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Conseils de psy

Retourner au travail après un burnout Publicité

/ Par Egide Altenloh / Stress

Retourner au travail après un burnout

Vous et votre médecin avez abordé la question du retour au travail après un burnout. Cependant, vous ne souhaitez pas refaire les mêmes erreurs et encore moins sauter dans le bain du travail à corps perdu sans vous y être préparé un minimum. C’est une bonne chose.

Le retour au travail après un burnout est une idée qui crée généralement de l’anxiété. C’est normal. On a peur d’être jugé par ses collègues et on peut éprouver de la honte. “Suis-je encore capable de faire mon travail ?”, “Vais-je tenir le rythme ?” ou “Ne devrais-je pas passer d’abord par un mi-temps médical ?” sont autant de questions que vous pouvez vous poser. En effet, les vieilles angoisses peuvent apparaître, mais cela ne veut pas dire que ce n’est pas le bon moment de renouer avec une activité professionnelle. Il est en effet nécessaire de mettre en place quelques garde-fous, de planifier votre travail et vos temps de pause. Il est nécessaire de prévoir avec votre employeur une période de transition vous permettant de vous réapproprier votre métier, de vous familiariser avec les nouvelles procédures et surtout de retrouver confiance en votre capacité à pouvoir mener votre mission à bien, car un burnout est parfois vécu comme un échec et bien que le travail thérapeutique aide à passer au-delà de cela, envisager de retourner travailler peut rappeler ces vieux schémas.

Autant vous que votre employeur avez un rôle actif à jouer dans un retour réussi au travail après un burnout.

Le rôle de l’employeur

L’employeur a un rôle important à jouer dans ce processus. Le risque de rechute ne doit pas être sous-estimé et un seul burnout dans votre entreprise est un signal fort qu’il convient de faire une évaluation. Très souvent, malheureusement, les burnouts sont des combinaisons de facteurs individuels et institutionnels. Vous allez régler de votre côté les facteurs individuels qui vous concernent mais votre employeur doit remettre en question quelques points de sa structure pour que cela ne se reproduise plus. Prendre des personnes plus résistantes au stress n’est pas une solution viable. Les personnes qui tombent en burnout font partie des meilleurs éléments, les plus résistants, les plus dévoués et c’est justement ces grandes qualités qui ont participé à leur maladie. Les facteurs organisationnels facilitant le burnout sont légions, une analyse des risques psycho-sociaux par un organisme indépendant ainsi qu’une analyse approfondie du post occupé par la personne tombée malade sont des mesures nécessaires si vous ne souhaitez pas que ce premier burnout n’ouvre la voie aux départs en maladie de plusieurs autres personnes.

Restez en contact avec l’employé, il est la personne la plus à même de vous dire ce qui l’a mené dans son travail vers le burnout. Il est la meilleure source d’information permettant de définir les actions nécessaires pour éviter d’autres burnouts et prévenir la rechute après le retour de votre employé au travail. En tant qu’employeur, être à l’écoute, sans jugement, sans pression est le meilleur service que vous pouvez rendre à l’employé et à votre entreprise.

Le retour au travail fait partie du processus de soin

Le retour d’un employé au travail après un burnout n’est pas le signe qu’il est guéri, loin de là. Le retour au travail fait partie du processus de soin, et ce n’est pas la dernière étape (car après le retour au travail, il faut organiser la prévention de la rechute). Considérer qu’un employé est guéri du burnout lorsqu’il est de retour au travail est la porte ouverte à la rechute.

Le rôle de l’employé dans un retour réussi au travail

Normalement, avec votre thérapeute, vous avez fait le tour des éléments qui vous ont précipité dans le burnout. Il s’agit ici de reprendre cette liste et de définir des parades pour chacun de ces éléments. Le manque de pauses, rapporter du travail à la maison, ne pas déléguer, une mauvaise hygiène de vie, le manque de sommeil … Rappelez-vous l’état dans lequel vous vous êtes retrouvé avant de baisser les bras et de vous résigner à ne plus pouvoir continuer comme ça. Tout cela peut revenir, très rapidement, si vous n’y prêtez pas attention. Lorsque votre médecin et votre thérapeute vous donnent le feu vert pour retourner au travail, cela ne veut pas dire que vous êtes guéri, mais que vous vous êtes suffisamment redressé pour initier la phase suivante : réadapter vos comportements au travail pour éviter de rechuter.

