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Conseils de psy

Le nouveau masque des pervers narcissiques : l’authenticité

/ Par Egide Altenloh / Etre soi

Le nouveau masque des pervers narcissiques : l’authenticité

Depuis plusieurs années, nous pouvons voir dans les médias traditionnels (TV, radio…), sociaux (Facebook, Twitter…) une mise en avant d’un concept appelé « authenticité ». Cette authenticité est présentée comme un moyen d’être soi-même, de ne rien cacher et est opposé, dans son expression la plus simpliste, extrême et malheureusement dominante, à la mesure, la pondérance, la discrétion.

On voit souvent se mêler authenticité à dévoilement de son intimité. Sous couvert de manifester le courage, de montrer l’exemple, certaines personnes exhibent leur intimité sur la toile sous couvert d’une bonne action : Etre authentique !

La belle affaire.

Exemple factice :

Ce matin, en prenant mon café, j’ai été touché par le spectacle un petit oiseau picorant sur le rebord de la fenêtre. J’ai fondu en larmes en me rendant compte à quel point, quand j’étais enfant, j’étais comme cet oiseau, survivant dans un hiver émotionnel et affectif, ayant comme seul contact physique les abus sexuels de l’oncle Nestor, et grappillant ici et là quelques miettes d’humanité.

Imaginez un instant qu’il ne s’agisse pas de pensées ou de sentiments mais de parties du corps, ou encore, plus intimes, de productions corporelles (salive, urine, transpiration…). Je vous épargne l’exemple.

Cette authenticité est tellement populaire que toute personne soulignant le caractère inapproprié, indécent d’une telle pratique se fait verbalement molester par les aficionados de la pratique ou leurs suiveurs.

Le problème est que ce n’est pas de l’authenticité au sens vertueux du terme. Non. C’est, au mieux, un manque de réflexion concernant les conséquences de l’impulsivité des publications, au pire de l’exhibitionnisme psychologique, ou pire encore, du harcèlement narcissique à peine déguisé. 

Une authenticité « authentique » implique d’être manifestée dans un contexte plus large de valeurs ou vertus. L’humilité, le respect de l’autre, la tempérance, la discrétion font partie de ce contexte. C’est un package. On ne peut retirer l’authenticité de ce package sans la dénaturer.

Etre authentique n’est pas être obligé de dire tout ce qu’on pense, loin de là.  Dire tout ce qu’on pense appartient plus au déficit d’inhibition qu’à l’authenticité. Personne ne veut connaitre toutes les pensées de chacun. Imaginez un monde où nous disons tous ce que nous pensons, tout le temps. Les guerres éclatent, les couples se séparent, le gens s’étripent sur la route (c’est déjà un peu le cas…). Une véritable authenticité n’est pas la communication de nos pensées les plus intimes à tous vents.

La véritable authenticité commence et se termine à l’intérieur de soi, dans son rapport à ses propres pensées, ses propres émotions, ses propres ressentis.

Ici non plus, il ne s’agit pas de se laisser porter par tout ce que nous raconte notre tête, de réagir impulsivement à toutes nos émotions, ou de donner un sens à tous nos ressentis.

Il s’agit d’être proche de soi, sans être en fusion constante avec la vie qui se déroule à l’intérieur de nous.

La véritable authenticité est de parler et d’agir en cohérence avec l’ensemble de ses valeurs, de qui nous sommes ou qui nous souhaitons devenir, dans le respect de soi … et de l’autre.

 

 

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Questionnements pour les professionnels de la santé mentale :

 

Avez-vous des patients sur votre compte personnel des média sociaux ?

Accepter ou non certains patients sur votre compte personnel est une question importante à se poser en tant que professionnel de la santé mentale. Certains refusent systématiquement, d’autres acceptent au compte goute, d’autres encore n’ont pas pousser la réflexion aussi loin et acceptent toutes les invitations.

De la relation que l’on entretien avec ces patients, à la façon dont on se présente sur les réseaux (photo de profil, etc.) est une question que tout professionnel de la santé mentale doit se poser car même si vous n’avez aucun patient dans votre liste d’amis, tout le monde peut voir un profil Facebook non protéger.

 

Publiez-vous en ayant à l’esprit que vos patients pourront voir ce que vous publiez ? Quel impact cela aura-t-il sur eux ? Publiez-vous des selfies ? Vous présentez-vous de façon séductrice sur les réseaux ? 

Même les photos de famille peuvent influencer certaines relations thérapeutiques et impacter négativement le travail d’accompagnement. Fort heureusement, les réseaux sociaux permettent de faire des tris, des listes, et de choisir qui peut voir quoi. Si ce n’est pas encore fait et que vous avez des patients dans vos suiveurs, faites un petit tour dans les paramètres de votre compte.