite invitation à y réfléchir. Si on ne veut VRAIMENT pas blesser, si on ne veut VRAIMENT pas être indiscret, alors on n'avance pas à l'aveuglette sur un terrain inconnu, qui pourrait être miné... On attend de voir...

La règle est simple, il suffit de se limiter au territoire ouvert par son interlocuteur, lorsqu'on ne le connaît pas. S'il parle lui-même de son conjoint, ou de ses enfants, ou de ses parents, ou de son boulot, c'est qu'il autorise implicitement un échange sur ce sujet. Si en revanche aucune porte ne s'ouvre sur ces territoires personnels dans les premiers moments d'une rencontre, nous avons le choix : soit un respect de ses limites, soit une intrusion assumée, à nos risques et périls !

Marie Andersen

info psy.be -  Psychologue, Psychologue clinicien(ne), Psychothérapeute, Coach, Sexologue, Praticien(ne) bien-être

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