Une de vos qualités principales est votre motivation et votre engagement sans retenue. C’est en grande partie pour cela que vous êtes tombé malade. Il est donc nécessaire de connaitre vos limites, d’apprendre à les respecter et à les faire respecter. C’est ce qu’on appelle la connaissance de soi, le respect de soi et l’affirmation de soi. Ce sont trois compétences fondamentales à cultiver pour réussir votre retour au travail.

La connaissance de soi

Toute connaissance, quelle qu’elle soit, passe par l’étude et l’observation. Contrairement à ce que l’on pense, ce n’est pas la réflexion qui permet d’aboutir à la connaissance de soi. Imaginez que vous souhaitiez connaitre un livre. Qu’allez-vous faire ? Réfléchir à propos du livre et de son contenu ou bien allez-vous commencer par l’étudier et le lire (observation) ? La réflexion est nécessaire à l’intégration mais sans le support de l’expérience, de l’étude et de l’observation, cette réflexion ne sert pas à grand chose. Ici, l’objet d’étude et d’observation c’est vous. Et le “soi”, pour une personne dévouée, n’est pas la chose la plus facile à appréhender, c’est même probablement le sujet qu'elle connait le moins.

Donc, pour apprendre à vous connaitre, vous allez devoir passer du temps avec vous, vous allez devoir passer du temps à vous observer, consciemment, attentivement, sans jugement, avec la curiosité d’un explorateur parcourant des terres encore inexplorées.

Il existe de nombreux moyens d’apprendre à vous poser dans l’expérience de "ce que c’est que d’être vous". Un spécialiste du burnout trouvera avec vous un moyen que vous pourrez vous approprier facilement.

Le respect de soi

Le respect de soi, des connaissances sur vous que vous aurez découvert pendant votre travail thérapeutique, le respect de vos limites et reconnaissance de vos forces,  sont les clés du succès de votre retour au travail. Apprendre à se respecter peut prendre toute une vie … ou quelques instants. En fait, on n’arrive jamais vraiment à se respecter totalement tout le temps, c’est un travail de chaque seconde. Lorsqu’on a tiré sur la corde trop longtemps, savoir ce qui est respectueux de soi ou ne l’est pas est devenu flou. Cela va vous demander un peu de temps pour réapprendre à vous considérer avec respect, courtoisie et bienveillance. L’heure n’est plus aux “coups de pied au cul”  et vous devez développer une autre façon d’entrer en relation avec vous-même.

Pendant votre traitement, vous avez sans doute appris à nouveau à vous faire plaisir, à prendre soin de vous, à vous écouter. Le retour au travail ne marque pas la fin de ces moments d’harmonie avec vous-même. Tout ce travail posait les bases d’une relation nouvelle à vous-même que vous allez transférer dans le monde du travail : le respect de vos limites et la culture de vos forces. Cela ne veut pas dire que vous ne serez pas capable de fonctionner pendant un temps à 110% par nécessité du moment ou que vous refuserez tout effort, mais que vous reconnaîtrez ceux-ci comme tels et que vous serez vigilant à introduire des moments de pause et de calme dans votre travail. N’oubliez jamais que vous n’avez plus du tout la même résistance qu’avant votre burnout et qu’il est naïf et dangereux de considérer que vous la retrouverez un jour.

L’affirmation de soi

La croyance “on est guéri quand on retourne au travail” est fortement répandue. Considérer le burnout comme un rhume est bien commode pour les personnes ne souhaitant pas reconnaitre la gravité de cette maladie. Mais c’est une erreur. Il est plus raisonnable et réaliste de comparer le burnout au cancer ou à une amputation. Une chose est certaine, vous n’êtes plus la même personne qu’avant votre burnout. Cette nouvelle personne, c’est à vous de la protéger, car personne dans votre entreprise, même les collègues ayant les meilleures intentions à votre égard, n'est conscient des changements profonds qui se sont opérés en vous pendant votre rétablissement. Votre mission ici est très simple : vous respecter vous-même, noter les moments où on ne vous respecte pas, et le signaler avec courtoisie, respect et bienveillance à vos interlocuteurs.

Ecoutez-vous, respectez-vous, et, surtout, prenez soin de vous,

Egide.