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Conseils de psy

De l’estime de soi au respect de soi

/ Par Egide Altenloh / Etre soi

De l’estime de soi au respect de soi

De nombreux articles, livres, conférences et ateliers sont destinés à améliorer notre estime de soi, à booster notre compassion pour soi, ou encore à construire les bases de l’amour de soi. C’est un mouvement général qui répond à un besoin de plus en plus grandissant : retrouver une relation harmonieuse avec soi-même.

Depuis quelques temps, je m’intéresse à une façon de se considérer qui semble se retrouver dans toutes ces approches, en filigrane, un peu comme le ciment et les briques d’une relation positive à soi : le respect.

Se respecter semble tellement évident qu’on n’en parle pas. Cependant, sans respect, vous pourrez faire tous les stages que vous souhaitez, lire tous les livres disponibles, assister à toutes les conférences possibles, vous n’arriverez qu’avec difficultés à atteindre cette harmonie tant recherchée.

Le respect n’est pas de l’estime. L’estime de soi est dépendante d’une évaluation positive de ses réalisations, de ses compétences ou tout simplement de soi. Or, bien que nous rencontrions parfois le succès dans nos entreprises, nous essuyons également des échecs.

Le respect n’est pas de la compassion pour soi. La compassion est cet amour inconditionnel dont nous avons besoin dans les moments sombres de notre vie, cette tristesse authentique et soutenante pour soi.

Le respect n’est pas de l’amour pour soi. L’amour pour soi, est cette appréciation affective que nous avons à propos de nous, quoi que nous fassions, quoi qu’il nous arrive.

Le respect est la reconnaissance de notre valeur intrinsèque inaliénable, la reconnaissance que nous avons quelque chose d’intéressant à partager et aussi la reconnaissance de nos limites, de nos faiblesses, de nos erreurs, de nos banalités. S’engager dans le chemin du respect de soi n’est pas aussi joyeux que dans celui de l’amour de soi. Ce chemin est moins doux que celui de la compassion pour soi. Ce chemin est pourtant celui qui parle le plus aux personnes que j’accompagne dans la mesure où il semble plus “réaliste” de qui nous sommes, plus proche à atteindre pour les personnes qui sont loin dans le dénigrement de soi. Le respect est le socle de toute relation fonctionnelle à soi-même.

Comment s’engager sur ce chemin ?

La première étape est de faire le deuil que vous serez un jour quelqu’un de parfait au sens où vous arriverez à tout faire à un niveau de compétence ultime. Vous n’êtes ni superwoman ni superman. Vous êtes vous. Et croyez-moi, c’est déjà bien assez.

Ensuite, il faut repérer ce qu’il y a de bon en vous. Que savez-vous faire ? Rien n’est pas une réponse. Vous êtes doué pour quelque chose, et pas seulement pour vous dénigrer, croyez-moi.

Ensuite, il est nécessaire de reconnaître sa valeur primordiale : Vous êtes.

C’est votre valeur inaltérable.

C’est peu de choses diront certains. C’est tout ce qu’il y a d’essentiel diront d’autres.

Votre valeur fondamentale est donnée et ne concerne aucun domaine de compétence particulier et ne se prête à aucune évaluation et aucune comparaison. Vous êtes ou vous n’êtes pas. Votre “être” ne peut être comparé à l’”être” de quelqu’un d’autre.

Se respecter commence à cet endroit. La reconnaissance de soi sans jugement ni sélection “positive” ou “négative”. La reconnaissance de soi comme un être complexe, paradoxal, juste et injuste, bon et mauvais, heureux et malheureux. Le respect intègre chacune des dimensions de qui nous sommes pour les transcender.

L’intérêt de reconnaître toute notre complexité est simple : si on se trouve en situation d’échec, cela ne nous descendra pas plus bas que terre. Nous serons en mesure de reconnaître nos erreurs sans nous faire plus de mal que nécessaire. Nous serons en mesure de reconnaître notre responsabilité, de reconnaître nos forces et nos faiblesses, de rebondir, d’apprendre et de nous engager dans un chemin qui nous ressemble.

Un autre intérêt est que nous ne sommes pas dépendant de la considération d’autrui. Nous n’avons besoin de personne pour se respecter. C’est entre nous et nous.

J’aime dessiner, j’aime peindre. Cette activité est plaisante en soi. J’apprécie à sa juste valeur mes réalisations. Certains sont médiocres, franchement médiocres, et d’autres sont sympas, franchement sympas. C’est ainsi. J’expose les réalisations que je trouve sympas. Je n’attends pas des gens qu’ils me disent qu’ils apprécient. Je les expose pour moi. Si cela parle à d’autres personnes, c’est chouette pour eux et pour mon estime dans ce domaine de compétence. C’est agréable, mais sans grande importance pour l’image que j’ai de moi. Cela n’influence pas le respect que j’ai pour moi.

Un autre intérêt de s’engager sur cette voie plutôt qu’une autre est qu’elle est plus à la portée de chacun. Il ne s’agit pas de s’aimer, de se trouver super ou très compétent. Non, c’est bien plus prosaïque que ça. Il s’agit de se reconnaître et d’apprécier toute cette complexité telle un tableau d’un peintre encore inconnu mais dont le travail fait vibrer quelque chose en nous. Quelque chose d’essentiel. Quelque chose qui est là, à sa place, à ce moment. Ce quelque chose n’est ni chaud ni froid. Il n’est ni bon ni mauvais, il dépasse cette dichotomie. Il est ; et je le vois être, tel qu’il est ; et ça me parle.